Ars longa, vita brevis [PV - Ken'ichi]

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Je contemplais encore et encore mon agenda, scrutant méchamment les deux petites lignes mesquines qui me narguaient.

« Rédigez une dissertation sur l’histoire de l’organisation du règne en Italie. Du commencement, à aujourd’hui. Votre dissertation doit avoir la taille minimum d’une copie double, soit deux pages recto-verso . ».

Soupirant, je refermais rageusement ce stupide agenda. Je ne voyais qu’une solution, la bibliothèque. Rien que le nom était barbant. Et encore, je n’étais pas sûr de trouver ce que je cherchais vu l’étrangeté du sujet. Au pire, je ne le ferais pas. Ce n’aurait pas été la première fois. Un zéro de plus ou de moins, une colle de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ?

Balayant ma flemmardise, j’attrapais de quoi écrire et marchais d’un pas boudeur jusqu’à la bibliothèque. Arrivé, je me cachais dans le fin fond de l’antre de l’élite du lycée.

Deux heures plus tard, j’étais désespéré . Gémissant, je regardais d’un œil endormi la pile astronomique de livres dans lesquels j’avais plongé mon nez et l’avais ressorti, bredouille. Résolu au fait évident que je ne trouverais rien, je renonçais à l’idée de travailler. Je refermais un énième livre et me concentrais plutôt sur les gens qui m’entouraient. Que des premiers de la classe. Des travailleurs. Sauf, surprise, un garçon dont le look jurait avec l’environnement studieux de la bibliothèque. Enfin, je peux parler, moi. Sorti de ma somnolence, je me demandais si ce garçon aussi avait une dissertation. Il n’était pas en 2^ème année, il était donc peu probable qu’il ait le même sujet que moi. Je m’aperçus alors qu’il n’écrivait pas. Il dessinait. Il était appliqué et levais la tête de temps en temps. Vers moi.

Médusé, je me dirigeais vers lui d’un pas lourd. Il ne s’en rendit compte que lorsqu’il leva la tête pour lorgner son modèle (moi) et qu’il vit que je n’étais plus à ma place. Ma voix provenant de derrière son dos le fit sursauter .

« Tu devrais pas me verser des droits, du genre Copyright, ou je sais pas quoi ? », plaisantais-je d’un ton menaçant tout de même.



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