Quoi ? Pas de majordome à proximité ? [Libre]

« Nous sommes arrivés, monsieur Saitô. »

Contraint et forcé, Kaori ouvrit les yeux, et jeta un coup d’œil légèrement endormi autour de lui. S’étirant, il releva ses lunettes, les faisant tenir en équilibre dans ses cheveux. Ainsi, c’était dans ce lieu qu’il allait continuer sa vie pour le moment. Rien de bien réjouissant, mais le simple fait d’être éloigné de sa famille était déjà un évènement pour lui. Il aurait très bien pu se retrouver prostitué à l’autre bout du monde, qu’il aurait été content de ne plus les avoir sur le dos. Quoi qu’a la rigueur, se prostituer, il avait l’habitude . . . Mais je m’égare, ça n’est pas le sujet du moment !

Kaori s’extirpa avec difficulté du véhicule (de luxe, s’il-vous-plait !), et s’arrêta près de la grille, laissant le chauffeur sortir ses multiples bagages, après tout, il était là pour ça ! Ce dernier, d’ailleurs, lui adressa un regard noir, et laissa lourdement tomber ses valises à côté de lui. Mauvaise idée.

« -Un peu de délicatesse vous tuerait ?
-Je ne suis pas votre bonne.
-Vous êtes là pour m’aider, voire même m’obéir. Alors, je vous ordonne, de reposer mes affaires près de moi.
-Je ne suis pas votre chien !
-Vous êtes payé pour ça. Alors obéissez. »

Kaori eut le plaisir de voir son chauffeur rougir, et ramener, l’air peu joyeux, ses affaires à lui. Oui, Kao est un insupportable snob. Mais que voulez-vous, une vie dans le luxe, ça ne pardonne pas ! Sur ces derniers mots, il adressa un geste dédaigneux de la main à l’homme, qui disparut sans demander son reste, tandis que Kaori se dirigeait, chargé, vers l’entrée. Il fulminait. Ce comportement, quelle honte ! Il faudrait qu’il pense à en parler à . . . Non, en fait, peine perdue. Il n’avait plus de parents, désormais.

Toujours est-il, qu’abandonné à ses pensées, il marcha sans savoir où il allait, pour se retrouver au milieu d’un grand hall. Et là, le vide total. Il fit un tour sur lui-même. Ah, un panneau accueil. Il alla se présenter, et récolta, force de sourires, un plan. Bon. Mais Kaori . . . ne savait pas lire un plan. Il le tourna vers la droite, vers la gauche, regarda en transparence, rien à faire. Kaori soupira. Il partait bien. A peine arrivé, déjà, paumé. Alors, il était bien obligé de . . . s’adonner à cette honte. Demander son chemin. Hélas, il était un peu seul, au milieu de son hall, et quand il se racla la gorge pour parler, il s’entendit même résonner. Flippant.

« -Hum . . . Est-ce-qu’il y a quelqu’un ? »

Un crissement de pneu , immédiatement suivit d'une propulsion violente vers l'avant réveilla Satoko , profondément endormie sur la banquette . Elle n'aurait pas été plus éveillée après s'être fait renverser un verre d'eau glacée sur le crâne . Elle avait bien pensé , en montant dans ce taxi , que son chauffeur n'était pas des plus délicats , mais elle était loin d'imaginer un arrêt si brutal . Sa surprise du réveil fut rapidement remplacée par celle , beaucoup plus grande , que lui conférait la vue du pensionnat . Un bâtiment moderne , d'une grande beauté aux yeux de Satoko , se dressait au milieu d'un parc joliment fleuri . Ca faisait un bon bout de temps que la jeune Anglaise n'était pas revenue à la capitale , et elle devait avouer qu'au fond , ça lui avait manqué . Bien sûr , elle regrettait un peu Sapporo , mais étant de nature optimiste , elle espérait se faire rapidement de nouveau amis , et s'habituer à Tokyo en peu de temps . Toute souriante , elle détourna son regard de l'établissement et le reporta sur le conducteur du véhicule .

<< Z'êtes arrivée , Mam'selle . >> , lâcha-t-il de sa voix rauque .
Après une moue enjouée à l'écoute de cette phrase , Satoko répondit d'une voix enjouée : << Merci beaucoup monsieur ! Combien je vous dois ? >>
<< 4150 yens . >>

Le jeune fille chercha la somme due dans son porte-monnaie , et la tendit à l'homme , qui l'attrapa de sa main sèche , la rangeant rapidement dans sa propre sacoche . Elle alla elle-même chercher sa lourde valise dans le coffre du véhicule , et se mit en route vers l'entrée du pensionnat dans lequel elle allait devoir se faire une place . Regardant tout autour d'elle , Satoko était de plus en plus joyeuse d'être venue ici , de ne pas avoir accompagné ses parents dans leur tour du monde . Car bien qu'elle soit un élève brillante , elle n'aurait pas pu rattraper le retard d'une année , et la perspective d'avoir un an de retard sur ses camarades ne la tentait pas vraiment . Finalement , elle arriva en bas d'une volée de marche , qu'elle monta difficilement , traînant ses bagages derrière elle , les roues de sa valise claquant sur les marches . Arrivée en haut , elle poussa l'un des deux battants de la porte d'entrée . Immédiatement , elle entendit un voix , la fin d'une phrase << ...a quelqu'un ? >> . Elle se dirigea vers la source de cette voix , un garçon , certainement nouveau au pensionnat , tout comme elle . Il se tenait seul , dans le hall , ses valises posées à son côté .

<< Bonjour ! >> , lança Satoko , les bruits de ses chaussures à talons claquant sur le carrelage de la pièce .

Même étant nouvelle , elle connaissait déjà la physionomie du pensionnat , car elle était venue le visiter deux mois auparavant , à peine .