The star's shining || Shin-chan || Finish___ }

Finalement, il avait réussi à me donner envie de reprendre le violon. Saleté de prof, tient. Et en plus il m'avait laissé pour aller voir sa copine. Ok, c'est clair, celle-là je l'aime pas. De toute façon, vu comment il en parle, même si je suis certainement beaucoup plus faux qu'elle, je suis sûr d'être bien mieux. Viens à moi, mon jouet. C'est ainsi, c'est ton destin, tu m'appartiens. Enfin, tout ça pour dire qu'à peine rentré chez moi - en prennant soin de vérifier qu'il soit bien partit pour pas qu'il me voit avec ma guitare - j'avais ressortit mon vieux violon. Cadeau de mon grand-père adoptif paternel. Sûrement le seul que j'apprécie et continue à voir dans cette famille. Il me l'avait dit, ça ne se perd pas, même si on joue moins bien la position reste encrée dans notre mémoire. En effet, il avait raison. Aucune sortie de tout le week-end, juste de la musique, encore et encore. Retrouver ces sensations oubliées était agréable, bien que mon jeu soit timide et incertain. Et c'est ainsi que je me retrouvais à rammener mon précieux instrument au lycée, en plus de ma guitare qui elle restera soigneusement à ma chambre un moment, question de prudence.

Et l'un des seuls endroits pour jouer tranquillement à treize heures, un mercredi, c'est la salle de musique. Tout le monde préfère profiter du beau temps à l'extérieur, sortir un peu en ville pour ceux qui n'ont aucun cours de rattrapage, et manger tranquillement pour d'autres. Tout le monde semble oublier cette pièce pendant cet horraire, surtout maintenant que le soleil est revenu et qu'ils peuvent jouer à l'extérieur. A mon plus grand plaisir. C'est donc cloitré dans cette salle, avec tout le temps devant moi. Ou en tout cas jusqu'à ce qu'il fasse trop frais dehors et que les autres élèves rentrent. Sortant Shizuka - mon violon, donc - de son étuit, je m'installe au milieu de la salle, mon archer dans l'autre main, réaccordant légèrement mon instrument et me mettant en position afin de jouer. Rien de précis, juste quelques airs qui me viennent en tête, de vieilles mélodies que j'avais apprises. Mes doigts retrouvent leurs repères. La musique se laisse entendre dans toute la salle qui est, heureusement, insonnorisée. Chaque note m'enveloppe, et les yeux fermés j'essaye de retrouver le son qu'il faut, recommençant plusieurs fois pour avoir ce que je recherche. Instrument difficile à l'apprentissage, mais tellement agréable à écouter. Trop de personnes pensent que c'est démodé à mon goût. Aucun instrument ne peut être dépassé, c'est juste son utilisation qui évolue. Un violon peut donner une touche de nostalgie, de mélancolie, aussi bien que former un univers inquiétant ou même assez glauque. Il y a tant de manière de jouer.

Les yeux clos, tout mes sens tournés vers la musique qui s'échappe de mon instrument, comment pouvais-je savoir que quelqu'un était entré ? Je suis bien trop vrai quand je m'emporte. Heureusement que pour l'instant c'est un peu maladroit, sinon la personne présente pourrait certainement lire en moi comme dans un livre ouvert. Je me reconnecte avec la réalité qu'après quelques minutes, rouvrant les yeux. Inévitablement, mon regard tombe sur lui, en face de moi. Pourquoi il est là, hein ? Grillé. Au moins, ça s'entend que j'ai arrêté le violon, vu mon jeu. Prennant un air boudeur, je relâche mes bras, étirant un peu mon cou au passage pour le détendre. Ma voix s'élève, un peu moins joueuse que d'habitude, montrant bien qu'il me dérange. Et heureusement que je compte l'attirer dans mes filets, sinon je ne donnais pas cher de sa peau, non mais.

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

Oui, oui, très agréable. Enfin, ce n'est que le temps que je me remette à jouer, pas d'inquiétude. Non pas jouer avec mon violon, cette fois. Que je vais d'ailleurs soigneusement ranger dans son étuit ainsi que mon archer. Bien que je ne le referme pas, des fois que j'ai le temps de jouer quand Shinji sera partit ...

« Qu'est-ce que tu fous là ? »

- Je vois que le fait de retoucher à des cordes t'as donné envie de reprendre... c'est... cool.

Et c'est qu'en plus de me déranger, il m'ignore ? J'aurais tendance à dire qu'il est indigne d'être mon passe temps préféré, mais comme il reste plus divertissant que les autres, tant pis. Enfin, il a l'air assez mal en point, quand même, étrange. Encore moins bien que la dernière fois, et pourtant il avait bien l'air énervé. Bon par contre il est en train de se déshabiller. Ok, y a bien quelque chose qui cloche, là. M'asseyant sur le sol, je le regarde faire avec un air interrogateur. C'est qu'il ne me prête pas la moindre attention, en plus. Il apprendra bien vite que je déteste ça, non mais. Oh ... Passant de l'air interrogateur à un plus étonné, j'observe en même temps que lui la plaie qui orne son flanc. C'est qu'il ne c'est pas loupé, en plus. Il a l'air motivé à me parler, tient. Enfin, je crois que je peux comprendre. C'est quand même dommage d'avoir abîmé son corps, avouons qu'il n'est pas mal, quoi.

« Occupes-toi de toi plutôt que mon violon. »

Petit effort, mon ton ne montrait aucune agressivité ni rien. Cette fois ce n'était pas pour le renvoyer balader, c'était juste pour qu'il soigne cette plaie qui devait être bien douloureuse. Et puis ça lui évite de parler de mon violon. Ok c'est sa « faute » si j'ai repris, mais pas la peine d'en reparler, quoi. Enfin, je finis par me redresser, marchant vers lui pour aller m'appuyer sur le piano. Je suppose que s'il est là c'est qu'il n'a pas envie qu'un infirmier de l'établissement - ou d'ailleurs - ne s'en occupe. Ok, élant de gentillesse. C'est bien parce que j'ai pas envie que mon jouet soit abîmé autre que par mes soins.

« Besoin d'aide ? »

Bah quoi, je ne suis pas n'importe qui, moi. Si ?

Lorsque la voix d'Hideaki proposa de l'aide, le jeune homme leva à peu près calmement la tête et resta silencieux un moment comme s'il pesait le pour et le contre de la phrase du blondinet. C'était franchement gênant, cette impression de savoir que vous "ne pouviez pas faire autrement que..."
À contre coeur, Shin laissa échapper un soupir avant de hocher lentement la tête et de sortir un trousseau de clés de son sac en le tendant à l'étudiant.

- Y'a un kit de soin dans l'armoire près de la fenêtre... C'est la clé rouge qui l'ouvre.

Il ne put s'empêcher de fermer les yeux l'espace d'un instant par simple malaise tant physique que psychologique. Ah... Aki' kun n'avait pas à le voir dans un état pareil. Mais maintenant, ce n'était encore rien... ce qu'il y avait le plus à redouter, c'était les questions qui risquaient de suivre lorsque le lycéen aurait la mauvaise idée de les poser. C'est vrai quoi, on ne se fait pas une entaille pareille en se promenant dans la rue, non? u_u
Et pourtant, la vérité n'était pas spécialement loin de ça, c'était peut-être le pire.
Et au lieu de laisser le silence s'installer, Shinou ne trouva rien de mieux à raconter que ce qu'on balance toujours quand on a rien à dire, c'est à dire...

- Ça a été ce matin, sinon?

Dans le genre question nulle, c'était fort, mais bon, dans l'état de notre petit monsieur en ce moment, il n'avait vraiment pas spécialement la capacité de dire quoi que ce soit de spécialement très "intelligent", son esprit étant déjà assez occupé comme ça avec cette saloperie de douleur qui le brûlait. Il fallait juste espérer que personne ne rentre maintenant dans la salle sinon c'était mort.

Tiens, c'est drôle ça, autant la présence d'Hideaki ne dérangeait pas, autant si ça avait été quelqu'un d'autre, le brun se serait sans doute braqué immédiatement. Pouah, c'était ça d'avoir un week end chargé... -.-
Oh, et puis, ce garçon était entre autre un ami, dans une certaine mesure.

Il semble hésiter quant à sa réponse. Et surtout, ça n'a pas l'air de l'enchanter. Je proposais ça juste comme ça, moi, hein. Je m'en fiche s'il ne veut pas de mon aide. En tout cas, s'il refuse, vu comme il a l'air d'avoir envie de s'amuser, je partirai sûrement me trouver un autre endroit histoire de continuer à jouer. Un soupir. Il a l'air très heureux que je le soigne, tient. Il pourrait y mettre plus d'entreint, quoi. Enfin, j'attrape la clé qu'il me tend et part à la recherche de ce fameux kit de soin. Une fois l'armoire refermée, je retourne jusqu'à Shinji tout en observant le contenu de cette boîte. Ils prévoient des bastons à coup d'instruments ou quoi ? Là n'est pas la question. Je dépose le matériel de soin à côté et m'agnouille pour être face à la plaie. C'est que ce con ne c'est pas loupé. Il devrait faire attention, et il aurait pu mettre quelque chose par dessus, même un mouchoir, histoire que ça ne coule et ne s'infecte pas trop. Je n'aime pas les jouets d'occasion. Sans délicatesse aucune, j'applique le désinfectant. Ca pique ? Tant mieux. Enfin, je nettoie quand même le sang qui a tâché sa peau. Je suis trop gentil, tient.

« Avoues, tu voulais m'avoir comme infirmier personnel »

Comme si c'était ce qu'il voulait vu comme il n'était pas décidé à me laisser le soigner, oui. Mais un peu de faux charme ne fait pas de mal, après tout. Et puis faut le remonter un peu le Shinji, quoi. C'est que s'amuser avec les gens, ça demande tout de même des efforts, il ne faut pas croire. Il faut s'en occuper. Même si je veux les briser après, il faut en prendre grand soin pour que la chute soit d'autant plus dure. Hm ? Je relève la tête en haussant un sourcil. Comment c'est passée ma matinée ? Ok, c'est vraiment pas la forme, lui, pour qu'il me pose ce genre de question. Même pas une vanne, rien. Il peut bien avoir mal et sortir des trucs drôles quand même, non ? Enfin, soit, ma matinée.

« Bah, le prof de sport a encore gueulé parce que j'ai séché, le reste des cours c'est passé normalement, et j'ai étrangement pas eu musique parce qu'un certain prof n'était pas là. Enfin, je suppose savoir pourquoi maintenant. J'irais pas te demander la tienne, mais elle a du être aussi passionnante, si c'est pas plus. »

Je suis décidément trop gentil de le laisser s'en sortir comme ça. Même si une telle blessure est quand même assez intrigante. Tout en parlant j'avais déposé une compresse et je m'occupe maintenant de la fixer comme je peux pour que ça couvre bien toute la plaie, mais n'appuie pas trop dessus. En parlant d'appuyer dessus, j'exerce une légère pression. T'avais cas pas te blesser et voilà, non mais ! Je me redresse et vais ranger la boîte à pharmacie, jetant les cotons imbibés de sang au passage, puis reviens pour rendre les clés à Shinji. Lui déposant un baiser au coin des lèvres, je prends un ton enfantin.

« T'es tout réparé ~ Heureusement que j'suis là »

- Je t'interdis de refaire ce genre de trucs avec moi.

- Bon, puis-ce que je suis réparé... et que t'es là, tu vas pouvoir me donner ton avis sur lequel de ces deux morceaux il vaudrait mieux compter pour obtenir l'enthousiasme de ta classe.

J'aurais très bien pu y aller calmement, je sais être doux. Mais j'avais envie d'embêter un peu mon cher professeur. C'est de sa faute aussi, s'il ne c'était pas blessé, j'aurais pas eu envie de lui faire du mal. Physiquement, du moins. Si j'ai choisis de jouer avec lui, c'est aussi parce qu'il est séduisant. Un léger sourire vient étirer mes lèvres en l'entendant grincer des dents. Il avait cas faire attention. Le coup de son week-end ? Bof, à part qu'entendre parler de sa copine m'a énervé, je m'en fiche. Au contraire, ça m'en apprends un peu plus pour lui et certaines informations peuvent me permettre de mieux le manipuler. Je ne lui demande rien simplement parce que je serais étonné qu'il veuille bien m'en parler. Je m'arrangerai pour qu'il me l'apprenne de lui-même. Oh ? Un Shinji énervé. Je l'ai même pas vraiment embrasser, c'est bon. Et puis c'est pas Yutaka-sensei, quoi. Même si je l'aurais quand même fait. Râleur.

« J'suis sûr t'en rêvais mais tu veux pas l'avouer ! »

Le provoquer ? Si peu. C'est qu'il m'aurait presque frappé, en plus. Hétéro ? Il ne le sera pas longtemps dans ce cas. Oui, oui, je suis sûr de moi. Totalement persuadé de l'avoir un jour. Parce que personne ne me résiste à ce jeu là. Je suis et serais l'unique gagnant. Hm ? Il fait quoi avec son dossier, là ? Curieux, je me rapproche. Et surtout mon envie de m'amuser avec lui ne s'est pas calmée, je me colle donc à son dos et m'appuie sur ses épaules pour regarder par dessus l'une d'elles. Des chansons, visiblement. Et particulièrement deux d'entre elles. Violent le Shin-chan, il semblerait que je l'irrite. Ou le stresse ? L'enthousiasme de ma classe, hein ? Plus de la moitié est heureuse si je le suis. Comment ça j'exagère ? Bon, un peu, mais presque pas, finalement. A force de les manipuler encore et toujours. Un sourire étire mes lèvres.

« Chop Suey. »

En rêver? Oui, peut-être dans ses cauchemars les plus étranges ou alors quand il serait réellement désespéré, c'est à dire, pas maintenant. Non mais oh, faut arrêter de croire au père noël là, et ce n'est pas tous les jours votre anniversaire... >.<
Tiens, en parlant de ça, c'était bientôt le sien... Déjà... c'était pas drôle! Le temps filait trop vite à partir de 20 ans. Bon, alors, pour le moment, ce n'était pas vraiment le plus inquiétant de réfléchir sur la question de son âge car avec le comportement qu'adoptait Hideaki, le brun commençait sérieusement à s'impatienter.
Après avoir reçu sa réponse concernant le morceau de musique à travailler dans les semaines qui suivaient. À part ça, SOAD, c'était pas de la tarte, il fallait espérer que les élèves s'en sortiraient, mais cela ne faisait pas vraiment de doute, ils en avaient les moyens , après tout.

- Oké, va pour chop Suey alors.

Shin rangea calmement les feuilles juste avant de pivoter sur ses talons pour se retrouver face au lycéen ci-présent en le fixant dans les yeux, sans rien dire, puis soupira d'un genre "mais qu'est-ce que je vais faire de toi?" en balançant presque imperceptiblement sa tête de droite à gauche. Car il fallait le dire, plus les semaines s'écoulaient et plus le blondinet prenait de la "place" dans la petite vie privée de son prof, sans que ce dernier n'ait rien demandé. En parlant de vie privée, le garçon arrivait plutôt bien à garder le mystère autour de lui, et si le secrétariat n'avait pas de dossier avec des informations le concernant, il serait un gros point d'interrogation humain.
C'est ce qui faisait de lui un personnage intéressant, mais aussi légèrement inquiétant sur les bords. En temps normal, Shinji n'en avait rien à faire de connaître en profondeurs ses élèves, mais ce type là n'en était pas vraiment un, et l'envie de le percer un peu plus à jour était vraiment très forte. Lui et son comportement calculé, ils devaient bien cacher quelque chose, non?

- T'es vraiment qu'un sale gosse, tu le sais ça?

La phrase n'était pas dire méchamment, loin de là, mais c'était exactement ce que pensait notre nippon à cet instant précis. Après avoir tapoté le front de son interlocuteur à d'aide de deux doigts, le brun se dégagea d'entre lui et le piano pour avoir plus de place afin de se rhabiller au ralenti en tirant une grimace de douleur en raison de cette fichue blessure. Et maintenant quoi? Il faudrait qu'il rentre pour se reposer.

Ouais... mais chez lui... c'est pas sûr qu'il serait très bien accueillit en ce moment. Hem, c'était pas le bon jour pour réfléchir aux problèmes, surtout pas en présence d'Hideaki. Parce que... c'est sur, il trouverait un moyen d'en profiter et c'était mal! >.<

Problème de la chanson, réglé. Certains vont avoir du mal, d'ailleurs, c'est pas comme si c'était très simple à chanter. Tant pis pour eux, ils ont cas être plus proches de Shinji. Quoi que, non. Je le garde, non mais. Oh, c'est d'autant plus intéressant de me retrouver tout près de son torse plutôt que son dos. Je lui adresse un large sourire enfantin en le voyant feindre le désespoir. N'empêche que je trouve ça presque trop facile de m'intégrer à sa vie privée. Il craque déjà ? Ce serait pas drôle. Il me paraît un peu plus difficile que ça, quand même. Non ? Je tire la langue à ses mots.

« T'imagines même pas. Mais c'est pour ça que tu m'aimes, hein ? »

Je le cherche décidément pas mal, aujourd'hui. Il faut bien que je remédie à sa mauvaise humeur à cause de sa blessure, sinon je vais devoir jouer avec d'autres pour ne pas trop m'ennuyer. Sauf que c'est bien plus amusant avec Shinji. D'ailleurs, s'il savait à que point je suis un « sale gosse », il ne serait certainement plus dans cette pièce. Ou alors fermé comme une tombe, par précaution. Heureusement, il n'en sait rien. Pour lui je suis sûrement rien qu'un petit chieur qui aime faire tourner les profs en rond. Ou quelque chose dans ce genre là, quoi. Une fois qu'il c'est dégagé, je m'appuie contre le piano avec un léger sourire. Il ne semble pas décidé à partir. Bon signe ? Je préfère voir ça comme ça, en effet. Si ça se trouve pas du tout, mais c'est mieux de toujours voir le positif pour gagner. Je finis par me décoller de l'instrument, retournant m'assoire au sol, près du mien. Dommage que je puisse pas en jouer plus. J'aurais presque préféré plutôt que voir un Shinji aussi peu divertissant. Même s'il est un peu mieux qu'à son arrivée.

« Reposes-toi si tu veux. Y aura personne à part moi avant trois ou quatre heures. »

Bon ok, se retrouver seul et sans défense rien qu'avec moi ce n'est peut-être pas le plus rassurant, mais quand même. Et puis je me trouve vraiment sympa de lui proposer ça alors qu'à la base c'est lui qui m'a dérangé. Mais ça se voit qu'il est fatigué, et il n'a pas l'air décidé à partir pour autant, donc autant qu'il le fasse ici. Je profite des gens quand ils sont réveillés, moi. Déjà que je gagne dans ces moments là, ça n'a plus rien d'amusant s'ils dorment. A moins qu'il soit somnambule ou quelque chose comme ça ? Les gens qui parlent en dormant sont très divertissants, d'ailleurs.

« T'imagines même pas. Mais c'est pour ça que tu m'aimes, hein ? »

- Qui t'as dis que je t'aimais?

- Personne à part toi... T'as décidé de courber, hein? C'est gentil de rester avec moi, mais tu devrais quand même penser à tes études un peu plus sérieusement non?

Qui m'a dit qu'il m'aimait ? Pas lui, ça c'est sûr. Juste que même si ce n'est pas le cas, ça le sera un jour, je le sais. C'est tout. Et puis c'est avec des petits pics comme ça qu'il finira par s'attacher, toujours un peu plus. Je ne réponds pas mais garde un petit sourire, plus ou moins énigmatique. Finalement, il ne sera peut-être pas si ennuyeux que ça, s'il continue comme ça. Oh, se la jouerait-il charmeur, à jouer avec son piercing et garder sa chemise ouverte ? J'irais pas m'en plaindre, c'est sûr. Décidément pas mal, ce prof, quand même. C'est rare d'en trouver des comme ça. Un peu d'air n'est pas de refus, l'odeur du désinfectant mêlée à celle du sang n'est pas des plus agréables. Eh, il nous fait quoi à se montrer comme ça à tout le monde, hein ? En effet, je suis possessif. J'ai décidé de jouer avec, alors je le garde pour moi, c'est tout. Je m'avance vers lui en même temps qu'il me parle, avec un sourire légèrement en coin. Il veut jouer, moi aussi, c'est parfait. Je me colle à nouveau à son dos et pose mes mains sur ses hanches dénudées, m'approchant de son oreille, la touchant presque de mes lèvres. Je dois être totalement suicidaire pour faire une telle chose. Mais j'aime le risque.

« J'ai trop peur que tu te sentes perdu sans moi »

Et surtout on est mercredi donc je n'ai pas cours de l'après-midi, mais bon. Tout ça juste pour cette petite phrase, sauf que personne ne peut l'entendre, donc allez savoir ce qu'ils s'imaginent en nous voyant ainsi, lui avec sa chemise ouverte. Mon pauvre Shinji. Je m'éloigne de lui avec un petit rire. Je vais définitivement me faire tuer, mais bon. Je me pose tout de même tout près, m'asseyant sur le rebord de la fenêtre avec un air de gamin joueur sur le visage. Et finalement c'est bien ce que je suis. En partie. Je jette un oeil à l'extérieur. Certains semblent éviter de regarder, sûrement parce qu'ils nous ont vus. D'autres se contentent de saluer leur professeur en passant. Nouvelle approche suicidaire, je viens attraper sa chemise pour la lui rattacher. Pas que la vue soit désagréable, mais je préfère la garder pour moi. Et puis provoquer les autres et leur faire croire un tas de choses et tellement amusant. Pour lui donner une explication plus ou moins valable, je me rapproche à nouveau de lui, nos lèvres se touchant presque.

« Il ne faudrait pas que quelqu'un d'autre que les élèves ne te voit ainsi, je voudrais pas que tu sois déjà viré. »

Et pourtant c'est sûrement plus ainsi qu'il se ferait virer, oui. Aussi proche l'un de l'autre, nos cheveux retombant un peu et nous cachant en partie. De l'extérieur, pas mal doivent penser que nous nous embrassons. Je me dépêche de refermer son vêtement pour m'éloigner en riant une fois de plus. Suicidaire de faire ça, mais pas assez pour rester et me faire vraiment tuer. Je pars cette fois m'assoire sur le siège du piano, un large sourire fier et surtout rieur aux lèvres. Il finira vraiment par me tuer. Ce serait drôle.

Et voilà, comme prévu, Hideaki se pointa en moins de temps qu'il le fallait pour dire sushi, et comme prévu aussi, il se colla contre le jeune homme qui dut faire un trèèèès gros effort de contenance pour ne pas bouger. Oui oui, vous ne rêvez pas, il se laissait faire malgré le comportement très osé du blondinet. En fait, il était presque satisfait d'avoir vu son petit jeu fonctionner, même si savoir qu'on était en présence d'un type aux tendances homosexuelles n'était pas très rassurant, surtout quand la personne en question avait le caractère modulable comme celui du garçon.
Heh, avoues-le, tu peux pas te passer de Shin, petit, il est très attractif, et il le sait en plus, la preuve, il se mettait à provoquer en "public".
Cependant, le fait qu'Aki commence a faire son petit cinéma décida son interlocuteur à mettre fin a cette situation ambigüe, et dès qu'il en eut l'occasion, le nippon s'éloigna un peu de la fenêtre en tournant le dos. Et là, comme par hasard, il se fit intercepter par le blond qui venait à nouveau de pénétrer au delà de la limite de distance acceptable, autant vous dire que tout se passa très vite à la suite de ça.
Par pur réflexe, Shinji laissa partir sa main contre la joue de son compagnon, non pour le caresser, mais pour lui laisser une marque rouge très bien dessinée suite à la force de la gifle, qui avait, au passage, interrompu la réplique de l'étudiant lorsqu'il prononça le mot "je". Non, "tu" rien du tout. Ah ouais, il n'appréciait pas du tout qu'on s'approche de ses lèvres hein, c'était un endroit sacré. Et n'envisagez même pas qu'il s'excuse de son geste... c'était comme un père qui remettait en place son gosse, rien de plus rien de moins. Hah, qu'il est compliqué ce monsieur, franchement, caractériel jusqu'au bout! En plus, les rires qu'Hideaki étaient particulièrement mal bienvenus en cet instant précis.

Ce fut un silence qui suivit cette fois-ci tandis que Shin jetait un dernier coup d'oeil par la fenêtre en pensant déjà aux ragots qui allaient circuler. Jusque là, le brun passait pour un charmeur mais maintenant ça serait l'étiquette de playboy qu'on allait lui coller. Bah... il était assez malin pour arriver à se servir de cela à son avantage. Et de toute manière, même si on le virait, sa carrière était quasiment assurée sans avoir besoin d'enseigner. Huh, être viré... ça, c'était presque sans risque pour le moment. Pourquoi? Parce que ce n'était en tout cas pas Aki' qui voudrait le voir partir, et Aki étant plutôt un mec manipulateur... théoriquement, les choses devraient bien se passer.

En parlant de lui, il était assit devant le piano avec un grand sourire toujours aussi insipide à regarder. Shin venait d'avoir le résultat de son petit test qui lui prouvait qu'il lui suffisait de provoquer un peu pour attirer le blond vers lui comme un aimant, et c'était presque désespérant parce qu'en fait, le jeune homme aurait préféré qu'il le laisse tranquille, lui et sa capacité à se vexer en moins de deux dans certaines circonstances.
Non, maintenant c'était certain, il ne le laisserai jamais tranquille, au moins jusqu'à la fin de sa scolarité. Et merde... Prise de conscience qui fait mal au coeur et à la tête.

Après avoir inspiré longuement, le musicien se redressa de toute sa hauteur, droit comme un prince, avant de s'approcher avec une certaine résignation doublée de mauvaise volonté vers le violon d'Hideaki, qu'il prit doucement en ignorant son propriétaire, scrutant les finitions de l'instrument avant d'en saisir l'archet et de s'éloigner hors de portée de son élève.

- On va dire que tu me le prête?

Et sur ce, deux accords résonnèrent l'un à la suite de l'autre avec une certaine impulsion, presque agressive.

Oui, il me faut pas grand chose pour réagir, mais c'est que je tiens à garder Shin pour moi, quoi qu'il en pense. Il craquera, de toute façon. S'il n'aimait pas ce petit jeu, il se tiendrait à distance, m'aurait sûrement fait une remarque et remit à ma place avec plus qu'une droite. Bien qu'il soit prof. Il ne tiendra plus longtemps, j'en suis sûr. Enfin, quand même, il pouvait éviter de frapper si fort. Ma pauvre peau. Mais ce n'est pas pour autant que je m'empêche de rire en m'éloignant. Je suppose qu'il n'a jamais accepté un homme si proche de lui, pour réagir comme ça. Ou ça lui est arrivé et il en garde un mauvais souvenir ? Bah, pas la peine de savoir tout ça, après tout. Quoi que, tout est bon pour manipuler. N'empêche que cette baffe était presque la bienvenue. Parce que même si je l'ai sentie passer, je me demande si elle ne ressemblait pas plus à une caresse, du point de vue des autres élèves. C'est lui qui a voulu jouer, ça lui apprendra. Je suis le maître du jeu, c'est ainsi et ça ne changera pas. Pas avant ma mort, en tout cas.

Je le surveille en s'approchant de mon violon. Qu'il ne fasse pas de bêtises avec, sinon il risque de le regretter. Et ce même si juste avant je râlais parce qu'il n'avait pas fait attention et c'était blessé. Peu importe, mes instruments sont bien plus précieux que lui ou tout être-humain. Surtout qu'il appartient au seul membre de ma « famille » que je vois et apprécie encore. Tant qu'il observe, ça va, même si je ne le lâche pas des yeux. Mais alors qu'il le prend, je me redresse. Que je lui prête ? Et puis quoi encore ? Qu'il ne vienne pas se plaindre alors qu'il me cherche. Sur ces deux accords agressifs, je me colle à lui et l'embrasse. Quoi de mieux pour lui faire lâcher prise, après tout. Ses doigts se desserrants sous la surprise, je récupère mon bien puis laisse ses lèvres tout en repartant.

« Ca, t'as pas intérêt à y retoucher. Et pour le baiser, tu l'as bien cherché. »

Ca, c'est fait. Non mais de quel droit il se sert de Shizuka comme ça ? Ca a beau être lui, je ne le prêterai pas. Je ne le prêterai à personne. Cette fois je ne le range pas et le garde entre mes doigts, jouant distraitement avec les cordes. Autant j'adore m'amuser avec lui, mais autant je peux me vexer très vite quand mon « jouet » dépasse les limites. Et là s'en était une. Je sais bien que moi j'en dépasse plein, mais j'ai toujours été le centre de mon monde, alors qu'importe le ressentit des autres. Je m'arrange juste qu'ils soient assez bien pour pouvoir mieux les briser. Si je ne les détruit pas assez, ils me laissent.

Il fallait croire que les bêtises qui se succédaient les unes après les autres allaient en venir à une conclusion peut-être plutôt indésirable. Au vu de la réaction presque immédiate du blondinet lorsqu’il vit avec horreur une autre personne que lui se saisir de son violon, il était clair et net que cet instrument était un point faible chez lui. C’était un peu malsain ce que faisait Shin, et il le savait. Tout ce qu’il cherchait à faire était de lever le voile sur les failles d’Hideaki, et apparemment, le fait de s’approprier son violon en était une. C’est pas bien ce que tu fais mon grand, ce n’est pas bien de tester les gens comme tu le fais, tu vas le regretter à un moment ou a un autre… et ça commence tout de suite, avec un bisou.

Ca y’est, il l’avait fait, il y était arrivé à l’embrasser, ce vicieux étudiant… >_>
Et c’est sans pouvoir réagir autrement qu’en lâchant ce qu’il tenait dans les mains que le jeune homme sentit un gros vide prendre place dans sa tête. C’est vrai… il l’avait bien cherché ce baiser, mais en même temps, il y avait d’autres façons de convaincre quelqu’un de vous rendre ce qui vous appartient, non ? Ce n’était qu’un prétexte pour placer son petit kiss, c’est sûr…

- …

C’était presque tentant d’accuser Aki’ d’être trop possessif avec ses objets, mais là, Shin n’avait pas le cœur à se défendre et il se contenta de croiser les bras en s’appuyant contre le mur derrière lui, le regard dirigé sur un point imaginaire entre le sol et ses pieds. Toute cette histoire l’amusait de moins en moins, et mécaniquement, le brun se pinça la lèvre inférieure comme on le fait lorsqu’on se met du labello. Non, il fallait qu’il coupe les ponts avec ce garçon une bonne fois pour toutes, ça n’allait plus, si les choses continuaient sur cette lancée, il ne parviendrait plus à gérer tout ce qui se chamboulait dans son esprit en ce moment.
Sans ajouter un seul mot ou deux, le jeune homme leva les yeux sur le blondinet qui lui inspirait plus que du dégoût. Non, en fait c’était juste impossible à décrire… c’était une sorte de… de sentiment d’impuissance tout à fait insupportable.
Et la seule chose possible maintenant pour reprendre un peu le contrôle de la situation, c’était d’y mettre un terme tout simplement.

- Bon, techniquement t’as pas le droit d’être ici sans autorisation… d’ailleurs la porte de la salle devrait être fermée. Va jouer dehors, j’ai besoin de préparer la classe pour les musiciens qui viennent ce soir.

Il n’en dirait pas plus et attendrait jusqu’à ce qu’on lui obéisse. Son tempérament était très changeant, oui, mais c’était ainsi. Il n’arrivait tout simplement pas à réfléchir correctement…

C'est sûr, il y a d'autres façons de récupérer un objet, mais chaque personne réagit en fonction de qui elle est. Moi, mon truc, c'est de manipuler les gens, hors je sais que les contacts un peu poussés sont très efficaces sur Shinji, c'est tout. Vexé ? Si peu. Et maintenant on est deux. Pas le droit d'être ici ? J'ai toujours fait comme ça jusqu'à présent, sans qu'on ne me dise jamais rien. Enfin, je peux bien comprendre qu'il soit déstabilisé et n'ait plus vraiment envie de me voir pour l'instant. Je saurais mieux l'apprivoiser la prochaine fois. De toute façon sa réaction me montre bien que je suis sur la bonne voie. Il ne sait plus comment garder le contrôle de la situation, ça se sent bien. Et même avec son ton autoritaire, il ne fait même pas prof. A croire qu'il en est incapable avec moi ? Mais je ne vais pas le pousser plus à bout, sinon je risque de reculer. Je range donc Shizuka soigneseument puis m'en vais avec, adressant un dernier petit sourire à Shin. Je t'aurais, tu m'appartiendras entièrement, tu verras.

FiN.

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