Love Suite {PV Kaku}

Quel pied de pouvoir se lever sans avoir à se dire « oh allez, encore cinq minutes ». Non sérieusement, vous y croyez vous à ces cinq fameuses minutes soit disant régénérantes ? Onze heures. Ou le moment rêvé pour pouvoir enfin émerger. Kietsuko avait pourtant eu du mal à trouver le sommeil la veille, des étudiants avaient décidé de profiter pleinement des vacances en organisant une petite fête improvisée et avaient passé une bonne partie de la nuit à hurler à travers la villa. Pourtant fêtard, le nippon n'avait même pas pris la peine de jeter un œil hors de sa chambre pour voir si la soirée s'annonçait intéressante, préférant s'engouffrer dans ses draps soyeux qui le changeaient tant de ceux de l'internat. Et si un courageux lui avait demandé des explications, il l'aurait sans doute envoyé paître en prétextant un simple mal de crâne, mais la véritable raison était bien plus cherchée que ça. Ce voyage, Kietsuko l'attendait depuis longtemps, mais il fallait croire qu'il le croyait encore bien loin, du moins assez pour pouvoir réfléchir à cette chose qui l'obsédait depuis bien trop longtemps.

Encore tranquillement installé dans son lit deux places, Kietsuko s'étira tout en longueur, laissant s'échapper un soupire de bien-être de ses lèvres avant de finir par bailler. Et oui, tout un programme. Ouvrant un œil, puis l'autre, il eu une agréable surprise en découvrant qu'il pouvait voir la mer de son lit, mais il ne tarda pas avant de détourner son regard pour le déposer sur son colocataire encore endormi : Kudô Kakuei. Tous les deux se connaissaient depuis l'enfance et pouvaient tout à fait être qualifié d'inséparables. Il n'y avait qu'à voir : ils passaient déjà le plus clair de leur temps ensemble à Kyôgaku, et il fallait en plus qu'ils prennent une même chambre pendant ce voyage. Complices, chacun prenait la présence de l'autre comme une véritable dose de bien-être, mais voilà, de plus en plus le doute s'était installé dans l'esprit de Kietsuko qui n'était désormais plus capable de penser à son frère sans se torturer l'esprit.

Enfin sorti de son lit, le nippon avança d'un pas hésitant jusqu'au lit de Kakuei et s'y assit en faisant attention de ne pas le réveiller. Son visage endormi était si beau à regarder qu'il serait rester là à l'observer pendant des heures. Mais il fut rapidement coupé par ces mêmes pensées qui s'invitèrent à nouveau dans sa tête. Comment allait-il bien pouvoir entamer la discussion ? Et surtout, est-ce que Kakuei finirait pas fuir pour éviter d'avoir à affronter ça ? Préférant laisser ces questions de côté pour le moment, Kietsuko décida de s'installer plus confortablement aux côtés du principal intéressé et de profiter pleinement de cet instant, aussi court soit-il. Il passa alors de l'autre côté du lit puis s'y allongea de façon à toujours pouvoir scruter ce si joli visage. Ce genre de situation n'avait jamais dérangés les deux jeunes hommes qui avaient toujours été très proches l'un de l'autre, physiquement parlant, mais c'était le genre de situations face auxquelles Kietsuko avait de plus en plus de mal à faire face. Parce que le fond du problème, c'était ça. Cette complicité inhabituelle qui les réunissait et qui faisait place à des sous-entendus.

C'était le moment ou jamais. L'endroit était plutôt bien choisi - bien qu'un lit ne soit pas forcément très approprié -, Kietsuko avait eu le temps de se mettre en condition et Kakuei serait sans doute plus compréhensif au réveil. Il respira alors à pleins poumons et prit son courage à deux mains. Ses doigts commencèrent à tracer un dessin sur le bras inerte de son ami comme s'il cherchait à le réveiller tout en douceur. Kietsuko se détestait d'aimer ça, mais dieu que c'était bon de voir ces frissons apparaitre sur la peau de l'intéressé.

[ Kietsuko ] « Kakuei ... » murmura-t-il faiblement.

La veille Kakuei avait eu du mal à s'endormir la veille, il ne savait pas combien d'élèves avaient fait la fête durant la nuit mais une chose était sûre, il y avait un vacarme ahurissant. Il n'avait pas pris la peine de descendre pour le demander de se calmer connaissant très bien leurs susceptibles réactions, c'était les vacances il fallait donc s'amuser ! Kakuei préférant se reposer de sa dure journée avec Shiori, apprendre à nager c'était dès plus épuisant surtout pour lui qui n'effectuait que rarement des efforts physiques de tels ampleurs, il préférait dessiner dans son coin plutôt que transpirer pour se former un corps que les gens sont censés envier ou désirer. Kakuei se sentait plus ou moins bien dans sa peau sans effectuer une telle activité, puis il n'aimait pas transpirer alors bon. Si seulement il n'y avait eu que cet inconvénient il se serait endormi mais il faisait chaud, trop chaud pour qu'il réussisse à le faire, aucune source de fraîcheur ne semblait vouloir se montrer, ni aucune brise pour le rafraichir. Au départ il s'était mis dans ses draps mais après de nombreuses heures à attendre le sommeil, à supporter cette chaleur étouffante, il s'était retrouvé sur les draps en ayant enlevé son tee-shirt ne le laissant porter plus qu'un short. Enfin sans compter le fait qu'il ne faisait que changer de positions à la recherche d'un peu de fraicheur, l'idée de dormir à même le seul lui était venu mais il n'avait pas voulu l'essayer, le réveil allait être dès plus difficile dans cette position. Il réussit à s'endormir vers 3-4 heures du matin suite à l'accumulation de sa fatigue de la veille.

Ce fut un sommeil sans rêve, un sommeil réparateur, on pouvait lire sur son visage un sourire, il se sentait bien. C'est le contact de la main sur son bras qui le fit peu à peu revenir à la réalité, de légers frissons le prirent au contact froid de Kietsuko. Il se recroquevilla inconsciemment vers celui-ci en ayant laissé sortir un léger gémissement, mais c'est sa rencontre avec le bras de son colocataire qui le réveilla doucement. Il ouvrit doucement ses yeux tout en les frottant avec l'aide de sa main gauche, la lumière l'aveuglant il les referma aussitôt, il attendit quelques instant avec de les rouvrir pour s'habituer à ce changement de luminosité si brusque. Dans son champs de vision apparut le visage de Kietsuko, il était sur son lit le fixant. Il devait être l'heure de se réveiller, ne s'étant endormi que tard dans la nuit Kakuei se demandait qu'elle heure il pouvait bien être. A vrai dire, en cet instant il avait plus envie de se rendormir qu'autre chose, voulant rattraper ses heures de sommeils perdues la veille. Il regarda Kietsuko puis se mit à lui parler d'une voix à moitié-réveillée :

- Dis, Tsu, il est quelle heure ? J'ai pas vraiment réussit à m'endormir avant 3-4 heures du matin, je crois, j'ai perdu mes repères.

Le fait de voir Kietsuko si proche de lui ne le dérangeait pas, il y était habitué sachant pertinemment que pour Kakuei il n'y avait aucun sous-entendu à ce sujet-là. Il le voyait un peu comme son propre frère, il l'aimait beaucoup et lui montrait assez explicitement. Lorsque Kakuei appréciait une personne il ne se gênait pas, il démontrer son affection à la personnes en question sans gêne. Il referma ses yeux un instant en espérant pouvoir se rendormir, c'était la seule chose qu'il voulait, il était en vacances alors il voulait en profiter pour se reposer, le lit dans lequel il s'était endormi était tellement plus doux que ceux de l'internat.

Ces temps-ci Kietsuko ne semblait pas très à l'aise avec lui, Kakuei croyait avoir fait quelque chose de mal pour qu'il réagisse de cette manière, il avait beau chercher, il ne trouvait pas de réponses à ses questions. Mais une chose était sûre à ses yeux c'était sa faute, n'ayant que peu confiance en lui, Kakuei croyait être toujours la source des problèmes des autres.

- T'as bien dormi ? Ces lits sont vraiment confortable, j'y resterai bien toute la journée dans ce lit.

Il lui sourit tout en disant cette phrase, il se sentait réellement bien dans celui-ci. Puis savoir que Kietsuko était près de lui l'enchantait du tout au plus, en sa compagnie tous ses soucis s'envolaient en un seul instant.

Kakuei commençait à émerger tandis que le cœur de Kietsuko lui s'emballait. Voilà plusieurs semaines que le nippon se rendait malade à force de ressasser de mauvais souvenirs et imaginait les pires choses pour le futur à venir, et il était bien décidé à s'en débarrasser au plus vite. Il était si bien avec Kakuei, alors pourquoi laisser de mauvaises choses s'interposer dans leur relation ? Aujourd'hui, il ouvrirait son cœur à son ami pour la première fois sans doute, ou du moins tenterait de le faire.

[ Kakuei ] « Dis Tsu, il est quelle heure ? J'ai pas vraiment réussi à m'endormir avant 3-4 heures du matin je crois, j'ai perdu mes repères. »

[ Kietsuko ] « J'ai remarqué, je t'ai entendu gesticuler toute la nuit. Dit-il en esquissant un léger sourire comme pour cacher son mal-être. Il est 11 heures. Il serait peut-être temps qu'on se lève, mais ... je suis pas sûre d'en avoir envie. Continua-t-il en s'étirant dans le lit de son ami en faisant bien attention à prendre toute la place. Oh si je te gène ... dis le hein, mais c'est pas ça qui me ferait bouger d'ici. Et comment ça se fait que ton lit soit plus confortable que le mien ?! »

Si Kakuei avait passé la nuit à tourner et virer dans son lit, il n'était pas le seul. Cette fête improvisée par les élèves n'était évidement qu'un prétexte pour Kietsuko qui même en temps normal aurait difficilement trouvé le sommeil. Kakuei, Kakuei, Kakuei. Il n'avait que ce mot à l'esprit. Le pauvre tout de même, lui qui se sentait toujours responsable du malheur des autres, voir son ami distant ne devait certainement pas arranger les choses. Dans cette histoire, ils souffraient tous les deux mais aucun n'avait osé éclaircir les choses - du moins jusqu'à maintenant. Alors pour une fois dans sa vie, Kietsuko tâcherait de faire un effort et tout en douceur, il exposerait la situation à Kakuei. Sa BA de la journée en quelques sortes. Il prit alors pour la énième fois sa respiration avant de se lancer.

[ Kietsuko ] « Il fait plutôt beau aujourd'hui. On pourrait en profiter pour sortir un peu. »

*Qu'est-ce que tu peux être borné quand tu t'y mets ! Evidement qu'il fait beau, t'es sur une île perdue en plein milieu de l'océan pacifique. La destination de rêve. Tu voulais pas non plus qu'il tombe des cordes ? Pauvre imbécile ! Tu mériterais des baffes tiens !*

Ce n'était pas la première fois que Kietsuko avait à faire à sa conscience : sans doute la seule encore capable de lui faire réaliser ses imbécillités. Il avait une fois de plus évité le sujet et s'en voulait terriblement. Dommage que Kakuei n'ait pas des raclées à revendre, parce que de prendre sa main dans la figure lui aurait certainement rafraîchi les idées. Pas fier de lui, Kietsuko laissa un soupire s'échapper de ses lèvres avant de se nicher un peu mieux auprès de son ami, comme s'il cherchait à se redonner du courage. Son corps bien trop tendu depuis la veille avait décidément besoin d'un peu de répit.

[ Kietsuko ] « Oublies ce que je viens de te dire. Ta proposition est bien plus tentante. & puis ... AAAH ! Allez, encore un petit effort ! On est bien mieux ici. » Et non, c'est râpé.

Kietsuko n'était pourtant pas du genre à reculer devant le premier obstacle. Son impulsivité lui avait même bien souvent valu des problèmes, mais il en fallait finalement peu pour l'effrayer. Aujourd'hui il était faible et refusait de l'admettre, mais Kakuei ne tarderait sans doute pas à le mettre face à la réalité.

Kakuei à moitié endormi ne pouvait s'imaginer quelles étaient les pensée de Kietsuko en cet instant, la seule réelle chose qui l'intéressait était de dormir, il avait beau être 11 heures du matin il se sentait aussi fatigué que lorsqu'il s'était couché la veille. Rare étaient les fois où il se levait si tard mais voulant profiter des vacances sur cette île, il pouvait tout bonnement dormir dans ses lits si confortable pour jouir de celle-ci. Même chez lui il n'avait jamais ressenti une sensation si agréable en s'endormant, il était loin de tous ses problèmes et éprouver sa joie ici.

Apparemment Kietsuko semblait l'avoir entendu s'agiter toute la nuit. Il devait être l'heure de se lever mais son cher colocataire ne semblait pas vouloir non plus se lever du lit, son lit confortable ? Il le savait, oui, sinon il n'aurait pas hésiter comme il avait pensé à dormir à même le sol, c'était certes pas très intelligent mais au moins il n'aurait pas eu si chaud ! Dire que ça faisait à peine quelques jours qu'ils étaient arrivés sur cette île, comment ferait-il pour supporter tant de chaleurs pendant 2 semaines ? Il nécessiterait dans cette chambre d'un bon ventilateur, sans doute que dans la journée il essaierait d'en trouver un même si Kietsuko n'était pas forcement d'accord, il ne se voyait pas une nuit de plus dans cette pièce avec une chaleur si étouffante.

- J'ai pas envie de me lever non plus, puis ce lit est tellement confortable ! Il faut être anormal pour vouloir quitter ce cocon. Ça s'appelle l'instinct de Kaku tu vois, d'un seul regard j'arrive à savoir entre deux lits lequel est le mieux ! Je suis né avec ce don !

Il se mit à rire doucement de ses paroles, vraiment fallait qu'il arrêt de dire des âneries, il fallait vraiment se demander s'il avait réellement 17 ans. Il se mit à regarder Kietsuko qui semblait pensif, depuis un moment déjà il le voyait, une certaine distance s'était créée entre eux sans qu'il puisse y faire quelque chose. Pourquoi ? Aucune réponse ne s'avérait possible dans son esprit. Le jeune homme s'étalait encore plus dans son lit en ayant pour but de prendre le plus possible de place, Kakuei ne semblait pas ciller, tant qu'il y avait assez d'espace pour lui-même, ça lui suffisait. Puis vint la phrase de Kietsuko, il se mit à rire de nouveau, dans les phrases bateaux il n'y avait pas pire. Il ne se moquait pas de lui mais trouvait comique ses propos qu'il avait tenu. Fallait dans le genre, Kakuei était pas mal aussi ! Enfin en cet instant il n'y pensait pas, préoccupé par la situation qu'il vivait avec Kietsuko.

Finalement il abdiqua ses propos, il préférait être tranquillement là près de Kakuei profitant de ce lit si moelleux. L'estomac de celui-ci ne s'exprimant pas encore, il restait là, jouissant du calme reposant de la pièce. Il referma ses yeux un instant, il désirait lui aussi avoir une discussion avec le principal intéressé, ce qu'il vivait le rongeait de l'intérieur même s'il ne le laissait pas paraitre, il cachait toujours ses peurs, ses pensées, ses problèmes de peur d'ennuyer la personne en question mais il ne pouvait plus supporter de ressentir ce sentiment pesant. Il rouvrit ses yeux et se mit à regarder Kietsuko.

- J'aimerai te parler d'un truc qui me tracasse depuis un certain temps, en fait, je sais pas si c'est ma faute mais tu vois, toi et moi, enfin je veux dire que tu parais distant à mon sujet, peut-être que c'est moi qui m'imagine tout ça, je n'ai pas l'impression d'avoir fait quelque chose de mal mais si c'est le cas, dis-le moi !

Tout le long de son discours, Kakuei parlait d'une voix hésitante ne sachant comment exprimer ce qu'il ressentait, il n'espérait pas que Kietsuko le prenne mal, si c'était le cas leur relation se dégraderait encore plus. Kakuei ne le supporterait sans doute pas, il se sentait toujours responsable du malheur des autres.

La tâche ne fut finalement pas plus difficile que ça puisque Kakuei se chargea d'exposer son point de vue à Kietsuko qui, même s'il n'avait encore rien dit, se sentait déjà soulagé et libéré d'une grande partie de ce poids. Mais lorsqu'il réalisa complètement que son mal-être avait déteint sur son ami, il préféra encore fuir le regard de celui qu'il considérait comme son frère plutôt que de devoir l'affronter. Ce qu'il faisait était lâche, il le savait mais était tout bonnement incapable de réagir autrement. Kietsuko avait toujours été comme un ange gardien pour Kakuei, toujours prêt à protéger son bonheur et à faire payer tous ceux qui étaient susceptibles de lui nuire. Mais s'il y avait quelqu'un à blâmer aujourd'hui, c'était lui.

[ Kietsuko ] « Je savais que ça finirait par arriver … Lança-t-il sur un ton hésitant. Crois moi simplement quand je te dis que tu n'y es pour rien. J'ai jamais voulu tout ça. Souffrir et te faire souffrir par la même occasion me rend malade. »

Le regard toujours baissé, Kietsuko semblait chercher le courage qui lui manquait à travers ces draps qu'il ne cessait de tripoter, nerveux. Il était maintenant assit et n'hésita pas à s'emparer de la main de Kakuei pour la serrer dans la sienne, comme s'il cherchait un peu de réconfort.

*T'as la trouille ou quoi ? Alors comme ça monsieur veut montrer qu'il est fort et dès qu'il s'agit de parler un peu y'a plus personne hein. Il est passé où ce mec souvent bien trop franc qui l'ouvrait même quand il ne le fallait pas ? Alors maintenant tu vas prendre ton courage à deux mains et tu vas tout lui balancer !*

Satanée conscience. Toujours à s'inviter même quand on n'a pas besoin d'elle. D'ailleurs, heureusement qu'il était le seul à l'entendre, parce que savoir tout ce qui se tramait à l'intérieur de cet esprit plus que dérangé en aurait étonné plus d'un. Mais le pire, c'est qu'elle ne disait que la vérité. S'il ne parlait pas maintenant, il ne le ferait sans doute jamais et tout ça continuerait d'obséder Kietsuko qui n'avait vraiment pas besoin de ça. Le mieux était d'arrêter de penser et d'agir. Après tout, c'était ce qu'il avait toujours fait, alors il n'y avait pas de raisons qu'il n'y arrive pas aujourd'hui. Il commença alors par relever la tête tout en gardant les yeux baissés, et en serrant toujours plus fort la main de Kakuei, il sembla trouver enfin la force et plongea son regard dans le sien.

[ Kietsuko ] « Si je t'aime trop, je te perd. Et si je te perds, c'est une partie de moi qui mourra. »

C'était plutôt direct comme entrée en matière, mais tourner indéfiniment autour du pot n'aurait mené à rien. Kakuei ne se doutait certainement pas de ce qu'on ami était sur le point de lui révéler et était sans doute bien loin d'imaginer que leur relation pourrait prendre un terme à la fin de cette discussion, mais Kietsuko prenait le risque. Il aurait au moins le mérite d'avoir la conscience tranquille.

[ Kietsuko ] « Tu te souviens de nos dernières vacances ensemble ? Il y avait ce type là, Kado. Tu l'as jamais aimé, et j'ai toujours prétendu que moi non plus. Mais je t'ai menti. Le dernier soir, quand je suis sorti sans te dire où j'allais, c'est lui que j'ai vu » lâcha-t-il avec un soupire de soulagement. « Cette attirance m'a toujours effrayé, et j'arrête pas de penser à ... enfin tu sais bien. T'as déjà pensé à ce qui arriverait si l'un de nous deux en avait envie ? » Demanda-t-il timidement.

La pire chose qui pouvait arriver maintenant, c'était que la peur s'empare de l'un d'eux et finisse par les éloigner définitivement l'un de l'autre. L'idée effraya Kietsuko qui sentait déjà des larmes se former dans le coin de ses yeux mais qu'il tenta tout de même de se contenir. Depuis qu'il était gosse, Kakuei avait toujours été là, et le simple fait d'imaginer sa vie sans lui était une véritable torture.

Le jeune homme observait la moindre réaction Kietsuko, cette situation le tracassait depuis un moment déjà sans qu'il puisse réellement en parler avec le principal intéressé; ressentant un certain gêne entre les deux, il ne s'était pas décidé à le faire mais maintenant qu'ils étaient là, sur ce lit, ensemble, Kakuei se sentait obligé d'engager la conversation avec son cher camarade. Celui-ci lui expliqua d'un ton hésitant qu'il n'y était strictement pour rien, cette situation le rendait malade lui aussi. Mais alors pourquoi ? Qu'est-ce qui se passait donc pour qu'il réagisse de cette manière ? C'était abstrait, trop abstrait pour lui, Kakuei avait beau avoir une imagination débordante mais ce coup-ci aucunes réponses à ses questions ne semblaient vouloir se montrer. Voila l'une des raisons pourquoi il ne répondit pas à Kietsuko, il préférait le laisser parler plutôt que l'interrompre. Entendre ses explications, il voulait seulement le comprendre. Il se mit à prendre la main du jeune homme pour la rassurer, se donner du courage, ce geste lui rappelait étrangement Shiori, son regard se plongea dans le sien.

Ses propos étaient tellement étrange ! Comment ça s'il l'aimait trop il le perdrait ? Il n'y en avait aucun raison ! Kakuei ne l'abandonnerait jamais surtout après tout ce qu'ils avaient vécus ensemble, sans Kietsuko sans doute qu'il ne serait pas devenu comme il l'était aujourd'hui. Il l'avait soutenu lorsqu'il avait perdu le gout de la vie il y a quelques années de cela, alors qu'est-ce qui pourrait mettre en danger leur amitié ? Quoiqu'il fasse, il le pardonnerait toujours même si c'était la pire des choses. Certaines personnes trouveraient sans doute son comportement exagéré mais il le vivait exactement comme cela, il ne pourrait vivre sans cette espèce d'énergumène qui ravivait sa vie.

Arriva enfin la réelle raison, il l'écoutait attentivement essayant de percevoir tous les petits indices pour enfin comprendre son comportement. Il se mit à parler de Kado, ah si ! C'était le type qu'il ne supportait pas, sa personnalité, sa façon d'être, tout chez lui lui déplaisait, il était plutôt mignon d'ailleurs mais ça ne pardonnait pas tout à ses yeux. Dès le premier regard ce type lui avait déplu sans vraiment comprendre pourquoi. Puis arriva le fait que lui finalement l'aimait bien, ses paroles ne firent qu'on tour dans sa tête, le fait qu'il lui avait menti ne le gênait pas, il le comprenait, Kakuei ne le supportait pas alors il avait préférer cacher la vérité. Il aborda ensuite la raison de son mal-être, son attirance, à ça ! Il n'y avait jamais réellement pensé sachant que dans son esprit tout était clair, il ne verrait que Kietsuko en ami et rien d'autres ! Celui-ci ne semblait pas à l'aide sur ce sujet-là, Kakuei était près à l'aider.

- Pour tout dire je n'y avait jamais réellement, dans mon esprit, pour moi, tout parait clair. Je n'ai jamais eu envers toi des pensées de ce genre depuis que je te connais, tu es mon ami et tu le resteras. Mais si un jour j'en aurais envie ou toi je ne sais pas exactement comme je réagirai, mais sache que je ne voudrais pas que notre amitié s'arrête là, je tiens trop à toi pour te lâcher si facilement. J'essaierai de comprendre les raisons de ce changement ensuite je n'en sais pas plus. Tu es l'un de mes meilleurs amis, ça serait bête que tout ce qu'on a vécut se termine à cause de ça.

Kakuei resta pensif sur ses dernières paroles, il n'y avait jamais pensé mais si un jour ça arrivait, comment il ferait ? Il n'avait répondu qu'en partie aux questions de Kietsuko mais dans son esprit tout était si compliqué. La raison de l'éloignement de celui-ci était cette attirance, il comprenait le pourquoi de son comportement maintenant. Une question s'insinua dans son esprit, se pourrait-il que Kietsuko ressentait ses sentiments ?

- T'es pas en train de me dire que tu es attiré par ... ?

Il ne préférait pas finir sa phrase, le doute ayant pris possession de lui.

Kietsuko écoutait attentivement les moindres propos de Kakuei qui lui faisait part de son point de vue. Dans un premier temps, le nippon acquiesça les paroles de son ami, puis il fût surpris de l'entendre dire que quoi qu'il puisse arriver, il ferait tout pour protéger leur amitié. Kietsuko était tout a fait conscient de l'amitié que lui portait Kakuei, mais d'entendre ces mots de sa bouche le toucha particulièrement. Mais cette sensation d'instant parfait ne dura pas bien longtemps puisque la question ne tarda pas à arriver.

[ Kakuei ] « T'es pas en train de me dire que t'es attiré par … »

[ Kietsuko ] « Par toi tu veux dire ? Une fois de plus il soupira et détourna le regard. J'en ai pas l'impression. Mais je t'avoue que je me suis posé la question. Je sais, c'est idiot. Mais il fallait que je t'en parle. Et prit d'un élan de courage, il affronta à nouveau le regard de son ami et continua. Ce qu'il se passe entre nous est tellement précieux à mes yeux que je ne voulais pas tout gâcher avec mes doutes. »

*C'est vraiment pas beau de mentir tu sais. Ta mère serait là elle t'en collerait une bonne ! Et moi qui croyais que les filles étaient bien plus complexes que les mecs, tu parles ! Tu l'aimes ou tu l'aime pas ?*

Il lâcha alors la main de Kakuei pour caresser le visage de ce dernier. Il était en quelque sorte soulagé sur un point : Kakuei n'avait lui aucune arrière pensée quant à leur relation. Kietsuko c'était une autre histoire. Depuis sa rencontre avec Kado, il n'avait plus l'impression d'être totalement lui-même. A première vue il ne ressentait rien pour à son égard et n'hésitait pas même à lui dire ses quatre vérités lorsqu'il jugeait nécessaire de le faire. Mais intérieurement, il bouillonnait à chaque fois qu'il se retrouvait face à lui. Et Kakuei dans cette histoire ? Kietsuko le connaissait depuis toujours, et l'amitié qu'il lui portait pouvait très bien se révéler être un véritable amour qu'inconsciemment il aurait cherché à voiler.

[ Kietsuko ] « Quel con je peux être. Je suis en train de me ridiculiser devant toi. Dit-il en esquissant un léger sourire tout en s'essuyant le coin des yeux. Je ne veux pas reposer la faute sur Kado, mais c'est vrai que depuis ... enfin tu vois ce que je veux dire, j'ai plus l'impression d'être moi-même. Regardes, tu crois pas qu'à cette heure là on devrait être la piscine en train de mater toutes les jolies filles ? Sa remarque le fit rire légèrement. Et au lieu de ça on est là en train de parler de cet imbécile qui finalement n'a fait que nous pourrir la vie. »

C'était sans doute la première fois que Kietsuko se livrait d'une telle manière à Kakuei, et même si le sujet restait quelque peu tendu, il avait tout de même de quoi être fier de lui. En faisant part à son ami de ses hésitations et de ses peurs de le perdre, c'est en quelques sortes une preuve d'amitié qu'il était en train de lui faire, du moins c'est ce qu'il espérait lui faire comprendre.

Cette situation était dès plus étrange aux yeux de Kakuei, jamais depuis qu'il avait rencontré Kietsuko il n'avait ressenti un quelconque sentiment autre que l'amitié envers celui-ci. Mais depuis quelques minutes cela le troublait assez, trop sans doute pour que cela soit normal. Et s'il était attiré par lui ? Comment fallait-il réagir ? Raah. Les propos de son colocataire le laissèrent sans voix : " J'en ai pas l'impression. Mais je t'avoue que je me suis posé la question. Je sais, c'est idiot. Mais il fallait que je t'en parle." Bon il fallait qu'il reste calme, ne laisser apparaitre aucune once d'émotion qui pourrait faire croire à Kietsuko quoi ce soit, réfléchissons, comment se sortir de là ? Il lui annonça ensuite qu'il ne voulait pas gâcher leur relation avec ses doutes, il le comprenait dans un certain sens mais le fait d'aborder ses sujets n'allait rien gâcher au niveau de leur relation, il le croyait sincèrement. Des tas de questions sans réponses s'insinuèrent dans son esprit, s'il ressentait vraiment quelque chose pour lui ? Ce qui était tout à fait probable, il n'avait en tout cas aucune intention de le faire souffrir, pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être simple ?

- Ne crois pas que ce tu m'a dis est idiot ! C'est tout le contraire, on pourra tirer les choses au clair et je crois qu'il y en a besoin.

Dans son esprit il en avait besoin lui aussi, il n'y avait jamais pensé parce que tout semblait clair mais maintenant après ses révélations il avait des doutes sur-lui même. Ne ressentait-il lui non plus aucun sentiments équivoques ? Kietsuko lâcha sa main pour caresser le visage de ce dernier, ce geste sans s'en rendre compte le fit frissonner. Il ne pouvait pas ressentir de tels sentiments, n'est-ce pas ? Hein ? Sa phrase le fit grimacer, il trouvait qu'il était en train de se ridiculiser ? Une larme apparut aux coins de ses yeux, Kietsuko avait vraiment besoin de parler, il ne pouvait pas le nier. Son ami se torturait trop là-dessus pour qu'il le laisse dans cet état, il n'aimait pas le voir si perturbé, rien ne valait le fait de voir Kietsuko souriant et plein de joie.

Il n'avait jamais senti Kado et encore moins maintenant, il haïssait ce type depuis leur première rencontre c'était indéniable. Pourquoi ? Il ne savait pas mais sa personnalité, sa façon d'être, ses agissement il ne les supportait pas. Rare était les fois où Kakuei ressentait un sentiment de ce genre envers quelqu'un, voila pourquoi il avait du mal à gérer ses émotions.

- T'es pas en train de te ridiculiser Tsu, t'essayes juste de comprendre ce qui passe dans ton esprit et rassure-toi, c'est des plus important et encore moins ridicule ! Je suis sûr qu'on arrivera à comprendre tous les deux, je déteste te voir dans cet état là. Il émit un léger rire lui aussi, les filles ? Pas que les filles pour mon cas. Dit-il en tirant légèrement la langue.

Il se mit à parler de Kado, toujours Kado, il le détestait, à cause de lui tout était si compliqué ! Raah. Pourquoi il existait celui-là mise à part pour embrouiller les gens entre eux ?

- Kado je l'ai jamais aimé de toute façon ... Mais sache que pour moi notre amitié compte beaucoup. J'ai pas envie de te perdre juste pour lui, surtout pour lui.

On pouvait sentir un léger ton de mépris au dernier mot qu'il venait de prononcer. Kietsuko connaissant pertinemment l'avis de Kakuei sur le type concerné.

- Tu sais peut-être qu'au fond c'est réellement ce que tu es ? Raah. N'écoutes pas ce que je viens de te dire ... Je ne sais plus où j'en suis moi non plus.

Décidément, Kakuei avait le don de savoir trouver les mots justes. Kietsuko n'était pourtant pas du genre à s'émouvoir devant de tels propos, mais lorsque c'était son ami qui les lui prononçait, c'était une toute autre chose. Une fois de plus, cette situation n'aura fait que renforcer leur amitié. Mais il avait beau être rassuré sur une chose, les doutes du comédien quant à sa possible bisexualité ne s'estompaient pas totalement. Ce qu'il était réellement ? A vrai dire Kietsuko ne s'était jamais vraiment posé la question. Il avait toujours aimé les filles – peut-être un peu trop d'ailleurs – et n'avait jamais envisagé de faire sa vie avec un homme. Mais il fallait dire que depuis Kado, sa vision des choses quant aux relations amoureuses avait quelque peu changé.

[ Kietsuko ] « Oh. Tu veux dire que toi aussi … J'espère que c'est pas moi qui t'ai fais douter. »

Alors comme ça Kakuei lui aussi remettait son hétérosexualité en question ? Etrangement, la nouvelle ne le surprit pas plus que ça, il s'y était d'ailleurs presque déjà fait à l'idée. En plus de ça, il y aurait au moins quelque chose de positif dans cette histoire : Kietsuko se sentirait moins seul avec ses doutes.

[ Kietsuko ] « C'est plutôt drôle, toi et moi dans le même bateau. Je vois déjà l'annonce de Kyôso no Voice "Kakuei et Kietsuko, les deux incertains". Je t'assure ça ferait fureur ! »

Toujours la même issue de secours : l'humour. Kietsuko n'était pourtant pas particulièrement drôle, mais il fallait croire que sa bêtise naturelle avait le don de savoir détendre l'atmosphère. Il s'en servait particulièrement pour remonter le moral de ses troupes lorsque celui-ci n'était pas au beau fixe, et c'était sans doute d'ailleurs pour ça qu'il avait été nommé leader du club de théâtre.

[ Kietsuko ] « Tu sais quoi ? Je pense qu'on devrait se faire une bonne petite thérapie. En plus c'est l'endroit idéal ici, ne ? Je suis sûr que les transats sont tout aussi confortable que ton lit - dans lequel je me ferais un plaisir de dormir ce soir évidement. ajouta-t-il l'air de rien. Laissons tout ça de côté juste pour les vacances et profitons ! »

Il ne fallu qu'une fraction de seconde à Kietsuko pour se souvenir des raisons pour lesquelles il était ici. S'il avait voulu faire ce voyage c'était pour profiter du soleil, de ses amis et par dessus tout pour oublier les soucis du quotidien. Rester là à ruminer ne servirait à rien si ce n'était à lui écourter le plaisir de ces vacances. Il se mit alors debout sur le lit avant de sauter comme un enfant sur le matelas pour bouger cette larve de Kakuei.

[ Kietsuko ] « A nous les filles ! & ... les mecs bien sûr ! » continua-t-il en lançant un clin d'oeil à Kakuei.

Cette situation était des plus étrange aux yeux de Kakuei, depuis ses révélations son esprit était torturée il y avait quelques minutes son esprit était torturé par de nombreuses questions sans réponses. La phrase de Kietsuko lui permit se rendre compte de l'absence de communications qu'ils avaient pu connaître ses derniers temps, son rythme cardiaque se mit à s'accélérer d'un seul coup. Il fallait absolument qu'il lui dise la vérité, peut-être serait-il plus confiant ? Son camarade se sentirait moins seul dans cette dure épreuve, lui-même avait eu un certain temps avant d'arriver à ne pas avoir honte de son penchant pour les hommes. Pendant plusieurs semaines il s'était trouvé anormal, c'est lors d'une soirée que tous ses doutes disparurent, près de lui se trouvait un couple homosexuel qui n'avait pas honte de se montrer malgré les regards courroucés qu'ils recevaient. Il semblait si heureux ensemble alors pourquoi pouvait-il ne pas l'être avec un homme ? C'était absurde de penser le contraire, il était tout à fait normal, c'était juste que le degrés de tolérance de chacun était variant. Il ne laissa transparaître aucune émotion sur son visage qui pourrait gêner son camarade. Comment fallait-il gérer la situation ? Maintenant il ne savait plus comment définir le sentiment qu'il éprouvait à son égard. Tout était si confus. Il se mit à fixer Kietsuko et prit une bouffée d'oxygène avant de se mettre à parler avec lui.

- Non ce n'est pas toi qui m'as fait douter ne t'inquiètes pas ... Depuis un moment je m'en suis rendu compte. Je n'ai jamais osé t'en parler, par crainte de tes réactions ... Mais disons aussi que je n'avais pas vraiment la tête à y penser sachant que tu étais déjà distant avec moi... Tu ne m'en veux pas au moins ?

Pourquoi fallait-il toujours avoir peur des réactions des autres ? En particulier ceux de nos proches, même s'il pensait que Kietsuko ne le repousserait, il avait eu certains doutes pendant une période. Il l'accepterait sans soucis sachant que lui-même était touché par ce fait. Ses yeux se plissèrent un instant à l'attente de la réponse de Kietsuko, même s'il doutait que celui-ci lui en veuille pour si peu, on ne savait jamais. Il se mit à rire à son tour à la phrase de son frère, oh oui ! Il voyait très bien Kyôso no Voice s'amuser à énoncer leur incertitude, ils étaient tellement proche qu'on pouvait facilement se faire des idées à leur sujet. Avant tout était si simple, maintenant la situation se compliquait. Les frissons qui venaient de le parcourir au contact de sa main sur son visage devait bien s'expliquer par un quelconque sentiment, était-ce seulement de l'amitié ou un sentiment beaucoup plus fort tel que l'amour ? En y repensant il ne supportait pas Kado, était-ce seulement à cause de son caractère et non par jalousie ?

Kietsuko se mit à lui proposer de faire une thérapie, il fallait qu'il profite des vacances après tout pour se reposer; n'était-ce pas le but de cette excursion après tout ? Il se décida intérieurement à accompagner Kietsuko dans leur trépidantes aventures enfin il souhaitait bien rester quelques minutes de plus dans ce lit si douillé. Son frère lui dit tout simplement qu'il allait dormir le soir-même dans ce lit, se rendait-il compte seulement de la teneur de ses propos ? Après tout, la situation n'était-elle pas claire ? Si, il ne ressentait rien envers Kietsuko qui pourrait se rapprocher à de l'attirance, n'est-ce pas ?

- D'accord mais je reste encore 5 minutes dans le lit, on y est tellement bien dessus.

Il n'eut pas le temps de dire quoi ce soit d'autre que déjà Kietsuko sautait sur son lit pour le faire bouger, le connaissait-il à ce point ? Kakuei le matin avait toujours cette tendance à traîner au lit, il aimait tellement dormir. Sans qu'il puisse comprendre le comment du pourquoi, il se retrouvait à même le sol quelques instants, il poussa un léger gémissement du à sa chute. Il ne s'était pas préparé à tomber sur le dos si subitement. Il se releva en se frottant le dos de sa main gauche.

- Tu veux me tuer c'est ça ? Imagines si je m'étais cassé le dos, comment t'aurais fait ?

Il prononça ses mots tout en souriant, bien évidement il se moquait éperdument de Kietsuko, il devait bien évidement s'en rendre compte. Il entreprit notamment d'attraper un tee-shirt dans l'armoire où il avait déposé ses affaires et le mit sans se soucier de ce que faisait son camarade en cet instant. Il se retourna et l'observa quelques instants. Non ! Il fallait qu'il arrête d'y penser, ils allaient passer une agréable journée ensemble tout en se faisant une bonne thérapie.

[ Kietsuko ] « Si je t'en veux ? Et moi qui croyais que c'était moi qui te poserai cette question … Il laissa passer un instant, soupira puis continua Pour tout te dire, ça me soulage même d'entendre ces mots de ta part. Ne crois que te savoir perdu me réjouis hein, mais au moins on est deux. »

Le comédien retrouvait peu à peu son entrain habituel mais il semblait être le seul. Cinq minutes de plus ? Ce n'était pas étonnant de la part de Kakuei de le voir traînasser dans son lit à chercher à arrêter le temps pour pouvoir y rester encore un peu. Pour tout dire, Kietsuko ne comptait même plus le nombre de fois où il l'avait surpris à roupiller encore pendant que les autres avalaient leur déjeuner du midi, et il se faisait toujours un malin plaisir de le réveiller. Heureusement pour lui d'ailleurs qu'il n'était pas d'un naturel désagréable au réveil, sans quoi il aurait bien souvent fait les frais d'un oreiller en pleine figure. Non, ça il fallait l'avouer, c'était plutôt sa méthode à lui pour faire comprendre à ses visiteurs matinaux qu'ils n'étaient pas les bienvenues.

[ Kietsuko ] « Pour être honnête … Je crois que je t'aurais laissé agoniser là et que j'aurais été piquer une petite tête dans la piscine. J'aurais profité de la fin de la journée pour me dorer la pilule sur un transat en m'enfilant une pastèque à moi tout seul. Et pour finir, j'aurais passé la soirée à faire la fête – et tout cela avec la conscience tranquille, évidement - ajouta-t-il avec un air amusé et en allant me coucher, je t'aurais trouvé là, à moitié mort » finissa-t-il tout sourire.

Kietsuko avait toujours aimé titiller son entourage. Si certains s'amusaient à faire des crasses aux autres pour leur petit plaisir personnel, lui se contentait de les faire sourire avec de simples paroles et trouvait ça jouissif - inutile donc ne préciser que ça l'était plus encore lorsqu'il s'agissait de Kakuei. Tous les deux se comprenaient parfaitement, et même s'il était rare de ne pas les voir se chercher mutuellement, leurs discussions finissaient toujours en éclat de rires. Pas comme avec tous ces petits susceptibles qui faisaient la moue à la moindre remarque.

[ Kietsuko ] « Allez bouges-toi ou c'est moi qui le fait ! »

Mais il ne laissa même pas le temps à Kakuei d'enfiler tranquillement son tee-shirt et mit sa menace à exécution. Il s'empara alors de deux oreillers qui traînaient par là et s'acharna sur son ami – ce qui, il fallait l'avouer, l'amusait beaucoup. Sans surprise, le tissu craqua et laissa place à des dizaines de plumes qui s'envolèrent à travers la chambre avant de se poser lentement sur le sol.

[ Kietsuko ] « Woaw, un vrai paradis blanc ! Et moi je suis un ange ... » dit-il sur un ton innocent tout en agitant une plume devant son visage.

Les propos de Kietsuko le rassurèrent, s'il ne l'avait pas supporté que serait-il devenu ? Il ne s'imaginait pas vivre sans cette boule d'énergie qui lui transmettait sa joie de vivre. S'il avait réussit à surmonter une partie de son passé c'était en grande partie grâce à l'aide de son cher camarade. Sans doute qu'il serait resté un être craintif, n'osant s'approcher de personne de peur d'être de nouveau trahi. Il était heureux de sa réponse, il se mit à sourire à son tour. Il ne répondit rien de plus à sa phrase, qu'est-ce qu'il pouvait donc rajouter à leur discussion ? Chacun des deux semblait être du même avis par rapport à leurs attirances, avec le temps sans doute que les choses s'arrangerait sans qu'ils aient besoin d'en re-parler. Peut-être que ce n'était qu'une passade, ils étaient des adolescents - leurs hormones travaillaient - leurs doutes s'expliquaient par ce fait.

Dormir faisait parti de l'une des activités favorites du jeune homme lorsqu'il avait la chance de pouvoir le faire. Il pourrait bien y avoir un concert de trompettes à quelques mètres de lui qu'il ne se réveillerait pas, il préférait encore dormir plutôt que manger, il s'endormait à peu près partout en fait. Une fois il avait même réussit à s'endormir en plein concert - il y avait exclusivement que des instruments africains - la mélodie était tellement douce et calmante qu'il s'était endormi. La majorité du temps il ne faisait que rêver, ce n'était que rarement qu'il faisait des cauchemars. Une chose qu'il détestait, se réveiller en sueur, le visage blanc, tremblait comme une feuille, ce n'était pas du tout enviable. C'était même à éviter alors rien ne le dérangeait dans le fait de dormir plus longtemps que les autres, il avait un besoin plus important que les personnes normales. Il ne savait comment certaines personnes faisaient pour ne dormir que quelques heures par nuit, il lui

Kakuei fit semblant d'être choqué par les paroles de son ami, il voulait le laisser ainsi agoniser alors qu'il s'amuserait avec tous leurs autres camarades ? Kietsuko était vraiment sans cœur ! Il se mit à sourire et accentua ses paroles en gardant un air offusqué, il n'était pas un bon comédien on le remarquait facilement.

- Tu me choques là ! Je suis sûr que tu t'amuserais à jouer avec mon corps inconscient, j'ai toujours su que t'étais un être sadique sans scrupule ! Je viendrai te hanter chaque soir dans tes rêves une fois mort, tu ne pourras plus vivre sans avoir mon âme sur ta conscience ! Ah Ah !

Il finit ses propos avec un rire malsain qui donnait plus d'avoir un fou rire qu'autre chose. Quand il s'agissait de faire l'andouille, il avait toujours d'excellente idées des plus surprenante.

Alors que Kakuei tenait dans ses mains un tee-shirt et qu'il commençait à l'enfiler Kietsuko se mit à le frapper avec l'aide de ses deux oreillers. Le traitre, il venait de l'attaquer par derrière. Il essaya de se protéger du mieux qu'il pouvait en utilisant ses mains comme bouclier, il arrêta au bout de quelques dizaines de secondes lorsque le coussin se déchira et une dizaines de plumes se mirent à tomber délicatement sur le sol. La remarque de Kietsuko le fit sourire puis profitant de sa légère absence il prit à son tour un de ses coussins et se mit à sauter sur le dos de son cher camarade.

- Un ange ? Ça m'étonnerait ! C'est plutôt le contraire oui ...

Agrippé sur son dos, il se mit à le frapper à l'aide de son coussin, il était en train de se venger. On ne frappait pas Kakuei impudemment.

- Ca t'apprendra à m'attaquer par surprise ! Ah Ah !

Kakuei se tenait fermement à Kietsuko pour faire en sorte de ne pas tomber au cas où il essayait de faire tomber à même le sol l'intrus sur son dos. Il n'était pas très lourd, d'un certain côté il y avait un avantage.

A les regarder, il était difficile d'imaginer que cinq minutes auparavant ils étaient prêts à se déchirer pour protéger leur amitié. Depuis toutes ces années, rien ni personne ne les avait séparé, et Kietsuko en était même arrivé à dire que Kakuei était sa plus grande fierté, alors ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'il mettrait un point à leur histoire. Peu à peu, ils retrouvaient la complicité qui les avait toujours uni et la discussion qu'ils venaient d'avoir semblait être déjà bien loin, tellement loin qu'il ne fallu pas plus de deux minutes montre en main pour que leurs délires habituels refassent surface.

[ Kietsuko ] « Quoi, moi sadique ? hurla-t-il avec un faux air offusqué. Et toi alors, qui me dis que t'apprécierai pas ça ? Si je suis un peu sadique sur les bords tu as peut-être ta part de masochisme, ne ? Mais oui c'est ça ! Kakuei le maso, j'aurais du m'en douter ! Voilà un nouveau gros titre pour Kyôsô no Voice. Ahah, j'ai hâte de voir ça ! » finissa-t-il avec un rire idiot.

*Pauvre imbécile. Un sado et un maso ça se complète. Si Kakuei a sa place dans les potins de Kyôsô no Voice, la tienne est assurée aussi ! Mouahah !*

Kakuei était désormais fermement accroché sur le dos de Kietsuko et ne semblait pas vouloir s'en détacher. A croire que de jouer les koalas l'amusait. Mais manque de chance pour lui, le comédien avait déjà la tête pleine d'idées démoniaques pour s'en débarrasser. La porte-fenêtre tiens. Il lui suffisait de tourner le verrou pour mettre les pieds sur le balcon aménagé mis à leur disposition, d'une petite séance escalade sur la table – plus ou moins solide -, d' un saut de l'ange parfaitement calculé et plouf, dans la piscine. Mais l'idée de se voir atterrir lui aussi dans cette eau pas forcément bien chaude le refroidi, l'obligeant à oublier cette option. Dommage, ça aurait pu être une expérience enrichissante, qui sait.

[ Kietsuko ] « Alors mon petit maso, que dirais-tu d'un rafraîchissement ? demanda-t-il en s'approchant de la porte fenêtre tout en faisant attention à ce Kakuei ne s'échappe pas. Un peu d'eau n'a jamais fait de mal à personne n'est-ce pas ? A nous deux je suis sûr qu'on peut faire une magnifique bombe, un véritable raz de marée ! » continua-t-il en jouant de ses talents de comédien.

Manque de pot, Kietsuko ignorait la peur de l'eau qui hantait son ami depuis toujours. Ils étaient pourtant déjà parti en vacances ensemble mais il fallait croire que Kakuei était un assez bon menteur pour faire croire au comédien qu'il avait mieux à faire que de nager quelques brasses avec lui. Tout ça n'était qu'une mise en scène et Kietsuko n'avait évidemment pas l'intention de sauter mais ses talents de comédien lui étaient bien souvent bénéfiques.

[ Kietsuko ] « C'est parti ! 3, 2 ... »

Si on observait la scène d'un point de vue extérieur sans aucun préavis, on pouvait se douter réellement de l'âge mental des deux individus présents dans cette pièce. C'était en fait la principale raison de leur attachement, de leur amitié, ensemble ils faisaient les quatre cent coups; tous les deux étaient bien connus dans l'établissement pour leur complicité plus qu'explosive. C'était une chose à ne pas rater si on ne voulait pas mourir idiot dans ce bas monde, il suffisait de les observer pour se rendre compte de l'amitié qui liait les deux adolescents.

Kakuei légèrement masochiste ? Il n'était pas loin de la vérité. Pour supporter Kietsuko une grande partie de sa journée et partageait la même chambre que celui-ci ne fallait-il pas l'être ? Pour supporter un être qui était capable en quelques instants de sortir les idioties les plus stupides sans parler de son comportement légèrement immature, quelqu'un de normalement constitué pourrait-il le supporter sans subir des dommages internes ? Non, bien sûr personne ne le pourrait. Enfin il y avait des points positifs à rester près de lui, sa bonne humeur se transmettait facilement, on ne pouvait pas être triste en sa compagnie. Kakuei ne pourrait vivre sans sa présence, c'était une des rares choses dont il dépendait avec le dessin. Sa vie serait réellement triste sans lui, il n'avait quasiment plus de famille alors rester près de Kietsuko lui donnait une raison de continuer de sourire, il dégageait une énergie débordante qui lui faisait un bien fou.

- Tu sais pour rester avec toi une grande partie de son temps il faut être forcement masochiste, une personne normalement constituée ne pourrait pas te supporter bien longtemps ! T'imagines depuis le temps que je te supporte ? C'est normal que je sois forcement masochiste ... Tout c'est à cause de toi !

Il finit sa phrase tout en lui souriant avec son plus grand sourire moqueur, bien sûr qu'il supportait son petit Kietsuko. C'était l'une de ses principales raisons d'exister dans ce monde.

Alors qu'il était fermement accroché sur le dos il sentit bouger son cher camarade, avait-il trouvé un moyen de le faire descendre ? Il ne risquait rien ainsi sur son perchoir provisoire. Lorsqu'il entendit les paroles de Kietsuko, son rythme cardiaque s'accélérer, il voulait les faire tomber dans l'eau plus bas. Ah c'était drôle, qu'est-ce qu'il pouvait être comique quand il le voulait. Mais sa peut ne fit qu'augmenter lorsqu'il vit que le jeune homme se rapprochait peu à peu de la vitre. Il n'allait pas le faire, n'est-ce pas ? Il ne pouvait tout simplement pas, c'était impossible ! Dire qu'il lui avait toujours caché sa peur pour l'eau, il aurait du lui dire une fois à la place de fuir son angoisse trouvant toujours des excuses bidons pour échapper à cette épreuve. Et maintenant il se trouvait dans une position des plus délicates, il fallait qu'il trouve une solution de suite sinon il serait trop tard.

Il crut ne plus sentir son cœur lorsque Kietsuko commença peu à peu à compter, son angoisse prit le dessus sans qu'il ne puisse faire quoi ce soit. Son rythme cardiaque s'accélérait de plus en plus, son corps se mit à trembler sans qu'il puisse se contrôler.

- TSU ! Fais pas ça ! Je t'en supplie ! Je ferai tout ce que tu veux mais ne saute pas ! Je ne veux pas mourir ... !

Il termina sa phrase en étouffant un sanglot, il n'arrivait plus à se contrôler. Sa bonne humeur avait disparut aussi vite qu'elle était apparue, son corps tremblait, Kietsuko devait le ressentir sachant que Kakuei était sur ses épaules. Il essayait de se débattre pour descendre des épaules du jeune homme mais il le tenait fermement l'empêchant de partir.

Et s'il sautait dans l'eau sans se soucier de l'état du jeune homme ? Non, dans son état les choses s'aggraverait. Dans la panique il ne chercha pas même pas à savoir si ses paroles étaient fausses ou vrais, il ne voulait pas tomber dans l'eau.

Kietsuko ne devait sans doute pas comprendre son changement de comportement si rapide, Kakuei ne l'avait jamais mis au courant de sa peur de l'eau. C'est un pincement de lèvres et la peur qui perlent d'un front .

Kietsuko s'apprêtait à mettre un terme à son décompte lorsque Kakuei le stoppa dans son élan. Dans une toute autre situation, le comédien aurait pris des paroles comme celles-ci à la rigolade, mais le souffle rapide qu'il pouvait désormais sentir dans son cou ainsi que les ongles de son ami enfoncés dans sa peau lui firent rapidement prendre conscience qu'il n'était pas dans l'une des représentations du club de théâtre. Kakuei ne voulait pas mourir ? Ca, Kietsuko le concevait parfaitement - la mort l'ayant toujours effrayé - mais qui parlait de mort aujourd'hui ? A moins de se louper et de s'écraser comme une masse sur le rebord de la piscine, rien ne risquait de leur arriver. Alors pourquoi cette peur et cette agitation soudaine ?

[ Kietsuko ] « Wow wow ! Calme toi je ne sauterais pas. » dit-il en grimaçant, sentant les ongles de Kakuei s'enfoncer encore un peu plus en lui.

Le comédien laissa descendre délicatement son ami de son dos avant de se placer face à lui et de l'attraper par les épaules. Son corps tout entier tremblait, s'en était effrayant. Kietsuko qui n'avait jamais vu Kakuei dans un tel état pris peur et paniqua à son tour. Et si cela se transformait en crise d'angoisse, que ferait-il ?

On pouvait désormais lire la peur dans les yeux des deux adolescents quand soudain, Kietsuko s'approcha non sans violence de Kakuei et le prit dans ses bras, le serrant de toutes ses forces comme s'il cherchait à éloigner ses tremblements. Qu'est-ce qu'il pouvait être con quand il le voulait – et même quand il ne le voulait pas d'ailleurs. Il aurait tout de suite du se douter de quelque chose lorsque Kakuei refusait de mettre les pieds dans l'eau pendant les vacances qu'ils avaient passé ensemble. A croire qu'il ne voulait rien voir, ou tout simplement qu'il n'a pas su prêter assez attention à celui qu'il avait toujours considéré comme son frère.

*Tu devrais avoir honte de te préoccuper plus de ta petite personne que de ceux qui t'aiment et que tu aimes. Tu ne mérite pas leur amour.*

[ Kietsuko ] « Conneries, ce ne sont que des conneries … murmura-t-il à voix basse avant de se reprendre d'un léger secouement de tête. Allez viens continua-t-il en l'attirant vers son lit.

Kietsuko l'escorta en quelques sortes jusqu'à son lit en faisant attention à ce qu'il ne s'écroule pas à terre – vu l'avancement des choses, il valait mieux prendre des précautions afin d'éviter un nouveau drame. Le comédien tenta de rassurer son ami en passant sa main sur son visage mais rien ne semblait pouvoir le calmer et estomper sa peur. Une chose était sûre, il ne bougerait pas d'ici avant d'être sûr que Kakuei se remette pleinement de ses émotions.

[ Kietsuko ] « Parles-moi Kakuei. De quoi t'as peur comme ça ? demanda-t-il inquiété. C'est tout de même pas moi qui t'ai mis dans cet état, si ? »

Les tremblements du jeune homme ne semblaient pas vouloir s'arrêter, il se détestait dans ses moments-là, Kakuei se trouvait trop faible en proie à ses angoisses. Si seulement il ne souffrait pas de cette phobie de l'eau, il n'y aurait eu aucun soucis en cet instant, ils s'amuseraient comme des fous profitant de leurs dernières semaines de vacances. Pourquoi fallait-il que Kietsuko subissent ça ? Maintenant il s'inquiétait pour lui alors qu'il ne devrait pas, il lui avait toujours caché cette crainte et il en subissait les conséquences. Il aurait dû y penser ! Ses raisonnements pessimistes bien évidement n'apaisaient pas ses tremblements, il vivait exactement l'inverse. Très souvent lorsqu'il endurait une crise il haïssait son propre père, il avait réussit à lui transmettre ses gênes, pourquoi devait-il être dépressif ? De quel droit Kakuei avait hérité de ses déficiences ? Il ne tenait en aucun cas à recevoir ses propres faiblesses qu'il maudissait depuis la déchéance de son paternel.

Kietsuko essaya vainement de le rassurer, il était trop ancré dans ses angoisses pour que quoi que ce soit ne le calme. Le jeune homme le fit descendre doucement de ses épaules et le prit par les épaules, Kakuei n'osait pas le regardait dans les yeux, son corps ne cessait d'émettre des tremblements incontrôlés. Peut-être qu'avec de la chances ses soubresauts ralentisse-rait d'ici une demi-heure, il l'espérait réellement. Il ne voulait pas que son ami s'inquiète pour son état, il avait toujours réussit à faire ses crises loin de ses proches, ses troubles pouvant blesser les autres.

Il n'omit aucune résistance lorsque celui-ci l'emmena sur son lit, mise à part attendre qu'est-ce qu'il pouvait faire de plus ? Bien sûr il devait obligatoirement se calmer mais cela n'était pas une chose facile, dans ces moments-là il détestait les personnes qui lui disaient de se calmer, comme si c'était facile ? Quand votre corps devenait incontrôlable, votre respiration difficile, comment peut-on arriver à se calmer ? Ce n'était qu'une question de mental mais Kakuei était bien trop faible en cet instant pour qu'il réussisse à le faire. Allongé sur son lit, il serrait à l'aide ses mains les draps en dessous de lui, il se sentait relativement mieux se sachant dans cette position, se reposait il ne pouvait faire que cela pour que tout s'arrête. Il ferma les yeux tout en émettant une grimace, comme par hasard il avait oublié de prendre avec lui une partie des médicaments qui l'aidait dans ses moments-là. Kakuei refusait très souvent de les prendre ne voulant pas devenir dépendants de ses drogues mais en cet instant il aurait bien voulu en prendre pour ne pas inquiéter son camarade.

La main de Kietsuko passée sur son visage ne l'apaisa pas, cela ne lui fit rien, sentant l'angoisse du jeune homme il ne pouvait aller mieux. Il se préoccupait de lui tout ça à cause de ses maudites déficiences, Kietsuko n'aurait pas du vivre ce moment avec Kakuei. Les paroles du jeune homme ne l'arrangèrent en aucun cas, sa voix se faisait inquiète, il s'accusait même de ce qui arrivait ! Avant de répondre à ses questionnements il préféra attendre de prendre une gorgée d'oxygène dans l'air. Il ne répondit ainsi qu'une vingtaine de secondes plus tard qu'il répondit en espaçant ses paroles et respirant plus calmement.

- Non, t'y es pour rien Tsu ... C'est moi qui ai un problème.... Tu devrais pas t'inquiéter pour moi, je suis le principal fautif dans cette histoire.

Dans ses propos on pouvait remarquer que Kakuei se rejetait à lui-même ses fautes. S'il avait prévenu Kietsuko il n'aurait jamais eu ce problème. Il ne reprit que la paroles quelques minutes plus tard, il s'en voulait de ses propres actions, il ne pouvait supporter l'inquiétude de son ami.

- J'ai toujours eu peur de ... l'eau. J'ai réussit à faire en sorte que tu ne t'en rendes pas compte depuis tout ce temps. Je suis désolé ... Si je t'en avais parlé on n'en serait pas là, tout ça c'est de ma faute.... Tu t'inquiètes pour moi maintenant... Je suis désolé Tsu ...

Il finit sa phrase en murmurant ses derniers mots, Kietsuko ne devait pas se préoccuper de son état. Tout était de sa propre faute ! Il se haïssait d'avoir agi ainsi comme un égoïste pendant tout ce temps. Pourquoi fallait-il toujours qu'il réagiosse ainsi ? Kietsuko devrait s'amuser dehors à la place de s'inquiéter. Il changea de position pour se recroqueviller en ne faisant pas face au jeune homme, il avait honte de lui-même, il ne pourrait affronter un regard accusateur de la part de son ami. Une larme se mit à ruisseler le long de sa joue, sa crise ne se calmait pas c'était l'inverse. Le fait de se détester et de ne penser qu'à ses remords n'arrangeait rien, comment pouvait-il se calmer en vivant cette situation ?

Les tremblements de Kakuei l'envahissaient désormais tout entier. Le coeur de Kietsuko lui s'emballait à un tel point que l'on pouvait le voir taper avec violence dans sa poitrine. C'était quelque chose d'incontrôlable chez lui - tout comme les tremblements de Kakuei. Dès qu'il se sentait piégé, désarmé ou encore mal à l'aise, tout chez lui dégénérait, à commencer par son coeur. Et le fait d'être confronté à son ami dans un état comme celui là sans savoir quoi faire le désarma totalement. Et s'il était malade ? Et si Kietsuko était la cause de cette crise de panique ? Et si … A quoi bon ? Le mal était fait et rien ne lui permettrait de revenir en arrière pour réparer ses erreurs. La peur de Kietsuko ne cessa de grandir lorsque son ami lui avoua que le problème venait de lui. Le comédien commença alors à penser à toutes les maladies qui aurait pu sévir sur Kakuei et qui sait, pourraient les séparer dans un futur proche. Une chose était sûre : il ne s'en remettrait jamais et ne supporterait pas bien longtemps d'avoir la mort de celui qu'il considérait comme son frère sur la conscience.

*Arrêtes un peu tes conneries, tu veux ? Tu regardes trop la télé, & d'ailleurs tu ferais mieux de te trouver une occupation qui te rendrait plus intelligent*

La révélation de son ami eu l'effet d'une gifle sur Kietsuko qui se senti tout à coup comme libéré d'un poids. Alors comme ça, Kakuei avait vraiment peur de l'eau ? Au fond, le comédien avait toujours été conscient de cette barrière qu'il avait mise entre l'eau et lui, mais il n'y avait jamais vraiment prêté attention, préférant se préoccuper plus de sa petite personne que d'autre chose. Il était évident qu'il ne changerait pas pour autant d'opinion sur lui et il jugea utile de le lui dire afin d'éviter tout malaise.

[ Kietsuko ] « Je resterai avec toi jusqu'à ce que tu ailles mieux. Et ne discutes pas ! De toute façon, depuis toutes années tu as du t'y faire. Il rit à sa propre remarque, cherchant du regard ce sourire qu'il aimait tant chez son ami. Et puis tu sais, c'est une peur comme une autre. Et je ne comprends pas pourquoi tu t'es mis en tête de me la cacher. J'aurais tout à fait pu comprendre ou du moins essayé de le faire. Tu sais pourtant que tu peux me faire confiance. »

Kietsuko avait toujours accordé pleinement sa conscience à Kakuei. Mais ce n'était pas parce que ce dernier ne lui avait pas accordé la sienne que le comédien le prenait comme une trahison, loin de là. Il était même conscient du mal-être que son ami avait pu vivre durant toutes ces années et comprenait tout à fait qu'il ait ressenti le besoin de le lui cacher jusqu'à aujourd'hui. C'était une réaction avant tout humaine que de vouloir garder ses peurs et ses défauts pour soi, et peu de personnes auraient été capables de tout balancer comme ça du jour au lendemain. Aujourd'hui, Kakuei avait fait preuve d'un grand courage et Kietsuko était fier de lui.

[ Kietsuko ] « Ca va te paraître idiot mais … Un instant j'ai cru que t'allais y rester. Je ne t'avais jamais vu dans cet état, j'ai paniqué. Il marqua une pause avant de reprendre : Je ne sais pas ce que je ferais si ça arrivait. Une partie de moi s'en irait certainement avec toi »

*Allez reprends-toi maintenant, tout ça te fait dire n'importe quoi. C'est vraiment pas le moment d'avoir ce genre de discussion. Tu es en vie, lui aussi et tout va bien dans le meilleur des mondes.*

Livrer ses sentiments était une chose que Kietsuko n'avait pas pour habitude de faire. A vrai dire, il n'avait jamais été très doué pour ce genre de choses et dès qu'il s'agissait d'ouvrir son coeur, il n'y avait plus personne. Etonnement, savoir Kakuei plus faible que d'habitude sembla lui donner une étrange confiance en lui qui le poussa à dire des choses qu'il n'aurait certainement jamais avouées dans d'autres circonstances. S'il jouait de sa supériorité ? Non, certainement pas. Mais le fait de s'être senti si proche et à la fois si loin de son ami sembla lui faire réaliser à quel point il était important pour lui, et encore plus important qu'il ne le croyait.

[ Kietsuko ] « De quoi est-ce que tu as envie, là, maintenant ? Interrogea Kietsuko qui cherchait à faire oublier tout ça à son ami. Je ne sais pas, un cocktail, une bonne glace ou autre chose ? A moins que tu préfères que je te laisse te reposer peut-être ? Tu en aurais bien besoin. »


{ J'ai pris du retard excuse moi. J'avais commencé à écrire il y a deux jours et une panne de courant a niqué la mémoire de mon disque dur externe et j'ai à nouveau tout perdu TwT J'espère cependant que ma réponse te conviendra n__n }

Allongé, étendue sur le lit, après quelques minutes Kakuei se sentait déjà un peu mieux même si son rythme cardiaque n'avait que peu diminué. Le fait de s'être dévoilé à Kietsuko lui enlevait un certain poids même s'il s'en voulait encore du fait qu'il lui avait caché l'une de ses plus grandes peurs qui tendait à s'atténuer ses derniers temps. Les paroles du jeune homme le rassurèrent faisant disparaitre peu à peu cette angoisse qui le rongeait de l'intérieur, il lui reprochait en quelque sorte mais il ne lui en voulait pas pour autant. Il ne voulait pas le lâcher tant qu'il n'irait pas mieux ce qui l'enchantait, il préférait être en compagnie du jeune homme que seul face à ses peurs. Un léger sourire s'afficha sur son visage suite aux paroles de Kietsuko, depuis de longues années ils se côtoyaient tous les deux sans jamais se lasser de l'un de l'autre, ce n'était pas maintenant après toutes ses révélations que cela allait changer leurs bonnes habitudes.

- Ne t'inquiètes pas pour ça je le sais très bien que je peux compter sur toi mais je n'étais pas prêt à le dire jusqu'à présent, j'ai toujours fui cette peur. Depuis quelques temps ça va un peu mieux alors je peux en parler plus facilement là, maintenant.

Heureusement que Shiori avait été là pour le soutenir et l'aider il y avait quelques jours lorsqu'il était à la piscine en train de se dorer au soleil. Il avait pu avancer un petit peu même si son angoisse avait repris le dessus lorsque ses mouvements le menèrent hors de portée de la jeune femme. Certes sa panique n'avait été que légère - la compagnie de Shiori devait y être pour quelque chose - mais sa peur était encore présente et n'allait pas partir de si tôt encore. Le jour où il saurait nager, elle s'atténuerait grandement même s'il craindrait toujours de se noyer dans l'eau et de mourir bêtement. Kakuei relâcha doucement les draps sentant son rythme cardiaque ralentir doucement, les tremblements ne semblait pas vouloir s'estomper de suite au contraire, mais déjà il ressentait un léger soulagement au niveau de son cœur, la crise passerait comme toujours au bout d'un certain temps, il fallait attendre, seulement attendre. Ses pensées pessimistes diminuaient peu à peu grâce aux paroles de Kietsuko, s'en rendait-il compte un seul instant ?

Les paroles du jeune homme le firent sortir de ses pensées et tourna son visage vers celui-ci écoutant attentivement ses propos. Il croyait réellement le perdre suite à une crise comme celle-ci ? Bien entendu il ne l'avait jamais vu dans un état pareil sachant que Kakuei faisait tout pour ne pas que les gens s'en aperçoivent au risque de les voir dans cet état, si inquiet pour sa santé alors que selon lui, il n'y avait rien à craindre. Il avait toujours survécu aux différentes crises, pourquoi il ne le pourrait pas cette fois-ci surtout dans un moment comme celui-ci ? Si seulement Kakuei l'avait informé un minimum il n'aurait pas été si inquiet, il se haïssait, dire qu'à cause de son égoïsme Kietsuko avait cru au pire ! Ses paroles lui réchauffèrent le coeur en même temps que le refroidir, si un jour il lui arrivait un accident il ne devait se laisser aller !

- C'est logique que tu ne m'aies jamais vu ainsi, j'en fais relativement peu, je n'en jamais fait d'ailleurs dans Kyoso depuis mon entrée dans l'établissement.

Il s'arrêta quelques instants pour reprendre une bouffée d'oxygène, il ne pouvait pas parler si facilement qu'il le laissait croire. Ses yeux se posèrent sur Kietsuko qui semblait si inquiet à son propos. Rare étaient les moments où ils se dévoilaient, cette journée semblait être une journée révélatrice de toutes leurs pensées secrètes.

- Ne dis pas ça, si un jour ça arrive il faudra forcement avancer ! S'il t'arrivait quelque chose je sais que tout comme toi, une partie de moi partirait mais il faut toujours quoiqu'il arrive continuer à vivre ! Certaines personnes n'ont pas eu cette chance alors autant qu'on profite de notre vie jusqu'au bout, puis je suis sûre que ses personnes seront fiers de nous de là où elles sont.

Dans ses propos bien évidement il parlait de ce qu'il avait vécut dans sa jeunesse, la disparition de sa mère, ça avait été un moment des plus dure à traverser dans sa vie mais il avait réussit à passer autre chose même s'il ne pouvait s'empêcher de penser à elle bien trop souvent. Il ressentait de la mélancolie mais cela ne l'empêchait pas pour autant de vivre, ils étaient jeunes, ils n'étaient qu'au début de leur existence alors il fallait en profiter !

- Non, reste. Ta présence me fait du bien, tout seul je sais très bien que je vais commencer à avoir de plus en plus de pensées pessimistes et ça n'arrangera rien. Ta présence me suffira je crois.

Il finit sa phrase en souriant à Kietsuko, ses tremblements se calmèrent peu à peu devenant moins fort qu'avant, signe que sa crise allait se calmer avec le temps. Sans doute qu'il finirait pas s'endormir épuisé par tous évènements mais jusqu'au dernier moment il préférait avoir près de lui le jeune homme.

[ Ton rp est très bien au contraire <3 ]