Running away. [PV - Naomi]

Naomi récupéra rapidement son sac, et sortit de la salle de classe étouffante. Le cours avait été une fois de plus ennuyeux, et les derniers gossips de son journal de célébrités n’avaient pas réussi à la divertir comme d’habitude.
Asano soupira, tout en s’observant dans un miroir. Sa moue déçue se transforma naturellement en un sourire éclatant.
Mais qu’est-ce qu’elle était belle… Naomi, après toutes ces années, était toujours agréablement surprise de son esthétique parfaite.
Aucun homme ne pouvait résister devant ce visage d’ange, c’était certain.
Pourtant… Comme pour accompagner sa pensée, elle repéra dans le couloir bondé une silhouette qu’elle reconnaîtrait entre toutes.

Takahashi Akira. Le seul homme qui ait un jour décidé de rompre avec elle, et le seul que Naomi ait jamais eu envie de garder près d’elle. Ce n’était pas qu’il soit parfait ou irrésistible. Au contraire, il avait ses défauts. Le fait même de rompre avec elle soulignait sa légère stupidité. Mais là n’était pas le problème. Naomi avait décidé que Akira était l’homme de sa vie.
Et tout ce que Naomi décidait devait impérativement se réaliser.


Un professeur sortit de sa salle de cours, et Naomi porta son attention sur lui. Quel timing parfait. Elle s’approcha doucement de Akira qui semblait plongé dans une discussion sans intérêt, et elle lui jeta un regard doucereux. Prenant le temps de tapoter sur l’épaule de son ex-petit ami, elle s’assura rapidement qu’ils étaient bien dans le champ de vision du professeur avant d’embrasser langoureusement sa proie. Elle prit la peine de plaquer la main sur la nuque de Akira, au cas où cette girouette déciderait d’éviter son attaque.
Les lèvres encore posées sur celles du jeune homme, Naomi entendit avec un plaisir victorieux le professeur leur ordonner d’arrêter. Les démonstrations physiques d’amour entre élèves étaient formellement interdites au lycée, et après quelques secondes la sentence tomba : les deux tourtereaux avaient écopé de la corvée de ménage pour tout le dernier étage.
Naomi ne réprima pas un grand sourire. Les professeurs étaient si prévisibles…

Elle prit le bras de Akira avant de l’attirer vers un escalier.

« Il ne nous reste plus qu’à le faire. »

Naomi se passa lentement la langue sur ses lèvres rougies. Si elle avait demandé à Akira de lui parler en privé, ce dernier aurait sans aucun doute trouvé le moyen de lui faire faux bond. Tandis que maintenant il était coincé avec elle pour une bonne heure.
Naomi sourit en se rappelant qu’un professeur vérifiait toujours l’avancée de leur punition, ce qui forçait Akira à rester. Elle replaça avec attention une de ses mèches de cheveux, et sortit un gloss pour se refaire un maquillage parfait.
Elle n’avait nullement l’intention de s’excuser auprès d’Akira pour ses méthodes peu orthodoxes qui les conduisaient à être punis ensemble. Au contraire, elle lui envoya son plus beau sourire avant de susurrer :

« Nous allons pouvoir nous servir de cette opportunité pour rattraper le temps perdu.
Ne, Akki ? Dis-moi comment se passe ta vie. »

Elle réprima un petit sursaut d’excitation avant d’ajouter :

« J’ai de mon côté d’importantes choses à te dire. »

Elle entra sans attendre dans la première salle du dernier étage, et prit le temps d’effacer le grand tableau barbouillé de craie. Naomi prenait cet exercice comme un entraînement de danse, et produisait des mouvements amples et gracieux.
Une fois son travail terminé, elle s’assit sur le bord de la table du professeur. Ses jambes croisées faisaient remonter sa courte jupe, et l’expression de son visage était empreinte de nostalgie. Naomi était constamment dans un jeu de séduction, et ce moment passé en tête à tête avec Akira ne faisait pas exception. Au contraire, elle usait de tous ses charmes pour le faire revenir à la raison, et ainsi qu’ils se remettent ensemble. Asano sourit malicieusement. Même si Akira continuait de faire la forte tête, elle le récupérerait rapidement.

Alors qu'Akira regardait le cahier de sa camarade avec un semblant d'intérêt, il observa le regard de cette dernière fixer quelque chose ou quelqu'un juste derrière lui.
Non, ce n'était pas...
... Bientôt, un contact sur son épaule lui confirma ce douloureux diagnostique. Si, c'était bien le cas. Naomi se trouvait juste derrière lui et maintenant, il fallait qu'il utilise des mots peu glorieux pour qu'elle lui fiche la paix.

Se retournant en direction de Naomi dans le ferme but de la renvoyer se faire cuire une omelette aux lardons, Akira n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il se faisait déjà embrasser par cette dernière, immobilisé par la nuque.
Le jeune garçon tenta de reculer afin de couper court à ce baiser mais cela apporta l'effet contraire, rapidement plaqué contre la porte de la salle de classe qui se trouvait derrière lui.
Attrapant les joues de Naomi, il la repoussa sans aucune douceur, mais c'était déjà trop tard. Un professeur avait assisté à toute cette petite scène, et ils étaient désormais bons pour une punition de ménage.
Akira ferma les yeux, les poings fermés par la colère qu'il tentait de contenir en lui. Murmurant des mots inaudibles pour les personnes l'entourant, il ne devait surtout pas perdre son calme. Pas ici, pas devant un tas d'élèves qui l'admirait.

Blasé, il jeta un regard à la jeune fille à la base de tout ça et son sourire rayonnant lui tapait sur le système. Akira n'aurait jamais cru qu'elle en arriverait jusque là, mais il fallait avouer qu'elle avait de la suite dans les idées. Maintenant Naomi et lui seraient coincés au dernier étage pendant au moins une heure de ménage... Bravo.

Bientôt, la jeune fille attrapa son bras afin de l'attirer vers les escaliers qui les méneraient vers leur punition et Akira se laissa calmement faire.
Une fois qu'ils furent en haut, isolés des autres élèves, il put finalement montrer son véritable visage l'espace de quelques secondes, se libérant brusquement de son emprise:

Tu crois vraiment que j'avais que ça à faire ce soir?!

Naomi ne prenait sans doute même pas la peine de l'écouter, beaucoup trop occupée à se refaire une beauté. Akira soupira fortement, poussant l'intérieur de sa joue avec sa langue.
Pourquoi lui?

Rattraper le temps perdu? Le temps gagné elle voulait dire? Il était hors de question qu'il rattrape quoi que ce soit, sûrement pas avec elle en tout cas.

Dis moi, en quelle langue est-ce que je dois te le dire? Je veux juste que tu me lâches.

Elle cependant, lui dit qu'elle avait des choses importantes à lui dire. Mon dieu, il n'osait plus imaginer quelles histoires elle allait pouvoir inventer.

Plus importantes que d'attendre un enfant tu veux dire?


Alors qu'ils entrèrent dans la première salle de l'étage, Naomi s'amusait littéralement à danser en effaçant le tableau souillé.
Il l'observa un instant, puis soupira. Par la suite, Akira n'y porta pas grande attention, ouvrant le placard afin de trouver la lingette et le produit qui serviraient à nettoyer les tables.

Après avoir imbibé de nettoyant sa lingette, le jeune japonais se dirigea vers le bureau du professeur pour commencer son travail, jusqu'à ce que Naomi s'installe sur le bord du bureau, s'amusant à croiser les jambes comme signe de provocation.
Une légère décharge lui fit mal au ventre, puis il détourna le regard. Son corps était sans doute sa meilleure arme et elle le savait pertinemment.

Akira jeta la lingette sans douceur sur le bureau et il fixa Naomi à nouveau un instant.

J'ai une brillante idée. Je vais aller voir à l'autre bout du couloir si j'y suis.

Il cala ses mains dans ses poches et sortit de la salle. Il fallait qu'il s'éloigne d'elle, et même si ils devaient effectuer cette punition ensemble et que cela était inévitable, si il se tenait loin d'elle, tout irait bien. De plus, sans doute que le ménage avancerait beaucoup plus vite de cette façon.
Akira arriva au bout de l'étage et entra dans la dernière salle pour commencer son travail, nettoyant le tableau souillé.

Comme elle avait pu s’y attendre, le jeune Akira n’avait pas l’air d’apprécier le génie créateur de Naomi. Cette dernière ne répondit à aucune de ses protestations. Elle ne pouvait pas perdre de temps avec ces bêtises : elle avait de bien plus importantes affaires à régler. Elle évita le sujet de son prétendu enfant, et continua son chemin jusqu’à une salle ouverte.

Elle observa du coin de l’œil Akira se mettre lui aussi au travail.
Quel homme viril avec sa petite lingette… Naomi sourit devant cette scène avec sa grâce habituelle.
Décidant d’accélérer légèrement le rythme, elle se mit à le provoquer dans une posture aguicheuse. Visiblement elle avait touché un point sensible, car Akira perdit rapidement son sang froid pour finalement quitter la salle.

Naomi descendit du bureau en un petit saut victorieux, et s’amusa à raser les murs derrière son petit homme énervé. Elle entra sans bruits dans la salle, et prit cette fois une chaise. Avec un sourire malicieux, elle s’assit face au dossier, les jambes écartées. Elle se mit à ronronner doucement :

« Akkiiii~ »

Son ton était doux mais légèrement autoritaire. Si elle n’avait pas une patience infinie, elle aurait déjà balancé au petit impertinent des bouteilles de shampooing dans la figure. Mais Naomi était tout le contraire. Elle s’était fixé un objectif, récupérer Akira, et avait tout le temps nécessaire pour mener à bien son combat ultime.

Prenant le temps de dodeliner de la tête, elle demanda doucement :

« J’ai une faveur à te demander, Akki. »

Elle se leva lentement, en prenant le soin de ne pas rompre le charme du moment, et s’approcha du jeune homme.

« J’ai une représentation de danse et je veux que tu viennes m’encourager. »

Elle lui lança un dernier sourire ravageur avant de prendre une moue suppliante :

« Tu viendras, nee ? »

Naomi posa lentement une main sur l’épaule de Akira. Il lui était nécessaire de recréer en permanence un contact physique avec lui. Il devenait dangereusement de plus en plus distant avec elle, ce qui était un obstacle de plus dans sa course.

Un bruit de pas lui fit momentanément changer de tactique, et elle se précipita vers le tableau pour effacer les traces de craie. La tête chauve d’un petit professeur apparut dans l’embrasure de la porte pour s’assurer de l’avancée de leur travail. Asano lui adressa son plus beau sourire, et l’homme repartit d’une démarche satisfaite.

Une fois le professeur disparut, Naomi revint à la charge. Sans bouger de son tableau, elle observa avec attention le jeune homme qui s’activait dans la salle. Elle mordilla pensivement sa lèvre, avant de murmurer :

« Cette représentation sera sans doute ma dernière. »

Prenant une inspiration digne des plus grands comédiens de théâtre elle conclut :

« … Je vais arrêter la danse. »

Elle fixa son interlocuteur, attendant ses mimiques faciales qui dénoteraient un quelconque intérêt.

Finalement, Naomi l'avait suivi. Il aurait dû s'y attendre. Comme si elle pouvait rester tranquillement à sa place au moins une fois dans sa vie...
Le surnom qu'elle lui donnait lui hérissait le poil. Akira détestait ce surnom ridicule de vieux couple qu'ils n'étaient pas, mais cela, Naomi ne semblait pas l'assimiler.
Alors qu'il finissait de nettoyer le tableau, il l'aperçu s'assoir de façon encore plus provocante sur une chaise mais tenta de rester concentré sur l'activité qu'il était en train de faire.
Même si il lui demandait d'arrêter, elle recommencerait au centuple, n'est-ce pas? Alors, gérer son comportement et montrer une facette calme de lui étaient les choses à faire les plus adaptées actuellement.

Reposant la brosse à tableau, il alla ouvrir de la même façon que précédemment le placard pour prendre la lingette de la salle et commencer à nettoyer les tables.
Maintenant, elle lui demandait une faveur et Akira réalisa qu'il était le seul à travailler en vérité... Il fut blasé l'espace d'un instant.

Une faveur?

Naomi s'approcha de lui et il continua de bouger en nettoyant les tables, toujours bouger, ne jamais rester figé avec elle.
Visiblement, elle voulait qu'il vienne à une représentation de danse où elle participerait.

Et pourquoi je ferais ça?

Naomi dansait bien, c'était un vrai plaisir de l'observer y mettre toute son énergie et sa passion dans cette activité, mais il était hors de question qu'il lui laisse croire une seule seconde qu'il pouvait s'attendrir grâce à cela.
Alors qu'elle lui demandait à nouveau si il viendrait, Akira poussa l'intérieur de sa joue avec sa langue avant de répondre:

Je ne sais pas si je serais disponible, comme pour lui faire comprendre qu'il ne fallait pas trop qu'elle compte dessus.

Voilà maintenant qu'elle lui touchait à nouveau l'épaule et Akira se retourna vers elle pour lui faire face.
Naomi avait toujours besoin d'avoir un contact physique avec lui, d'une manière ou d'une autre. Etait-ce pour se rassurer? Ou était-ce une tactique bien à elle? Elle restait rarement loin de lui et elle devenait presque prévisible.
Mais un bruit de pas interrompît leur douce "romance", merci. Pour une fois qu'un professeur paraissait agréable et utile.

La jeune lycéenne se jeta sur le tableau pour faire semblant de l'effacer et Akira reprit son travail alors qu'un visage les observait l'espace de quelques secondes à travers l'embrasure de la porte puis dans sa vitre pour mieux admirer ses élèves s'activer.

Connard, fut la seule chose qu'il se permit de murmurer.

Quoi que ce professeur hideux ne faisait que son travail après tout. Si il y avait quelqu'un à blâmer ici, c'était la jeune fille qui l'avait mis dans ce pétrin volontairement.
D'ailleurs, quand le surveillant disparut, elle repartit à la charge. Il fallait s'en douter. Akira ne serait pas tranquille.

Bientôt, elle lui dit que cette représentation serait la dernière et qu'elle comptait arrêter la danse. Se moquait-elle de lui ou était-elle sérieuse?
Bien-sûr, le ton de sa voix démontrait qu'elle était sérieuse, mais elle l'avait été tout autant le jour où elle lui a annoncé qu'elle était enceinte.
D'ailleurs, Akira n'avait toujours pas digéré cette nouvelle mensongère qui l'avait rongé tout de même durant quelques nuits de sa vie; ainsi enchaîna t-il d'un air moqueur:

Oh. Tu ne veux pas faire du mal au bébé c'est ça? Je comprends.

Peu fier de sa remarque très agréable, il détourna les yeux en soupirant, l'air blasé, jouant un peu avec la lingette qu'il tenait dans les mains.
Et si elle était sérieuse pour une fois?
Non impossible. C'était à Asano Naomi qu'il parlait.

Dis moi tout alors. Qu'est-ce qu'il t'arrive cette fois? Akira se permit de rentrer dans son jeu.

Le jeune homme s'approcha doucement d'elle, pas à pas, ne pouvant s'empêcher de réprimer un léger rire puis de laisser un sourire permanent sur son visage.
Allons bon, qu'est-ce qui l'attendait maintenant? "Si tu ne ressors pas avec moi, j'arrête la danse." "L'entreprise de Papounet a coulé alors on doit faire des restrictions budgétaires"?

Arrivant finalement juste devant elle, il la regarda de haut. Oooh, un regard si théâtral qu'elle lui lançait là, c'en était presque touchant.
Il laissa son doigt parcourir la joue de Naomi jusqu'à son menton, puis ajouta à ce geste avec un ton qui se voulait théâtral aussi:

Oh, viens dans mes bras, on va pleurer ensemble.

Dans la salle silencieuse, Naomi attendait la réponse positive de Akira confirmant sa venue à une de ses représentations. Pourtant ce dernier resta dans le vague, et ne fit aucune promesse.
Cela attrista la jeune Asano, mais elle ne fit rien paraître, et en profita pour essayer de s’approcher une fois de plus de lui.

La vérification inattendue d’un professeur mit un contretemps à son plan bien rythmé, mais elle se rattrapa en annonçant la grande nouvelle de la soirée : elle arrêtait la danse.

Un instant décontenancée par la réaction agressive et moqueuse de Akira, elle se tut pour réfléchir.
Il n’avait visiblement pas apprécié son stratagème malsain de le récupérer par la rumeur d’une prétendue grossesse.
Naomi agrippa instinctivement le bord du bureau devant elle, sans répondre. Elle devait débloquer cette situation tendue, mais ne semblait pas y parvenir .
Akira s’en chargera finalement pour elle, et lui demanda la raison de cette décision. Naomi ne répondit pas tout de suite, et profita de la sensation d’avoir son ‘Akki’ s’intéresser de nouveau à elle et à ce qui lui arrivait.

La scène était douce amère à vrai dire : elle adorait le sentir revenir près d’elle, mais son attitude était si empreinte d’une cruelle ironie que Naomi ne parvenait pas à sourire. Elle le laissa tracer sa joue avec son doigt, et l’écouta lui proposer de la prendre dans ses bras. Naomi resta impassible. Si le jeune homme voulait l’enlacer, il l’aurait fait lui-même. Asano réprima un soupir, puis posa son regard dans celui de Akira. Prenant une dernière inspiration, elle se lança :

« Je suis malade. »

Elle laissait son regard se perdre dans celui de son compagnon. L’important était qu’elle sache si oui ou non il la croyait.

« Je ne vais pas mourir, mais je ne pourrais plus danser. »

Le coup de la maladie mortelle aurait été impossible à faire tenir debout après l’échec de la fausse grossesse. Mais il y avait des chances que Akira soit touché par la fragilité cachée de la jeune fille. Naomi mordilla l’intérieur de sa joue. Elle n’aurait jamais cru dire ce qu’elle était en train d’annoncer à son interlocuteur. Pourtant elle s’était jetée sur ce sujet glissant, et elle devait maintenant se débrouiller avec .

« C’est important que tu viennes me voir danser, Akki.»

Elle lui adressa un dernier sourire de pauvre victime désolée, avant de se mettre au travail dans la salle. Aux aguets, elle attendait avec impatience les réactions de Akira. Prenant le temps de se mouvoir gracieusement parmi les rangées de table, elle effectua rapidement le travail demandé.
Se tournant vers Akira, elle s’apprêta à lui proposer de changer de salle lorsqu’un grand bruit la fit sursauter.

La porte de la classe fut violemment refermée, et un bruit de clefs tournées précipitamment dans la serrure alerta Naomi. La jeune fille se précipita vers les vitres donnant sur le couloir, et aperçut les silhouettes de deux premières années disparaître en courant.
Asano posa sa main contre la vitre, et lâcha un « Fais chier ! » énervé.
Ce ne fut qu’après qu’elle se rendit compte que Akira était encore là, et qu’elle devait encore jouer son rôle de petite fille parfaite. Elle pesta en silence contre son relâchement, et essaya d’ouvrir la porte, sans succès.

Le regard énervé, elle pianota sur son portable… mais sa batterie émit un son caractéristique qui annonçait l’apocalypse.

« Tu vas devoir appeler quelqu’un à ma place. Ma batterie est morte. »

Elle s’assit sur une table, le regard ennuyé. Pourquoi l’action devait-elle dériver de son action principale ? Elle ferma les yeux, fatiguée.

Le regard concentré sur la table qu’elle nettoyait, Naomi réfléchissait. Elle avait sortit son as de pique, et il pouvait autant lui faire gagner la partie que l’éliminer définitivement du jeu. Annoncer à son ex-petit ami qu’elle était atteinte d’une maladie l’empêchant de poursuivre sa passion était effectivement un sujet glissant…

Asano Naomi, en pleine réflexion, n’entendit pas Akira approcher. Elle sentit soudainement son poignet être maltraité, et elle affronta avec surprise le regard de son agresseur.
Ainsi la nouvelle avait touché Akira. Trop peut être.
Il semblait furibond, et cela déstabilisait la jeune fille. Elle s’était attendue à de la compassion ou à de l’inintérêt, mais n’avait pas envisagé une colère subite.

Naomi se mordit la lèvre, légèrement confuse. Les événements ne tournaient finalement pas en sa faveur, et elle ne savait plus que faire. Devait-elle continuer l’apologie de sa maladie ou au contraire se retirer en annonçant que toute cette histoire n’avait été qu’une farce ?
Le fait était que Naomi ne cherchait pas à dire la vérité. Qu’elle soit réellement malade ou non n’était pas son problème, elle cherchait simplement à émouvoir le jeune Akira.
La jolie Japonaise se tut devant les paroles énervées de son compagnon. Elle s’était visiblement embarquée dans un sujet qu’elle ne savait plus contrôler, et l’impression de perdre la partie la rendait muette et immobile.

Pourtant la situation changea du tout au tout avec la nouvelle menace de Akira. Ce dernier lui prédisait qu’il détruirait sa vie si elle lui avait menti.
Naomi se raidit, le regard glacé. Pour la première fois depuis sa rencontre avec le jeune homme, elle eut envie de le gifler.
Détruire sa vie… ? Les mots employés par son ex petit ami la touchèrent bien plus profondément que prévu, et elle détourna le regard, les poings fermés.

Un bruit sourd et violent la fit soudainement sursauter, et elle se précipita vers la porte fermée à clefs, la colère qu’elle ressentait envers Akira se déviant vers ces deux idiots de premières années qui s’enfuyaient en riant. Elle s’énerva contre la vitre, et indiqua à Akira qu’il devait appeler de l’aide.
Ce dernier s’installa tranquillement sur une table et lui annonça que c’était de sa faute. Naomi lui tourna le dos, les yeux fermés. Si elle se laissait aller à lui dire tout ce qu’elle pensait, elle n’aurait plus jamais l’occasion de le récupérer.
Ainsi donc, Asano Naomi, en grande actrice qu’elle était, prit le temps d’inspirer calmement pour finalement se retourner et esquisser un sourire hypocrite à son interlocuteur :

« Si c’est réellement de ma faute, je te prie de bien vouloir m’excuser, Akki. »

Elle s’approcha doucement de la table où il s’était assis pour répondre à sa nouvelle question :

« Ce sont deux premières années. Je n’ai pas eu le temps de voir leur visage. »

Naomi s’installa sur la table située devant celle de Akira, et l’observa passer son coup de fil. Il se frottait constamment le front ces derniers temps, remarqua-t-elle.
Asano repensa à la période où ils formaient le célèbre couple unissant le leader d’athlétisme et la leader du cours de danse. Cet équilibre était parfait, et leur popularité était alors à son apogée.
Naomi se mordilla pensivement la lèvre. Il lui fallait absolument retrouver cette aura, et donc retrouver son ‘Akki’ d’avant.

Takahashi, justement, se leva pour lui glisser de réfléchir avant d’agir. Naomi, le visage reprenant naturellement une expression séductrice, s’approcha de son compagnon qui s’était adossé à la porte de la salle.

« Gomen ne, Akki. »

Son ton doux et désolé accompagnait un regard profondément chagriné.

« Je ne voulais pas te faire du mal, seulement t’expliquer combien il est important que tu viennes m’encourager. »

Reprenant lentement de l’assurance, elle glissa à l’oreille de sa proie :

« Je sais que tu ne m’abandonneras jamais, Akki. Je crois en toi. »



Lorsque l’ami de Akira vint les délivrer de leur tête à tête, elle se contenta de lui adresser un bref sourire ; et se tourna vers son ex petit ami :

« On devrait peut être se répartir les salles, comme tu l’avais proposé. Le travail irait plus vite, ne ? »

Un visage consterné accompagna cette réplique, et elle observa avec attention les réactions de Akira. Si il répondait positivement, cela confirmerait que le plan de la jeune fille n’était pas en bonne voie, mais si Akira préférait au contraire l’accompagner, Naomi pouvait se féliciter de lentement se rapprocher à nouveau de lui.
Un sourire forcé aux lèvres, Naomi attendit la réponse du jeune homme près de la porte à nouveau ouverte.

La jeune Asano Naomi, un sourire plus ou moins forcé aux lèvres, s’était à nouveau approchée d’Akira.
C’était un véritable combat que de récupérer ce dragueur insensible, et la jeune fille en était à sa deuxième offensive.
D’ailleurs Takahsahi lui ordonna d’arrêter son petit jeu, ce qui ne fit aucun effet à la belle danseuse. Naomi se contenta de le fixer intensément avant de reprendre son monologue. Elle ne cherchait pas à le faire tomber amoureux. Enfin pas pour l’instant.
L’important était qu’elle poursuive son plan d’action, qui était de littéralement coller aux bottes du jeune bellâtre.
Elle se transformerait ainsi en une présence dont Akira ne pourrait plus se passer, et sa beauté, son intelligence et sa grâce naturelles lui assureraient ensuite le cœur de sa proie. Naomi aurait pu applaudir toute seule les splendides idées qui lui traversaient l’esprit. Il n’y avait pas à dire, elle était vraiment brillante.


Pourtant son cours d’idées fut légèrement dévié lorsqu’une main expérimentée se mit à lentement caresser ses hanches, accompagnée d’une voix doucereuse qui fit frissonner Naomi.
Quelle injustice.
Cet homme connaissait tous ses points faibles, et il savait exactement comment lui faire perdre ses moyens.

Ce fut donc une Naomi plus ou moins agacée qui finalement se laissa aller aux caresses inattendues, un doux sourire aux lèvres. Elle blottit sa tête dans l’échancrure de la chemise du jeune homme et effleura les parties du cou qu’elle avait à sa disposition. Une dernière caresse dans le dos lui fit ressentir une douce chaleur caractéristique de ses moments passés en tête en tête avec Akira, et le bruit d’une clef dans la serrure fit tressaillir puis lentement perdre le sourire à la jeune fille.
S’éloignant légèrement, elle accueillit poliment le sauveur du jour, et observa la discussion des deux hommes.

Cela l’amusait toujours de constater l’ascendant qu’avait Akira sur ses camarades. Il lui faisait penser à un gros matou dominateur, et il ne lui manquait plus qu’une paire de vibrisses et d’oreilles en pointe pour pouvoir compléter le tableau.
S’amusant de ses comparaisons plus ou moins appropriées, Naomi se mit à réfléchir. Si Akira était dominateur, et si elle arrivait à récupérer ce dernier, elle deviendrait alors la dominatrice du dominateur.
Autrement dit elle serait « supra-dominatrix » ou une autre héroïne de ce genre.
Un sourire vint se former sur les lèvres de la jeune fille. Ils devraient vraiment créer une série télévisée sur sa vie fabuleuse remplie de rebondissements. Naomi était tellement passionnante…


Elle tenta finalement de suggérer à Akira de travailler ensemble, mais cette girouette choisit au contraire de se répartir les salles. Naomi, une moue boudeuse prenant place sur son visage, sortit de la salle de classe et se dirigea vers le fond du couloir. Elle frappa à la porte de la salle de danse et ordonna à ses sous-fifres habituels :

« Occupez-vous de nettoyer les salles. »

Contrairement à Akira qui faisait attention à son image de « mec cool et sympa » devant ses camarades, Naomi n’avait jamais eu besoin de jouer l’hypocrite devant ses subalternes. C’était là où résidait la différence entre hommes et femmes : chez ces dernières, on est fières d’être bitch.

Revenant ensuite sur ses pas, elle entra dans la salle où travaillait sa jolie proie, et l’immobilisa un instant par derrière. Les mains lui entourant la taille, Naomi posa le menton sur l’épaule de Akira, et lui murmura à l’oreille :

« J’étais heureuse de passer ce moment avec toi, Akki. »

Elle prit le temps de sortir une feuille et la glissa avec un sourire malicieux aux lèvres dans la poche de pantalon du jeune homme. Laissant sa main plus longtemps que nécessaire dans cette zone intéressante, elle eut un dernier sourire à l’intention de son compagnon avant de quitter la salle.
Avec le flyer invitant le jeune homme à sa représentation de danse, Akira n’avait plus d’excuse pour ne pas s’y rendre.

Jetant un dernier regard aux pauvres danseuses qui s’échinaient après leur entraînement dans les salles de cours, Naomi descendit joyeusement les escaliers.