__To turn back is impossible. (Kûdo Kakuei)

Invité

__Un vent frais soufflait dans le parc. Une jeune fille souriante, vêtue d'une jupe de lycéenne d'un blanc impeccable, d'un chemisier et d'une cravate noirs s'assit sur un banc en pierre. Il n'y avait presque personne dans les jardins, à cette heure. D'ailleurs, Satoko se demandait quelle heure il était. Elle fouilla dans son sac à main noir pendant quelques instants et en extirpa son téléphone portable, emmêlé avec ses oreillettes. Elle prit la peine de les séparer et consulta l'heure. 22h12. Effectivement, il était normal qu'il n'y ait plus personne, et tout a fait humain qu'elle ait froid. Le mois d'avril n'était pas le plus chaud de l'année, et même pour une fille qui a vécu à Hokkaido les trois quarts de sa vie, le fond de l'air était frais. D'ailleurs, elle pensait à ses deux amis, Ayame et Koichi, restés là-bas, à Sapporo. Sans aoir besoin de réfléchir, elle composa le numéro du jeune homme et appuya sur la touche verte.

_Vous êtes bien sur la messagerie de Koi...

.Elle raccrocha. Elle ne laissait jamais de message. Pas parce qu'elle trouvait ça trop impersonnel, les sms ou les e-mails l'étaient beaucoup plus, mais parce qu'elle ne connaissait que trop bien son ami, et savait qu'il ne prendrait pas la peine de l'écouter.
Elle essaya le numéro d'Ayame.

_Salut, c'est bien moi, mais en fait je ne suis pas là. Alors...

.La même.
Satoko releva la tête et regarda en direction du ciel. Elle espérait voir les étoiles, mais seule la lune était visible. Tout les éclairages de la capitale nippone polluaient l'air, comme dans toutes les grandes villes. La jeune fille haussa les épaules et se leva. Elle ne voulait pas retourner dans sa chambre. Mais paradoxalement, elle aurait bien joué un morceau de guitare, là maintenant.
L'envie de rester dehors étant plus attractive que celle de gratter les cordes, Satoko décida de se trouver un coin tranquille, dans l'herbe.
Elle s'allongea donc au milieu de fleurs, sur un carré d'herbe fraiche, après avoir enfoncé ses oreillettes dans ses oreilles et avoir trouvé la chanson qu'elle voulait.

_The yellowed page of the books and books
_I'd forgotten that I had
_These paperbacks they know their age they smell of weight
_And time that's resting warm
_The opened box beside the endless box parade that haunts my house
_Is fit to split with photographs that tell the wanderlust
_Of years smashed on to years

_When all this actual life played out
_Where the hell on earth was iI?
_I rack my brains but it won't come_Through water damaged bloodshot eyes
_The fleeting triumphs, brazen lies
_All seem to mingle into one...

.La jeune fille ferma les yeux pour profiter pleinement de la musique.
Un frisson lui fit les rouvrir. Elle devait rentrer si elle ne voulait pas tomber malade, ce qui l'ennuierait plus qu'autre chose. Mais la musique était pour elle un moyen de s'échapper. De se donner l'illusion qu'elle n'était pas là. Qu'elle n'était pas seule.

(Si tu n'es pas satisfait du nombre de lignes, ou quoi que ce soit d'autre, préviens-moi =3)

Kakuei était allongée sur son lit, fixant le plafond à l'attente d'une quelconque occupation. Il ne partageait sa chambre actuellement avec aucune personne, il n'avait donc aucun moyen de parler, rire, s'occuper l'esprit avec quiconque. Lui qui détestait la solitude se sentait de plus en plus compressé dans cette pièce, le fait d'être claustrophobe n'arrangeait pas la situation. Malgré l'heure tardive, le sommeil ne semblait pas vouloir se montrer non plus alors il se décida à sortir du dortoir pour prendre l'air. Il s'approcha de la fenêtre pour observer le temps qu'il faisait, il ne manquerait plus qu'il se trempe et la journée finirait au plus mal. On ne pouvait qu'apercevoir la lune dans le ciel, aucun nuage ne semblait être présent ce qui l'enchantait.

Il attrapa son cahier de dessin et sortit de sa chambre. Dans les couloirs on pouvait entendre un bruit sourd, des messes basses sans entre élèves sans doute. Il se faisait tard il craignait de ne pas être autorisé à sortir du dortoir à cette heure-ci, il vérifia donc avant de s'engager dans les différents couloirs qu'il n'y ait aucun surveillant. Une fois la vérification faites il put sortir l'esprit tranquille, enfin s'il avait croisé un surveillant il se saurait arrangé avec lui pour pouvoir sortir.

Arrivé dehors un vent frais soufflait dans le parc. Il ne l'avait pas prévu mais celui-ci ne l'empêcha pas pour autant de continuer sa promenade. Il ne semblait y avoir personne, on entendait seulement le bruit de ses pas sur le gravier des jardins, les feuilles dansaient au fil du vent. Une sensation de bien-être l'envahit peu à peu, ses yeux se fermèrent doucement; tout son stress semblait avoir disparu en quelques instants : La magie de la nature.

Au fur et à mesure qu'il avançait il lui semblait apercevoir une silhouette au loin, était-ce son imagination ? Sans qu'il comprenne la raison; celle-ci se leva et se dirigea vers un carré d'herbe fraîche quelques mètres plus loin et s'y allongea. Il n'y avait donc pas que lui qui cherchait le calme dans cet établissement ? Kakuei espérait ne pas déranger la personne non plus, cherchait-elle vraiment la solitude et pas le contraire ? Une question sans réponse.

Il commençait à sentir le froid envahir son corps, quelqu'un de censé aurait préféré rentrer mais Kakuei ne le fit pas. Il savait déjà que s'il remontait son mal-être reviendrait, d'ici une heure peut-être mais pas encore. Quand la fatigue et le sommeil oserait se montrer, pas avant. Arrivé près de la silhouette il put voir qu'il s'agissait d'une jeune femme qui semblait avoir son âge ou à peine plus; ses yeux étaient fermés, un bruit de fond couvrait sa respiration; sans doute qu'elle écoutait de la musique avec un baladeur .

Sans prévenir un éternuement le prit, le froid devait y être pour quelque chose. Son regard se posa sur la jeune fille à l'attente d'une quelconque réaction; si elle n'avait pas entendue ça serait un miracle; celui-ci n'y croyant pas il opta pour l'autre réaction. Mais avant qu'elle ne puisse réagir il se mit à s'excuser.

- Désolé pour l'éternuement.

Elle allait sans doute le prendre pour un illuminé, il en avait l'habitude toujours.

Invité

Satoko se sentait bien. Juste bien. Là allongée dans l'herbe, les yeux fermés, une musique qu'elle aimait beaucoup emplissant toutes ses pensées. Sa respiration était lente et calme, comme si elle était endormie. D'ailleurs, ne l'était-elle pas, à tout hasard ? Hum. Il semblerait que si. Les pensées - les rêves, plutôt - s'envolant vers d'autres cieux, la jeune Anglaise avait cet air de sérénité des gens heureux peint sur le visage. C'était un rêve étrange. Tout autour d'elle avait la couleur et la consistance de la neige. Ce blanc miroitant qui émerveille tant les enfants. Ces cristaux qui crissent entre les doigts. Pourtant, ce sur quoi elle reposait n'était pas froid. Elle était là, seule, nue, roulée en boule, endormie en position fœtale. Cet endroit ne ressemblait à rien de ce qu'elle ne connaissait. A moins que... Non. Elle ne... Satoko fut réveillée en sursaut par un bruit qu'elle n'identifia pas immédiatement. Presque instantanément, elle ouvrit les yeux, mais mit un petit temps pour se réhabituer à l'obscurité ambiante. Une voix s'éleva alors derrière elle, la surprenant quelque peu.

<< Désolé pour l'éternuement. >>

Ah. C'était donc ça, ce qui l'avait réveillée si brusquement. A priori, un homme - car la voix était sans nul doute masculine - venait d'éternuer à quelques pas seulement de la lycéenne endormie. Telle une fillette venant à peine de se réveiller de sa sieste, Satoko se frotta l'œil gauche. Elle enleva ses oreillettes et, distinguant maintenant beaucoup mieux celui qui l'avait brusquement arrachée des bras de Morphée, elle sourit dans sa direction. C'était un garçon qui devait approximativement avoir le même âge qu'elle, plutôt grand, mais son visage fin gardait quelques traits un peu enfantins. De longs cheveux tiraillant entre le brun et le roux se répandait sur son front et tout autour de son visage d'ailleurs plaisant au regard. Des yeux profonds et un fin sourire venaient combler le tout. Le sourire de l'Anglaise s'agrandit.

<< Ce n'est rien. Ça arrive à tout le monde. >>

Puis le regard de Satoko descendit en suivant le bras du jeune homme, qui se terminait par un main tenant une pochette de dessin et quelques crayons.

<< Tu venais pour dessiner ? >>, demanda-t-elle innocemment.

Kakuei observait les réactions de la jeune femme, elle semblait s'être endormi mais son éternuement l'avait réveillé. Elle se releva doucement tout en se frottant l'œil gauche comme un enfant, cette scène le fit sourire, lui rappelant ses souvenirs d'enfants qui maintenant disparaissait peu à peu. Elle se mit ensuite à l'observer, il l'avait interrompu pendant son sommeil il était tout à fait normal qu'elle cherche à regarder la personne qu'il l'avait réveillé.

<< Ce n'est rien. Ça arrive à tout le monde. >> En attendant cette phrase il se mit à sourire, cette jeune femme plutôt sympathique. En effet, il s'était imaginé une réaction toute autre, elle aurait bien pu s'énerver contre lui mais elle ne le fit pas. Preuve qu'elle était de bonne humeur aussi, sa réaction fut celle qu'il espérait ce qui expliquait son sourire.

- Tant mieux alors, je ne voulais en aucun cas te déranger dans ton sommeil.

<< Tu venais pour dessiner ? >>, demanda-t-elle innocemment. Oui, en effet il venait pour dessiner, ou tout simplement pour attendre que le sommeil daigne se montrer. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait, plusieurs fois il avait fait des nuits blanches dû à son stress et sa claustrophobie. D'ailleurs si vous espérez un jour le croiser dans une boite de nuit c'est que vous avez beaucoup d'espoir, il ne pouvait simplement pas y entrer sinon il serait capable de faire une attaque de panique et ce n'était pas dès plus jolie à voir. La seule chose qui lui faisait du bien à ce moment-là était le dessin, il se changeait les idées en passant à toute autre chose. L'une des raisons pour lesquelles il était ici et avait un cahier dans la main était celle-ci, pour enfin pouvoir se changer l'esprit mais apparemment il avait trouvé quelqu'un à qui parler, une occasion pour rencontrer de nouvelles personnes dans cet établissement. La deuxième personne qu'il avait vu était Yuzuru, et était dès plus sympathique à croire qu'ici tout le monde l'était.

- Oui, en effet. Ce soir le sommeil n'a pas l'air de vouloir montrer le bout de son nez alors je m'occupe comme je peux; enfin comme j'ai l'habitude de le faire dans ses situations là. Toi au contraire tu sembles ne pas avoir besoin de tout ça.

Il aurait bien aimé être dans cette situation, ces temps-ci il avait beaucoup de mal à s'endormir, dû en partie à son arrivée dans cet établissement. L'environnement n'était pas le même que celui dans lequel il vivait d'habitude, il lui fallait un certain temps pour s'y adapter mais il y arriverait sans problèmes d'ici quelques semaines, en espérant que d'ici là le sommeil soit déjà arrivé.

- Au fait, je me suis même pas présenté, je m'appelle Kakuei. Je suis actuellement en deuxième année ici...

Autant engager la conversation, après tout la jeune femme semblait dès plus sympathique et en ces temps il n'avait rien d'autre à faire.

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