Help me please [PV JUN. N & KAZUO. M]

Ce fut une longue journée; Longue, fatigante et épuisante journée durant laquelle les élèves de Kyoso No Gakuen ne firent que s’amuser, rigoler, nager et autres distractions très sympathiques; Distraction sympathique comme se bourrer la gueule jusqu’à tomber dans le plus profond des comas. Ce fut le cas de bien des élèves qui burent sans hésitation ni modération, pensant - à tord et à travers, malheureusement pour eux - qu’ils résisteront à la gueule de bois et au mal de crâne terrible que lance cette sulfureuse boisson qu’est l’alcool; Comme on le dit souvent : Plus c’est fort, plus tu dors. Et moins t’es fort; Mais ça, c’est qu’un détail inconvenant et inutile puisque quand tu dors, t’as besoin d’être fort. Je crois que je suis logique et que vous me suivez, nee ?
Comme ce fut le cas de Kazuo, le capitaine de l’équipe de foot fut capable de se modérer et ne boire que très peu. Presque pas, en fait; Jun étant quelqu’un connaissant ses propres limites, ses capacités et faiblesses : Il ne tenait guère l’alcool, quelques demi douzaines de verres lui procurant le même effet qu’une masse de une tonne dans la gueule. Dans la vie, sur terre, il y a ceux qui résistent à l’alcool. Ceux qui résistent moins, et ceux qui résistent pas. Le sportif se situait entre la seconde et la troisième catégorie. Quelques verres ne lui font rien. Et le premier en trop le fait s’écraser contre le sol. Raison pour laquelle le bonhomme eut - l’intelligente - idée de couper les deux tiers des digestifs ingurgités à coup de limonade; Le dernier tiers ayant tristement finis comme engrais pour les plantes.

Après avoir jouer aux cartes et autres conneries de ce genre, les lycéens retournèrent tous dans leurs chambres respectives pour dormir; Et étrangement, tout le monde - ou presque - retournèrent dans leurs chambres respectives pour dormir. En règle général, la nuit était le genre de moment idéal pour les garçons de faire des bêtises malsaines et malveillantes; Tel qu’aller espionner les demoiselles ou bien voler des sous-vêtements. Et bien non, tout le monde retourna dans sa chambre pour pioncer; La faute à l’alcool qui shoota trois bons quarts des élèves ? C’était possible, voir fort probable. Mais cela signifiait toujours qu’il y avait un petit quart debout, en forme et enclin à faire des quelques méchancetés. Bien entendu, Jun n’était pas des leurs. La journée fut particulièrement remplie et lourde et le bonhomme n’avait pas vraiment envie de faire autre chose les douze coups de sonnettes de minuit passés. Il était tranquillement dans son lit, juste à côté de son camarade de chambre - qui dormait lui aussi, chose qui l’étonnait un poil quand même -, la tête tournée vers la fenêtre - et le balcon - à regarder le ciel; La lune et son reflet sur la mer; Spectacle magnifique qu’il ne pouvait voir à Tokyo - la baie de la capitale étant une vraie déchetterie, c’est connu ! -.
Au bout d’un moment, le garçon finit par s’endormir, Plus ou moins profondément, je ne le sais pas. Mais il avait les yeux fermés et sa respiration était des plus stables et calmes. S’il ne s’était pas complètement endormit, il s’était du moins assoupis. Les minutes défilèrent alors, lorsque soudain, un bruit - ou bien un choc - violent, grave, et fort le réveilla et le fit sursauter de son lit. Les yeux ouverts à moitié, la tête lourde et les oreilles enrhumées par le bruit, Jun regarda autour de lui avec un air totalement absent ou déphasé; La lumière était éteinte, seule les rayons de lune passaient à travers la fenêtre et accordait un semblant de clarté. Et cela suffit au jeune homme pour remarquer que son meilleur ami avait disparut. Il n’était plus dans son lit complètement défait; Et nulle part dans la chambre.

L’histoire du bruit qui l’avait réveillé l’inquiéta alors. Qu’est-ce qui s’était passé ? Jetant la couverture pour libérer ses jambes, puis sautant dans ses pantoufles tout en se grattant la tête, le garçon quitta son lit douillet pour se diriger vers les couloirs; Arrivant près de la porte, il aperçut un vase fracassé contre le sol; Source et probable provenance du bruit sourd de tantôt. Écarquillant ses yeux avant de les frotter avec le dos de sa main droite, histoire de le réveiller davantage, le lycéen se mit à chercher la poubelle avant de fourguer tous les débris de poterie dedans; Ni vu ni connu. Si un responsable voyait ce vase brisé, il y aurait forcément une gueulante et Jun allait en prendre pour sa pomme. Kazuo aussi, alors c’était une raison de plus pour faire ça vite, propre, et bien.
Après environ trois minutes de ménage, le capitaine de l’équipe de football passa sa tête dehors, regardant s’il y avait quelqu’un. Et comme il l’imaginait, il n’y avait personne; Les ténèbres régnaient en maître, seuls quelques petites lumières subsistaient sous le manteau de la nuit. Et après quelques secondes d’hésitations, le responsable du dortoir des hommes mit un pied dehors. Puis un second. Puis tout son corps et décida de faire une petite expédition : La mission « A la recherche du prince perdu » venait alors de commencer.

Le garçon s’enfonça dans les couloirs avec courage et détermination. Avec pour seul armes ses pantoufles et sa montre waterproof en métal, il s’aventura dans les limbes, dans les abysses tumultueuses de la villa hantée. Tout pouvait arriver; Et ça ne l’étonnerait même pas qu’un psychopathe armé d’une tronçonneuse apparaisse comme ça, cherchant une blonde américaine nommée Pamela pour la manger tout cru. Bien entendu, l’ambiance peu accueillante faisait peur. Mais rien n’arrête Jun. Personne n’en est capable. Pas même Bob l’éponge.

Il fit un pas puis un autre; Tenant le mur avec sa main droite histoire que ce dernier ne lui tombe pas à la figure. Enfin, plus sérieusement, histoire d’avoir la certitude qu’il était toujours dans le monde réel. Et instinctivement, il avançait vers les toilettes; Pourquoi ? Dieu le sait; Personne ne peut vraiment comprendre comment pense un homme. Et personne ne peut comprendre comment pense une femme. Sauf les hommes. Quoi qu’il en soit, Jun se vit étrangement attiré par les toilettes, comme si il allait pouvoir y trouver quelque chose. Bien sur, dans sa quête, divers ennemis se mirent en travers de sa route pour l’empêcher de sauver ledit prince. Il eut notamment cette pancarte située en plein milieu de la route qui le fit tomber. Ou bien cette même pancarte qui, par un quelconque et mystérieux mécanisme, lui agrippa la jambe et l’empêcha de se relever quatre minutes durant. Le monde est semé d’embûches, jeunes gens, sachez le.

Après moult péripéties et combats impitoyables avec les créatures de l’ombre - je citerais en plus ce fameux vase dans lequel était planté un arbre que le footballeur s’est mangé dans la face -, il arriva devant les toilettes. Les lumières étaient allumées et par instinct, une fois de plus, il se plaqua contre le mur. Il entendit du bruit; De l’eau qui coulait ou quelqu’un qui pissait - ça rime, c’est magique -; S’il avait un flingue, le bonhomme n’aurait pas hésité à bondir et à crier « haut les mains, mécréants ! » mais il était sans arme. Malheureusement.
Passant discrètement sa tête pour voir ce qui se passait à l’intérieur, il aperçut alors Kazuo qui essayait de pousser une porte, à moitié affolé. Jun, sans crier garde et sans annoncer son apparition - Un Jun sauvage est apparu ! -, entra dans l’antre des hommes et s’approcha de son pote en lançant - totalement réveillé, à présent - : « Kazuo ? Qu’est-ce qui se passe ?! » Puis, se retournant vers la porte contre laquelle son best friend essayait d’ouvrir : « Il y a quelqu’un ? »

Complètement réveillé, Jun comprit à son grand dam que la petite Reira était coincée dans sa nouvelle cellule; Que faisait-elle dans les toilettes des hommes – si c'était réellement les toilettes des hommes – et comment avait-elle réussit à s'y coincer dedans ? Et surtout, pourquoi à quatre heures du matin, où elle – et ils, puisqu'on en parle – étaient tous sensés dormir ? Enfin, l'heure n'était pas à la réflexion mais à l'action. Et ce fut le premier à réagir puisqu'en bon grand frère gâteau qu'il était, le joueur de base-ball bondit sur la porte des toilettes qui avait l'audace ou la folie de s'interposer entre lui et sa petite sœur chérie. S'il en avait la possibilité, il aurait prit une chaise pour la fracasser contre ce bout de bois pénible. Et heureusement qu'il n'avait pas la force pour arracher les latrines - situées au fond de la pièce – des murs pour l'enfoncer sur cette satanée planche.

Il n'empêchait que le destin aimait jouer des tours à ses jeunes pions; La probabilité que ces trois là soient réveillés au même moment, se retrouvent au même endroit au même instant était tellement faible, Mais ils étaient réveillés au même moment et se sont retrouvés au même endroit au même instant. Jun était lié à Kazuo pour l'éternité avec un fil – peut-être pas le rouge, certes – et ce dernier – Kazuo je parle, bien entendu – était lié à sa petite sœur par un lien tout aussi invisible. Pas étonnant du coup, de voir ces trois là toujours ensemble.

Le meilleur ami de Narita bondit donc sur la porte pour essayer de l'arracher à la force de ses bras, de ses poignets et de ses mains; Rien ne semblait pouvoir l'arrêter; Et encore une fois, pas même Bob l'éponge du haut de son un mètre dix et ses trois cents grammes. Il forçait tellement que ses doigts de fées rosirent et ses paumes devinrent rouge. Rouge comme le fut le front et le nez de Jun, quelques instants plus tard. La force que son camarade exerçait sur la poignet de la porte fut telle que, lorsque ses doigts glissèrent, il se retrouva contre le footballeur – qui eut la bêtise et la maladresse de se retrouver derrière lui – qui mangea en pleine poire le derrière du crâne de l'aîné Matsuda.

Trop concentré sur cette maudite barrière, Kazuo n'accorda à son copain qu'un simple regard accompagné d'un timide désolé, sans s'apercevoir que ce dernier venait de se prendre; Un vrai coup de massue en pleine poire qui aurait mit KO n'importe quel gars. Ce dernier tenait à présent son visage avec ses deux mains comme si il allait tomber à tout instant, en touchant avec délicatesse son nez en espérant qu'il n'était pas cassé. Beaucoup de sang coulait de la narine droite, passant par sa bouche qui avait alors un affreux goût de métal avant de perler au niveau de son menton. Il essuya d'un revers de la main mais rien à y faire, ça ne semblait pas vouloir s'arrêter...
Puis soudain, un « J'ai une idée ! Et si ça marche pas bah..je compte sur toi hein. » le fit sursauter. Le bellâtre aux mille conquêtes avait-il eut la délicatesse de réfléchir ? Venait-il de trouver une solution au problème ? Allait-il réussir cette fois ci à envoyer Jun, non par terre, mais à l'hôpital ? La suite aurait pu être au prochain épisode. Et pour vous public, elle allait se dérouler tout de suite. Le jeune footballeur renifla discrètement, espérant que ça suffise pour faire stopper le flot de sang – qui continuait malgré tout à couler, à une plus petite proportion, certes – gardait sa main droite sur son visage et répondit avec un bref « Ouais ouais. Bien sur. »

Au bout de quelques instants d'intense suspens, digne des plus grands films de flics français des années soixante, Kazuo réussit l'impensable. L'inconcevable. Il eut un clic, puis la porte s'ouvrit; Et dans un élan de folie exagéré, le base-baller bondit – intentionnellement cette fois ci – sur son camarade de chambre qui, dans l'action, fit un pas en arrière et se cogna – une fois de plus – contre un mur. La douleur n'était pas aussi intense que tantôt. Mais le petit choc réveilla le nez presque endormit de Jun et se remit à pleurer du sang. Discrètement, en faible quantité, mais encore. Cette nuit sera une nuit que le joueur de foot se souviendra toute sa vie et qu'il pourrait raconter à ses futurs petits enfants : « La nuit où j'ai faillit tout perdre, dans ma dangereuse quête à la recherche de mes amis. Celle où j'ai perdu quantité de sang dans des luttes impitoyables contre des ennemis invisibles. », vingt-huitième chapitre de « Roman de la vie de l'illustre Narita Jun »

« Bwaha je suis trop fort ! » fit le grand frère, heureux du miracle qui s'était accompli. Jun savourait la même victoire de son meilleur ami; Même si cette victoire avait un goût de métal bien prononcé. Puis, quelques secondes plus tard il se décolla, regardant avec horreur et peur le corps de Reira tout boursouflé et couvert de sang – ou de ketchup, on ne sait jamais ce qu'elle faisait dans les toilettes – et fondit sur elle, pour la prendre dans ses bras en lâchant un « Jun ! Toi qui a suivi la visite, tu dois savoir où est l'armoire à pharmacie. Va prendre quelques pansements et autre trucs et rejoins-nous dans notre chambre, okay ? » sans que ce dernier soit en mesure de répondre quelque chose. Et en un éclair, il disparut des latrines pour foncer droit dans leur chambre. S'il la retrouvait, effectivement.

Un instant incrédule, le jeune homme se dirigea vers les lavabos et essuya sa bouche et tout son visage; Le sang était encore un peu liquide et était pour l'instant, facile à nettoyer. Attendre quelques instants de plus et il aurait ressemblé à un zombie tout droit sortie de BioHazard; Et sous le manteau de la nuit et dans les ténèbres des couloirs, toutes rencontres à l'improviste se serait soldé par un hurlement nébuleux qui réveillerait toute la caserne. Et c'est complètement propre, clean et sensas' que Jun sortit des toilettes pour se diriger vers l'armoire à pharmacie. Il avait, en effet, eut la décence de suivre la visite – chose que n'avait pas fait son ami pour des raisons complètement féminines – de la villa. Et comme il l'imaginait, cette visite – ma foi bien courte – allait bien être utile.

Il se dirigea vers le lieudit en faisant très attention à là où il marchait – il ne voulait pas que son nez en pâtisse davantage -. Fouilla en vitesse l'armoire et autres tiroirs et mit tout dans un petit sac en plastique. Pansements, alcool, coton, doliprane – pour soulager sa douleur -, somnifère. Sa main choppa d'ailleurs, par hasard, un truc bizarre gluant; Et c'est avec une mine dégoutée et un « beurk » super classe qu'il le jeta par terre. Pas la peine de vous dire ce que c'était; Reste à savoir pourquoi elle était usagée. Ou qui l'avait utilisé. Enfin non, il ne voulait pas le savoir.
Le bonhomme se dirigea alors vers sa chambre – et celle de Kazuo au passage – en passant à nouveau aux toilettes pour se laver les mains. Il arriva dans la pièce, alluma la lumière – alors a moitié allumée –, choppa une bouteille d'eau – ne me demandez pas ce qu'elle faisait là – et se dirigea vers le lit où se trouvait la belle & la bête & le beau. Il s'assit sur le lit d'à côté, ouvrit le sac et sortit tout l'arsenal. Il prit un doliprane qu'il avala tout rond avec une gorgée d'eau et la posa sur la table de chevet.

« Tu t'en occupes, Kazu ? » lança le bonhomme en regardant son meilleur ami, avant que son regard soit dirigé vers sa petite sœur. Les joues du footballeur rougirent après avoir croisé son profond regard et il détourna son visage. Même s'il ne savait pas ce qu'il pensait de Reira, dire qu'elle ne lui faisait pas d'effet serait en effet mentir. Il lança malgré tout « Ca va Rei ? », sans se retourner à nouveau vers celle ci.

Reira était la petite sœur chérie de Kazuo; Et comme son frère, elle avait hérité de ses parents d'attributs et d'arguments irrésistibles : C'était une fille infiniment belle, étonnamment attirante, profondément pure et naïve. Le genre de perle rare qu'on ne trouve qu'à peu d'endroits; Etant le meilleur ami de l'ainé Matsuda, il était légitime et peu étonnant qu'il fasse la connaissance de cette lycéenne; Et depuis, ils se sont toujours très bien entendus. Lié comme trois doigts de la main, ils étaient souvent sur la même longueur d'onde; Ils riaient des mêmes choses, se taquinaient et étaient toujours ensemble. Et ce n'était pas près de changer, devaient-ils tous penser. Kazuo serait rester le meilleur copain de Jun et ce, pour la vie; Tout comme Reira resterait une très bonne amie au jeune footballeur. Mais les relations étaient un phénomène étrange qui pouvaient changer d'un jour à l'autre.

Et d'un jour à l'autre, le responsable du dortoir masculin commençait à voir différemment la petite sœur de son ami; Qui passait du statut de « gamine éternellement souriante » à « jeune fille infiniment charmante ». Certes, n'ayant jamais connu de réelles histoires d'amour – et donc de chagrin – ainsi que de relations privilégiées avec la gente féminine, le troisième enfant Narita ne savait pas vraiment ce qu'il ressentait vis à vis de la fillette; Attirance, amour, amitié. Ou même les trois à la fois. Et c'était à cause de sa confusion vis à vis de cette relation qui la rendait aussi peu palpable. D'une certaine manière, il avait peur de ses sentiments et ne savait absolument pas gérer une situation qui, jusqu'alors, était vraiment stable.

Après avoir ramener tous les instruments pharmaceutiques nécessaire aux soins de la petite Rei, le jeune adulte s'était assit sur le lit voisin et regardait la scène – l'amour entre frère et sœur était souvent le plus pur – qui semblait sortir d'un vrai conte de fée. Il était tout simplement évident que Kazuo tenait à sa sœurette plus que tout au monde et qu'il accepterait de tout sacrifier pour la protéger des enfoirés qui le peuple. Et cela fit sourire discrètement Narita; Il savait déjà, mais chaque jour l'aîné Matsuda lui en apportait la confirmation, que son meilleur ami était vraiment le plus bon gars du monde; Et que l'avoir à ses côtés lui apportait non seulement confort, mais aussi une joie indescriptible.

Lorsqu'il croisa le regard de Rei, Jun fut naturellement gêné, ou embarrassé, et dévia son regard et détourna sa tête; Lui, grand espoir du football japonais qui luttait chaque jour contre la pression que le pays lui imposait, était incapable de lutter contre le regard de cette jeune fille; Et lorsque cette dernière enlaça son grand frère pour le remercier de l'avoir sauvé, elle se retourna légitimement vers son second prince qui, dans l'histoire, avait au moins autant souffert qu'elle – sans vous en donner les raisons que vous connaissez, théoriquement, déjà -. Elle s'apprêtait sans doute à faire la même chose qu'à son ainé mais un blocage l'arrêta net; Le silence, pesant au possible – chose tout de même rare entre les trois tourtereaux -fut finalement brisé par la princesse en sang qui, après avoir avaler sa salive, releva ses yeux et interpella le charmant sportif en l'appelant par son prénom : « Jun ? »

Ce dernier sursauta au moment où il entendit son prénom sortir de la bouche de la lycéenne; Et bien entendu, il se retourna vers elle – après un millième de seconde d'hésitation -, croisant par ailleurs le regard peu équivoque et un peu incrédule. Tout ce qu'il y avait de plus légitime dans l'histoire; Ses deux yeux noirs croisèrent à nouveau le chemin de ceux de Reira. Mais cette fois ci, il ne détourna plus son regard : Il restait immobile, fixant la belle... Puis esquissa un timide sourire avant de se lever et s'assoir à côté des deux Matusda;

Et c'est rouge comme une pivoine, le cœur battant à trois cent à la seconde – hurlant le fameux « tokidoki » en boucle – qu'il enlaça la jeune princesse, chaleureusement; Un acte d'instinct qu'il ne put, même avec toute sa volonté, d'empêcher de se faire; Cette embrassade dura un instant infini... Et lorsqu'il eut finit, Jun la relâcha délicatement et attrapa un doliprane qu'il déposa entre ses deux lèvres – à Rei, hein – avant de lui donner la bouteille d'eau ouverte et de détourner – pour une énième fois – son regard.

« Allez, bois ça; Ça te fera du bien... » lança simplement le garçon, une fois de plus embarrassé. La relation qu'il entretenait avec la petite Rei devenait chaque jour un peu plus complexe; Et discuter avec elle à quatre heure du matin ne l'aidait pas non plus à voir clair.

Une petite étreinte qui fut finalement bien longue; Un instant d’intense bonheur saccadé par les battements peu discrets du cœur du jeune homme. Il entendait et sentait cette espèce de tambour battre à une telle vitesse qu’il en avait mal à la poitrine, en espérant tout de même que la demoiselle ne le ressentait pas. Ce sentiment, ambiguë et confus, était totalement étranger à Jun; Ce dernier ignorait si c’était le fameux « plus beau sentiment de l’homme » qu’est l’amour ou autre chose. Et il espérait bien que ce soit autre chose car jamais il ne pourrait se sentir aussi mal que de tomber amoureux de la sœur de son meilleur ami… Et lorsque ladite étreinte fut finie et qu’il sentit la jeune lycéenne se décoller de lui, un petit picotement, pinça son petit cœur. Il était à la fois déçu et soulagé; Soulagement qui fut retransmis par un petit « ouf » sonore mais discret.

Enfin, quoi qu’il en soit, tout allait bien comme dans le meilleur des mondes possibles. Le doliprane qu’elle allait prendre lui ferait - techniquement et théoriquement - du bien et lui permettrait de passer outre les petites douleurs physiques; En revanche, il fallait la ramener dans sa chambre pour qu’elle puisse dormir encore quelques heures. Et pas toute seule, puisque Kazuo n’accepterait jamais de laisser sa soeurette chérie retourner seule sur son lit; Encore moins dans l’état dans laquelle elle était. Après tout, c’était un vrai grand frère gâteau qui accepterait de faire toutes les folies du monde pour le bien de la jeune fille. Adorable, certes, mais un tantinet excessif. Combien de fois en avait-il trop fait pour sa frangine ? Jun ne les comptait plus. Ses doigts et ses orteils ne suffisaient plus pour dénombrer le nombre de fois qu’il s’excita pour elle. Beaucoup de personnes considèrent Matsuda fils comme un taré. Mais quand ça concernait la fillette, il devenait Taré-minator.

Tout allait bien. Ils étaient ensemble, étaient content et souriaient comme dans les télétubies. Et puis soudain, tout bascula. Un râle, quelques bruits de pas et un « keuf keuf » se firent entendre depuis l’extérieur. Ni d’une ni de deux la petite baseballeuse bondit sur la lumière - non sans s’être fait une énième fois mal de la soirée - pour l’éteindre avant de se cacher - avec toutes les difficultés du monde, avouons le - dans une armoire à vêtements quasiment pleine à cause des vêtements .
Quant à Kazuo, il eut le magnifique réflexe de prendre son copain et le cacher sous la couette; Ils étaient collés comme le plus intime des couples et sentaient leurs souffles et respirations respectifs. Et oui, les meilleurs amis, ils se collent tout le temps. Enfin, une logique imparable que Jun venait de découvrir; Mais qui valait le coup puisque l’adulte, en pénétrant dans la pièce, ne vit que du feu. Puis il repartit comme il était venu. C’est-à-dire comme un ninja de l’ombre.

Il proposa alors à Reira de sortir puisqu’à priori, le danger était écarté, avant de lancer un « On est pas bien là ? » un peu trop sensuel. Jun, quant à lui, esquissa un drôle de sourire avant de se relever et s’asseoir sur le lit, en lançant un « It’s kinda weird » en anglais. Tout juste après, il quitta son propre lit avant de se diriger vers l’armoire dans laquelle la jeune fille était cachée. Elle devait être à l’étroit à l’intérieur; Et tout ça à cause des deux garçons qui avaient ramenés quantités de vêtements inutiles pour le voyage. Mais à ce moment là, le bruit de la porte qui s’ouvrit se fit à nouveau entendre. Réflexe fulgurants, le footballeur bondit sur la porte de l’armoire et bloqua la porte avec son dos.

La lumière s’alluma à nouveau et un pion pénétra dans la chambre, pas vraiment l’air étonné. Il se tourna tout d’abord vers Kazuo, avant de foudroyer du regard Narita. Puis enfin se poser des questions sur la boîte à pharmacie qui se trouvait sur un des deux lits. Bien sur, l’adulte croisa ses bras pour se donner un pseudo air sévère pour lancer tout de suite : « Pourquoi vous ne dormez pas, tous les deux ? Et Narita, qu‘est-ce que tu fais assis contre c‘t‘armoire ? » avec sa grosse voix de vieil homme.

Jun se redressa - en restant malgré tout complètement callé contre la porte de l’armoire, à peine louche quoi - avant de se retourner complètement vers le pion - son avant bras bloquait l’ouverture de l’armoire. Le bonhomme fit signe de la main libre à Kazuo pour lui dire qu’il prenait tout en main et qu’il n’avait pas besoin de l’ouvrir. « On dormais, monsieur. Mais je suis tombé du lit en dormant tout à l’heure et je me suis cassé le nez… Du coup, Kazu a eut la gentillesse d’aller me chercher la boîte à pharmacie et m’a prodigué les premiers soins. Regarder, y’a peut-être encore des traces de sang sur mon visage » lança le bonhomme en levant un peu sa tête et en désignant son nez.

« Et concernant le comment du pourquoi je suis assis contre l’armoire… C’est qu’en fait, elle est tellement remplie de fringues qu’elle va craquer. Alors je la tenais le temps que Kazuo se réveille et qu’il m’aide à ranger. Vous le connaissez, il apporte toujours tellement de vêtements… » Il marqua un bref temps d’arrêt, se retournant vers son copain, avant de revenir sur l’adulte un poil étonné : « Et si on arrive à être debout à cette heure ci, c’est parce qu’on a l’habitude. On passe nos matinées à nous entraîner au sport alors on comptait bientôt y aller… Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, hein ? »

Le pion se mit à regarder - avec un regard ô combien sceptique - les deux jeunes hommes; Un bref instant électrique puis il haussa les épaules avant de lâcher un petit dernier râle, puis de quitter la chambre en lançant aux deux jeunes « Bah rangez moi un peu votre chambre, je reviendrais prospecter demain… Faut qu’elle soit clean, okay ? » Il disparut définitivement, sans éteindre la lumière, et ses bruits de pas se firent de plus en plus distant. Au bout d’une minute ou deux, le silence revint complètement et tout le monde put entendre un soupir de soulagement de la part du footballeur.

Ce dernier glissa par terre l’air complètement crevé et la sueur perlant sur son front; Cette soirée était définitivement mémorable et avait comporté une quantité de moments difficiles assez incroyable. Et les vacances ne faisaient que commencer…

« On fait quoi, maintenant ? » fit tout de même le jeune homme en direction de son meilleur ami, avec l’air un peu ailleurs.