Search me...[PV Jun]

Les vacances d'été étaient enfin là; Jun les avait attendu depuis tellement longtemps ! Il espérait passer ces deux longs mois aux côtés de ses frères, sœur, amis et parents; Pratiquer les activités habituelles que sont, par exemple, les festivals traditionnels de Tokyo, rendre visite à ses grands parents à Kyôto, faire du foot en journée, traîner et faire des bêtises avec Kazuo ou encore, passer des journées à faire les montagnes de devoirs que les professeurs avaient – avec un certain plaisir, cela va sans dire – donner aux élèves tout simplement blasés. C'était la dernière année de lycée et ils n'allaient pas tarder à passer les fameux examens pour les études supérieures. Enfin, cela n'intéressait pas tellement le jeune homme puisqu'il voulait devenir footballer professionnel. A chacun ses rêves et son futur n'appartient qu'à lui, n'est-ce pas ?
Mais contre toute attente, le voilà sur une île privée, avec ses camarades de classe et de lycée, perdu au beau milieu de l'océan. Impossible de partir, ils étaient coincés ici pour deux petites semaines; Et même si tout n'était pas noir, ce n'était pas vraiment ce qu'il avait prévu de faire durant ces deux premières semaines. Il pensait les passer autour de bouquins et de livres de maths, il les passera autour de papayes, de noix de coco et de demoiselles en bikini ô combien mignonnes et aguichantes; Son meilleur ami devait être aux anges. N'importe quel homme rationnel et qui se dit homme, devait être aux anges. Jun aussi, bien entendu, mais lui savait cacher ses ardeurs et se montrer un peu plus discret que les bêtes sauvages précédemment citées.

L'hôtel était tout simplement incroyable et les locaux magnifiques; La plage était sublime tout comme l'eau et le sable. Ces vacances étaient partis pour être mémorables et le capitaine de l'équipe de football espérait bien s'amuser comme il le méritait; Entre les parties de Beach Soccer, Beach Volley et petite bronzette – où il exhibait non intentionnellement son corps aguicheur et musclé au grand bonheur des demoiselles -, tout se passait bien comme dans le meilleur des mondes possible; Tout le monde s'amusait et prenait du plaisir. Et c'était cool.

C'était une journée quelconque parmi la quinzaine; Jun – habillé d'un short bleu cyan, un débardeur blanc ainsi qu'une paire de tongs noirs -était assit sur un sofa, en train de lire un bouquin de football, dans le salon de la villa lorsqu'il aperçut un groupe de jeune fille qui étaient toutes en train de paniquer. L'une d'entre elles bafouillait quelque chose de quasi inaudible à un surveillant un peu à la ramasse; Le jeune homme, un poil curieux par cette scène se leva et se dirigea vers ledit groupe, en leur demandant de se calmer et d'expliquer – le plus clairement possible – ce qui leur mettait dans cet triste état. Et cette dernière, presque en pleurs, bondit sur le responsable du dortoir des hommes – elle profitait bien de la situation, la miss ! - en lançant « Iida... Iida-san a disparu ! Elle, elle nous suivait jusqu.. Puis... Elle a dididididi... Disparu ! On l'a cherché partout mais... »

En bon gentleman qu'il était, Narita repoussa gentiment la demoiselle – son teint devenant soudainement un peu rosé, mais ça reste un secret - ; « Iida Inuhiko, c'est ça ? » marmonna ce dernier, en posant son magazine sur la table basse avant d'enfoncer profondément ses deux mains dans ses poches; Il connaissait la jeune fille disparue, même s'il n'avait pas vraiment eut l'occasion de discuter avec : Elle faisait partie de l'équipe de football et ne semblait pas vraiment se lier avec les autres membres de l'équipe, SAUF avec Hoshino Aoi, une miss pas très commode non plus.
Tirant une discrète grimace puis retirant ses mains de ses poches, Jun se dirigea vers la porte de la villa en lançant au surveillant un peu dépassé par les évènements qu'il allait s'occuper de ce petit problème seul et qu'il allait ramener la 2nd année le plus rapidement possible. Le capitaine de l'équipe de football possédait une notoriété assez énorme au sein de l'établissement et avait la confiance de toute l'équipe administrative de celle-ci; Et c'était avec foi que l'adulte laissa l'élève s'en occuper.

Le bonhomme s'enfonça donc dans la dense forêt tropicale, marchant à un rythme assez soutenu puisqu'il devait retrouver la lycéenne le plus rapidement possible; Le ciel était bleu encore mais n'allait pas attendre qu'ils rentrent pour basculer au noir. Il avançait dans un sentier boisé, regardant respectivement à gauche puis à droite à chacun de ses pas; Même s'il paraissait serein, le jeune homme n'en était pas moins inquiet. Imaginez qu'un psychopathe pyromane était arrivé sur l'île avec pour but de tout casser ? C'était le genre de scénario improbable – mais qui était pourtant l'épicentre de bien des films d'horreurs de production américaine -, certes, mais lui donnait une motivation supplémentaire pour régler ce problème. Le régler vite et le régler bien.
Armé de ses superbes tongs qui ne protégeaient vraiment pas ses précieux pieds, le bonhomme se blessa à plusieurs reprises à causes de divers végétaux malsains qui voulaient le ralentir dans sa quête à la princesse ! Mais déterminé et fier comme il était, le gentil Jun ne ralentissait point et se forçait à fouiller ces bois encore plus vite. En fait, Narita était un peu un héros des temps modernes. Sans les pouvoirs qui vont avec.

Au bout d'une bonne demie heure de recherche, le sportif aperçut enfin – de loin, certes -, une forme; Une forme qui pouvait aussi bien être celle d'un animal comme celle de Inuhiko-chan; Jun courut alors vers elle, ralentissant à mesure qu'il s'en approchait. Pas besoin d'être devin pour le savoir : C'était bien elle. Recroquevillé sur elle-même, la demoiselle semblait être en proie à la peur et à la souffrance; Seule, entourée que d'ombres et d'arbres, elle ne pouvait se sentir mieux que cela. Surtout pour quelqu'un de sensible, comme c'était son cas.
Et lorsqu'il était arrivé à son niveau, le bonhomme se mit devant elle avant de s'accroupir; Et essayant de trouver le regard perdu dans les cheveux de la « kohai », avec bien entendu pour but de chercher à la rassurer, Jun murmura, en gonflant ses joues histoire de ne pas ressembler à quelqu'un de trop trop sérieux : « C'est bon, je suis là maintenant; Plus besoin de pleurer, tu n'es plus seule. » C'est qui le meilleur ?

La demoiselle semblait avoir souffert de la solitude; Les yeux rouges qui ornaient son petit visage en étaient les témoins. Tout comme les quelques larmes qui essayaient encore de couler de ses deux cristaux, le long de ses joues à présent humides. Son geste de désespoir - lorsqu’elle toucha son senpai avec son doigt, comme pour vérifier s’il était réel ou non - et le « Merci d’être venu » qu’elle lança avec difficulté et qui s’étouffa dans sa fluette voix montrait à quel point elle était désemparée. Jun n’a jamais vraiment eut l’occasion de la regarder de face à face, puisqu’elle était toujours très discrète et préférait rester aux côtés de Aoi. D’ailleurs, c’était peut-être la première fois qu’il se trouvait seul à seul avec elle. Et pas la peine de le nier, il la trouvait vraiment mignonne. Peut-être parce qu’elle semblait aussi fragile qu’un vase en porcelaine. Peut-être à cause des ses petits yeux humides qui rendaient son regard tout simplement irrésistible…

Puis lorsqu’elle rigola - sans doute grâce à la grimace que le capitaine de l’équipe de foot venait de tirer, avec le maigre espoir que cela suffise à la faire sourire - doucement, le jeune homme soupira en penchant sa tête légèrement vers la droite; Il était d’une certaine manière rassuré. Et d’une autre manière, heureux. En tant que capitaine, il était de son devoir d’être le plus proche possible de ses camarades et des membres de son équipe. Voila une belle occasion de se rapprocher un peu de la cadette.
Cette dernière se releva doucement et tendit sa main - que Narita agrippa doucement - pour l’aider à se relever; Une fois debout, le bonhomme fut surpris à la voir paniquer pour une raison qui semblait complètement lui échapper. Il regarda autour de lui, comme si un monstre venait d’apparaître; Mais rien. Absolument rien. Puis, ni d’une ni de deux, la demoiselle s’accroupit et pansa ses quelques blessures à la jambe - blessure qu’il avait complètement oublié puisqu’il était concentré sur autre chose - à coup de pansement et eau pour désinfecter. Bien sur, ne s’y attendant pas vraiment à ce qu’elle fasse ça, le jeune adulte aurait aimé faire un bond en arrière. Se faire toucher ainsi par une personne du sexe opposé était toujours quelque chose dont il n’arrivait pas vraiment à s’y habituer… Et puis, ce n’était pas tellement grave, ces blessures. Si ?

« Désolé Narita-sempai, à cause de moi tu t'es fais mal aux pieds... » fit Inuhiko séchant ses dernières larmes et en époussetant son pantalon, avant de lancer un sourire; Le premier vrai sourire, magnifique, dont les mots pour le décrire échappait complètement au bellâtre. Il répondit donc par un simple sourire lorsque la kohai enchaîna : « Tu sais sempai... Je suis contente que tu sois là... A vrai dire, je... Je déteste la solitude alors encore une fois merci d'être venu me chercher, sinon je pense que je serais restée pétrifiée sur place... » avec une petite once d’angoisse et de peur.

Jun fit un petit pas en avant et posa ses deux mains sur les joues de la fillette; Ses immenses mains chaudes qui se déposèrent avec douceur sur les petites joues encore humides de Iida. Puis, essuyant les dernières larmes avec ses pouces - sans la lâcher -, il avança sa tête et son front se colla contre le sien. Son regard était complètement plongé dans celui de la lycéenne; Puis, il lança, avec calme et sérénité, histoire de la mettre en confiance : « Tout va bien maintenant, d’accord ? Tu n’es plus seule. Je ne te laisserais pas seule. Donc tu n’as absolument plus besoin de t’inquiéter maintenant, okay ? »

Il décolla son front du sien, lâcha ses joues, caressa chaleureusement sa tête puis agrippa sa main gauche, avant de se mettre à marcher. Narita regarda le ciel en fronçant les sourcils et en plissant les yeux, essayant de voir quel heure il était. Fin d’après midi, début de soirée; La nuit n’était pas encore tombée mais ce n’était plus qu’une question d’heures. Ou de minutes. Et rentrer à la villa le plus rapidement possible était probablement la meilleure idée qu’il pouvait avoir…

« Viens, on rentre; On va pas perdre de temps ici, sinon on risque de pas réussir à rentrer pour le dîner. Et j’imagine que tu as un peu faim, nee ? » Le capitaine de l’équipe de football fit quelques pas, avant de s’arrêter et se retourner à nouveau vers sa nouvelle amie; Il prit le sac de cette dernière et lança : « Merci pour les pansements en tout cas; Et pas la peine de culpabiliser pour quelque chose que tu n’as pas fait. Ces blessures ne sont pas dues à toi, j’aurais juste du faire un peu plus attention. Et ne pense même pas à lâcher ma main; Manquerait plus que tu disparaisse encore. » avant d’emboîter à nouveau le pas

« Oui, j’ai assez faim…Disons que je n’ai rien mangé depuis midi » Jun marchait à un rythme rapide pour retourner le plus rapidement possible à la Villa, histoire qu'ils ne restent pas coincés dans les bois une fois la nuit tombé. Bien que cette île, ô combien magnifique, était privé, cela ne signifiait pas qu'elle était exempt de tous dangers; Deux personnes qui disparaissent la nuit tombé et qui réapparaissent le lendemain, c'était parfait pour lancer une série de rumeurs intolérables; Des ragots qui pourraient sans doute blesser nos sensibles protagonistes; Et particulièrement Iida qui deviendrait probablement alors la cible de certaines demoiselles peu scrupuleuses jalouses de la relation qu'elle entretiendrait avec le capitaine de l'équipe de football de l'établissement. D'autant plus qu'elle attirerait alors l'attention de manière inconsidérée, alors qu'elle est plutôt une jeune fille discrète qui préfère rester méconnue.

Et cette phrase fit sourire le jeune homme qui retourna discrètement sa tête vers elle, pour regarder à nouveau son petit visage; Il l'imaginait étrange, solitaire et asociale. Elle était finalement gentille, un tantinet drôle bien qu'un poil étrange. Si elle avait faim, ils feraient en effet mieux de rentrer encore plus vite – d'autant plus que le ventre du sportif était à moitié vide puisqu'il avait sauté le déjeuner, pour des raisons qui ne concernaient malheureusement que lui -; Mais sa phrase le fit ralentir la cadence. Elle était plus petite et semblait bien plus fragile que lui; Logique, direz vous. Et c'était une raison suffisante pour qu'il ralentisse. Il se mit donc à marcher, rapidement certes, mais à une vitesse tout à fait raisonnable.

Et c'est alors que, ni d'une ni de deux, pour des raisons que Dieu lui-même devait sans doute ignorer, la demoiselle lança, l'air de rien, une phrase étrange :« Tu sais…Il parait qu’il y a des habitants venus de l’espace ! De vénus même ! Et ils se cacheraient sur cette île ! C’est Tama qui me l’a dit et c’est pour ça que je suis venue faire cette randonnée…Mais ça m’a joué des tours… » Et pour être étrange, elle était vraiment complètement à côté de la plaque. Et pas de la même plaque que celle du Japon. Le jeune homme s'arrêta juste un bref instant pour regarder de la tête aux pieds la demoiselle, avant de froncer un sourcil – oui, un seul seulement – puis de lui faire un petit sourire et enfin, se remettre à marcher. Il tenait toujours fermement la ch'tite main de la lycéenne, en essayant de ne pas trop forcer histoire de ne pas la faire mal.

Après une petite minute de silence, silence imposé par la déclaration ô combien étrange de l'amatrice d'E,T, Jun se décida à le briser; Finalement, croire aux extra-terrestres et à la vie sur d'autres planètes n'avait absolument rien de si étrange. Il n'avait jamais vraiment eut l'occasion de parler de ça, avec qui que ce soit – surtout pas avec Kazuo avec qui il avait l'habitude de discuter de choses bien plus classiques -. Et c'était peut-être une occasion d'élargir son horizon et découvrir encore plus de trucs. Ça semblait peut-être un peu irrationnel que de croire aux OVNI aujourd'hui mais rien ne prouvait qu'ils n'existaient pas, n'est-ce pas ?

« Vraiment ? Sur cette île ? » souffla alors le footballeur, sans porter dans sa voix ne serait-ce qu'une petite once de mépris ou autre. Jun n'avait pas pour coutume de regarder les autres de hauts et de mépriser les personnes différentes; C'était un trait de caractère que ses frères et sœur et lui avaient hérités de leurs parents, très tolérants et toujours agréables, avec qui que ce soit. Il s'arrêta un bref instant, avant de reprendre : « Tu cherchais à en rencontrer, c'est ça ? Tu sais à quoi ils ressemblent, au moins ? »

« A mon avis, ils ne se montreraient pas si on est trop nombreux. La prochaine fois que tu veux les chercher, appelle moi, plutôt que de te faire accompagner par tes copines. Mais entre temps, tu ferais mieux de t'amuser comme tout le monde plutôt que te lancer dans des expéditions où tu risques de te perdre. »

Un autre silence bref, puis : « D'ailleurs, c'est qui Tama ? »

« A quoi il ressemble ! Tu sais, je les cherches depuis toute petite, ils m'envoient sans arrêts des signaux, je suis sur qu'ils se montreront un jour ou l'autre et je saurais les reconnaître ! et...C'est vrai ? Tu m'accompagneras ? Je...Ah ça me ferais trop plaisir! »
Honnêtement, Jun ne s'était jamais demandé à quoi ressemblait un extra-terrestre. Il avait vu un de ces fameux films de Spielberg Steven, le fameux E,T et son célèbre « téléphone maison », où l'alien en question n'avait pas rien d'un beau garçon. Et depuis ce jour, l'image qu'il eut des habitants de l'outre-monde et divers planètes de l'espace ressemblaient à ce genre de créature était resté figé, scotché à cette dernière.
Et Iida était vraiment une demoiselle étrange; Persuadée que ces derniers étaient sur Terre et qui lui envoyait divers messages – sans doute codé en langage binaire made in Venus -, ses paroles manquaient légèrement de crédibilité même si le jeune homme n'osa douter de sa bonne foi; Ce n'était absolument pas son genre, pensait-il, de rigoler sur un sujet pareil et donc de se moquer de lui; Et de qui que ce soit. Elle semblait être des plus sérieuses et c'était bien ça qui était drôle. Peut-être était-ce une extraterrestre elle-même ? Cette idée le fit sourire discrètement, une fois de plus; Mais il restait content que sa proposition fasse plaisir à la miss. Elle semblait être bien seule et il était, imaginait le sportif, difficile de trouver beaucoup d'individus partageant la même passion pour les OVNI qu'elle.

Et lorsqu'il la questionna sur ce(tte) fameux / fameuse Tama, elle répondit de la plus étrange manière possible; Une personne qu'elle seule pouvait apercevoir et discuter avec et qui la suivait depuis toute petite. Jun se cru, l'espace d'un instant, plongé dans une histoire de science fiction; Un ami imaginaire sans doute. N'étant pas spécialement passionné par la psychologie et tout ce domaine, le capitaine de l'équipe de football n'était pas vraiment capable de savoir ce qui se passait dans la petite tête de sa kohai. Reste à savoir si avoir à ses côtés quelqu'un qui te suis nuit et jours était vraiment si génial. Si c' était un homme, ça voulait dire que ce bonhomme pouvait voir Iida se doucher ou se changer ?! En fait, ce Tama, c'était un esprit frappeur pervers. Dangereux, dites donc. Dangereux et malsain. Petit vicieux va. Et gros malin.
Et ni d'une ni de deux, elle changea de sujet; Sans doute par peur que son capitaine se mette à la mépriser et dire qu'elle était tarée. Mais ce n'était pas du tout son genre, vous le saviez bien; C'était un garçon ô combien indulgent et tolérant qui ne voyait et trouvait aucun intérêt à cela. Enfin, toujours est-il que c'était tout à son honneur d'être méfiante. Après tout, qui dit que Jun n'était pas un gros macho hypocrite sans âme et sans pitié, qui passait son temps à casser du sucre dans le dos des gens et à faire des poupées vaudou qu'il torturait à coup de batte de base-ball ? Qui dit qu'il n'était pas la plus grosse raclure et la pire engeance jamais apparue sur terre ?

Et je vous rassures, chères fans, ce n'est pas le cas.

« Bon, allez, faut pas trainez-sempai ! Vous savez la nuit, les forêts elles deviennent dangereuses, c'est vers ces heures là que les monstres mutants sortent...Et moi tu vois j'ai pas spécialement envie d'en rencontrer ! La dernière fois ça c'était très mal passé... » lança donc la demoiselle. Pour changer de sujet, elle aurait pu choisir un truc un peu plus commun, hein. N'avait-elle aucun talent pour détourner le fil de la conversation et passer sur quelque chose de moins étrange ? Ça ne dérangeait pas le jeune adulte, bien entendu, mais il semblait être vraiment amusé par la maladresse de la jeune fille. Ses sourires jusqu'alors très discret devint un éclat de rire plus qu'expressif qu'il n'était pas habitué à faire.

Il caressa avec tendresse la tête de Iida – ses cheveux en fait – en marchant au même rythme qu'elle et lança doucement, sans toutefois se retourner vers elle pour qu'elle ne le voit pas rire joyeusement : « Tu sais, c'est pas la peine d'avoir peur. Tu peux avoir autant de copains invisibles que tu veux, ça ne me dérange pas. Tant qu'ils ne se décident pas à venir me hanter la nuit pour m'empêcher de dormir. »
Un bref soupir, puis il continua : « Et grouillons, oui; La nuit, les forêts deviennent dangereuses. Des monstres mutants, je suis pas sur qu'il y en ait, mais pourquoi pas. Haha... Des monstres mutants. Genre des pandas de l'espace et des gorilles martiens ? T'inquiète pas, j'ai l'habitude de lutter contre eux à mains nus. »

On dit que les enfants voient des choses que l’on ne voit jamais; Des fantômes, des esprits ou d’autres créatures que seuls les plus purs et les plus innocents des hommes sont capables de distinguer. Ma version moins poétique mais plus « humaine » de ce « on dit que », c’est que les enfants qui n’ont pas ou peu de relations sociales se voient créer un être imaginaire à leurs côtés. Quelque chose ou quelqu’un qui pallierait un certain manque dans leur vie et qui leur permet de se sentir moins seul. Et donc moins mal.
Jun ne s’était donc jamais intéressé dans ça; Ayant vécut dans une belle famille avec une enfance relativement heureuse, en plus d’avoir reçut une éducation exemplaire, il n’eut jamais de mal à avoir des copains par ci et par là. Et les personnes qu’il a connu jusqu’à maintenant n’avaient jamais ce petit « problème »; Qui se présentait maintenant à lui, alors qu’il n’avait aucune expérience dans ce domaine. Iida était une personne étrange, cela allait sans dire. Mais quand il la regardait, il se demandait si l’existence de cet être imaginaire n’était pas du aux deux raisons cités plus haut ?

A cette pensée, le bonhomme se sentit plus mal. Il la regardait du coin de l’œil en marchant et se disait qu’elle n’avait vraiment, tout au long de sa vie, pas eut de chance. C’est alors qu’elle lança en souriant, entre deux gloussements : « Ne t'inquiètes pas ! Tama il reste près de moi, il va jamais voir les autres... Et puis ça m'étonnerais qu'il ai le courage de venir te hanter... Il est très timide tu sais. » Ce qui fit légèrement sourire le jeune homme qui continuait sa marche au même rythme. C’est sur que s’il avait besoin d’un ami imaginaire, il s’en serait créer un tout seul. Et puis, right now, il n’en avait vraiment pas besoin puisqu’il n’était jamais seul.

Remarquant qu’il riait, la jeune demoiselle grimaça et fit semblant d’avoir une mine énervée; Le manque de crédibilité était tout simplement monstrueux et elle n’aurait jamais pu faire croire, à qui que ce soit, qu’elle l’était réellement. Et lorsqu’elle lança « Pfff je savais que tu me croirais pas ! C'est pas gentil de me faire de faux espoirs heeeein pendant un moment j'ai cru que tu allais me protéger des monstres de cette forêts ! », c’en était trop pour la fillette. Son air pseudo sérieux se volatilisa et elle pouffa de rire, de bon cœur. Ça, pensait Jun, c’était la preuve que son petit cœur s’ouvrait à lui. Il pensait, en la retrouvant dans la forêt, qu’ils allaient rentrer sans se dire un mot et dans le silence le plus pesant. Finalement, tout se passait pour le mieux comme dans le meilleur des mondes.

« Bah quoi ? » commença le footballeur en regardant discrètement autour de lui, comme des animaux mutants de l’espace allaient vraiment apparaître et leur tomber dessus « Si ils nous tombent dessus, je te porte sur mon dos et je court. Je crois que finalement, les mutants que je combat chaque matin, bah ce sont les chats de mon voisin. »
Un petit silence, puis il enchaîna « Et que pour ma santé mentale, je préférerais ne pas rencontrer de mutants; Enfin, du moins, pas là, maintenant, tout de suite. Tu vois ce que je veux dire ? » avant de hausser le rythme et marcher bien plus rapidement; Finalement, le sujet de discussion qu’ils avaient engagés le faisait à présent un peu froid dans le dos; Il ne croyait pas totalement à l’existence de monstre surnaturels mais, à discuter avec elle, tout pouvait paraître si réel.

« Moi j’aimerais bien en croiser pourtant… »

Un silence. Puis...

« Croit moi. J'aimerais aussi. » C'était contre toute attente que Jun lança cette phrase, qui semblait un peu l'avoir échappé, sans se retourner vers la fillette. Quelques instants plus tôt, il expliquait qu'il préférerait ne pas en croiser car il tenait à sa petite vie; Mais il n'avait jamais dit qu'il ne voulait pas rencontrer les « fameuses bêtes » du « fabuleux destin d'Iida Inuhiko-poulain ». Juste pas aujourd'hui. Un jour où il fera plus beau et plus jour, pourquoi pas; Après tout, qui n'est pas intéressé de vérifier si le fameux « nous ne sommes pas seul dans l'univers » est véridique ou non. Des chercheurs ont récemment découvert de la glace sur mars. Qui dit glace, dit eau. Qui dit eau, dit êtres vivants ou bactéries. Et qui dit êtres vivants, dit peut-être martiens, non ?

Ils continuèrent donc à marcher, se dirigeant vers le lieu d'habitation des jeunes lycéens de Kyogaku. Lorsque le marbre blanc du bâtiment pointa le bout de son petit nez, la jeune fille lança « Narita-senpai ! Regarde la villa ! Si c’est pas super ! On est enfin arrivés » avec un enthousiasme digne d'Apocalypse now. C'est à dire morose, morne et vraiment mal dissimulé; Ne pas avoir rencontrer des êtres venus d'ailleurs rendait la demoiselle malheureuse. Vraiment malheureuse. Mais Jun tentait de passer outre et cherchait un sujet de conversation intéressant – les aliens en faisait parti, bien entendu – qui pourrait la rendre contente.

Mais ils arrivèrent bien trop vite au seuil de la villa; et lorsqu'ils entrèrent dans le bâtiment, ô qu'il ne fut pas surpris de voir toutes les jeunes filles, les yeux grands ouverts comme ça => O_O, regardant les deux footballeurs marcher côte à côte. ENSEMBLE. Certaines s'évanouirent presque, pour tout dire. Quand c'était Kazuo qui marchait à ses côtés, les groupies tombaient dans les pommes en imaginant des scènes chaudes pas très catholiques en saignant du nez. Mais quand c'était une autre fille qui était près de lui, c'était plutôt de colère et de rage. Et de jalousie, effectivement.

« T’as vu comme elles nous regardent…Tu crois qu’elles ont vu un extra-terrestre ? » fit Inuhiko à Jun en remarquant elle aussi, que les autres lycéennes la foudroyait du regard. Triste vérité, pensait le jeune adulte. Impossible de faire quelque chose en paix; Que ferait Kazuo à sa place ? Bah je sais pas, je suis pas lui moi =_=
Le footballeur soupira, puis hésita à hausser les épaules; Alors qu'il s'enfonçait davantage dans la villa avec sa « collègue », le jeune homme s'arrêta subitement avant de se retourner vers les demoiselles qui étaient en train d'alimenter des rumeurs folles, D'où viennent les informations que Kyoso No Voice, à votre avis ? Des petites pingres de lycéennes qui n'ont rien d'autre à faire que parler dans le dos. Il pencha la tête légèrement vers la droite, en fixant du regard un groupe de demoiselles bavardes au possible et incapable, depuis qu'elles ont vu Jun accompagné de quelqu'un d'autres, de s'arrêter de lancer des ragots.

« Mesdemoiselles ? » fit le garçon avec une voix calme, avant de chopper le bras de Iida et de la tirer vers lui; « Cette fille, c'est une très bonne amie; Alors ça serait vraiment sympa si vous évitez de parler dans notre dos en racontant des inepties. Et puis; je vous rappelle que si on est ensemble la, c'est parce que vous l'avez paumé quelques heures plus tôt dans la forêt, hein. » avant de s'éloigner, Avec Inuhiko, bien entendu.

« Fatiguant... » murmura le sportif en gonflant ses joues, montrant une certaine lassitude « Je me demande si tes habitants de vénus, ce ne sont pas elles... »