Juste pour un murmure... [Yukata shinji]

Il venait d'arriver, pour le moment, il n'avait pas de cours à proprement parler et disposait d'environ trois jours de battement pour se faire au nouvel établissement, c'est que, ce n'était pas tous le jours qu'il mettait les pieds dans un nouvel endroit, et un endroit dans lequel il ne connaissait personne surtout! Personne pour vraiment l'aider ou quoi que ce soit, pour le moment, il devait se débrouiller tout seul... Enfin, seul n'était pas vraiment le mot, puisqu'il était accompagné, d'une compagnie inhabituelle certes, mais bien présente! Cette dernière n'était autre qu'un grand Berger blanc, au allures que l'on aurait facilement pu confondre avec un loup, après tout, il en avait dans le sang, normal pour l'air de famille! Accompagné par un infirmier bien sympathique, il avait pu mener ses valise à bon port, et celles-ci n'en bougeraient plus pour le moment. Étant arrivé dans la nuit, lui avait passé la nuit à l'infirmerie, histoire de ne pas réveiller la chambrée dont il faisait partie. Et de ce fait, cela impliquait que les lieux pour le jeune homme, n'avaient de connus que ce qu'il se souvenait d'une visite rapide faite il y avait déjà quelques semaines! Et même avec une mémoire telle que notre jeune prodige, il ne pouvait pas faire grand chose, alors aujourd'hui, serait en quelques sortes son parcours de la découverte pour se repérer...

Vêtu simplement d'un fin pantalon aux larges emmanchures, et d'un haut légèrement corseté, violacé aux motifs de fleurs de cerisiers, portant autour du cou un faux col assorti, ses cheveux fins lui tombant légèrement sur un œil sans qu'il ne puisse s'en apercevoir, un trait de noir lui ornait pourtant le tour des yeux, trait tracé avec une habileté rare, lorsque l'on ne voit pas, mais il avait pris l'habitude, après tout, il savait se débrouiller! Juché sur des chaussures à légères plateformes, histoire d'atteindre tout de même environ un petit mètre quatre vingts en prenant large, le jeune homme était sorti paisiblement dans la matinée, non pas pour flâner, mais pour risquer la vie de ses pieds et de ses genoux. A l'épaule il portait un petit sac contenant deux trois livres, de braille évidemment, et aux mains, il tenait dans ses paumes, tous les points de repères qu'il lui était possible d'avoir pour éviter les embûches. Ainsi on pouvait observer dans sa main droite, une canne de repérage en acier, qui frôlait le sol sans cesse à la recherche de la moindre marche, et dans l'autre main, c'était un barre de fer, reliée au harnais de hikari, son chien, et selon lui "ses yeux". Aujourd'hui, l'animal était calme et comme toujours lorsque le jeune aveugle le tenait, il ne laissait pas voir son tempérament de survolté prêt à tout pour ramener on ne sait quel projectile qu'on lui aurait lancé, une fois le chien libre de ses mouvements.

Depuis le matin, il tournait et repassait ça et là dans les couloirs en silence, ou parlait doucement à l'animal qui le guidait et semblait l'écouter, voire lui répondre, lorsque cela lui était possible, ne serait-ce que par un couinement, ou un ac coup donné dans le harnais... Cette présence, Ikou en avait bien besoin, pour rester lui-même. pas un sourire depuis bien longtemps n'était apparu sur son visage, et ce n'était toujours pas le cas, il restait neutre, ses yeux pâles et presque blancs semblant partir fixer on ne sait quel point invisible qui pour lui lui montrait toujours la même chose: Le néant. Le jeune homme s'était arrêté dans sa marche afin de manger un morceau... Oh, peu de choses! Maigre comme il était, on se doutait bien qu'il n'était pas du genre à avaler des plâtrées de pâtes! Et pourtant, il en ingurgitait assez pour rester fin, et en bonne santé, il fallait bien cela pour pouvoir courir sans soucis non? Puis enfin, il était reparti à l'aventure... Un véritable salon des nouveautés cet établissement! Combien de fois aurait-il mangé un mur sans la présence de son ami quadrupède, il ne comptait même pas, comme quoi même en presque cinq ans, il avait toujours du mal à s'y faire, à sa cécité, et ne s'y ferait certainement jamais... Et ce, quoi qu'il en dise!

Au bout de bien peu de temps, et au détours d'un couloir le jeune asiatique se prit à pousser une porte, ma foi restée ouverte... Une fois entré dans la pièce, ce fut le silence plat. Sans vraiment fermer la porte, il la poussa tout de même délicatement, et, malgré sa discrétion, la curiosité le poussa à avancer dans cette nouvelle pièce... Une salle de cours? il ne le savait pas, ne le voyait pas, et donc ne pouvait le deviner, aussi, trainant avec méfiance sa canne de fer devant lui, il se stoppa lorsque cette dernière heurta quelque chose... Qu'était-ce? posé là au milieu? pas une table certainement, cela ne faisait pas ce bruit, non, là on aurait juré un bruit de bois, un bois fermé et dont le jeune homme aurait presque pu reconnaître le bruit à des mètres à la ronde! Faisant signe au chien de l'aider à approcher sans se prendre un objet au passage le jeune nippon déposa délicatement sa canne de métal au sol, le long du bois de l'instrument, et pour s'assurer de son idée, apposa délicatement sa main libre sur cet objet intriguant... Un piano... il ne s'était pas trompé... Mais alors, où se trouvait-il? Dans un salle de musique certainement! Mais avait-il le droit d'être là? il n'en savait rien, et n'avait pu voir écrite une quelconque interdiction nulle part, forcément.

A bas sa discrétion et son caractère fermé, aussi froid que ses yeux étaient voilés, il se laissa prendre à s'asseoir en douceur, avec un élégance féminine qui lui était naturelle, s'ajoutant à son physique relativement efféminé, très efféminé même. Une brève caresse à la tête de l'animal qui l'accompagnait, et lui lâcha ce dernier, une fois assis en sécurité... Oh non Ikou cela ne se faisait pas, c'était du moins, très déconseillé... Enfin, à bas la peur, que pourrait-il t'arriver au pire? une bonne ristourne, mais on aura certainement vu pire... Posant délicatement ses fins et longs doigts sur les touches blanches et froides de l'instrument, le jeune homme n'avait l'intention que de tenter une ou deux gammes, le regard ailleurs, les yeux partant où bon leur semblaient... Mais il se prit à enchaîner sans trop réfléchir.. Pas quelque chose de bien connu, non, juste une improvisation, comme il avait tellement l'habitude d'en faire, à défaut de pouvoir lire des partitions, ou se les faire lire... pourtant, cela sonnait bien, très bien même... Il jouait très bien, le petit sportif, après tout, le piano, la batterie, et le violon étaient trois instruments qu'il avait eut l'occasion d'apprendre seul, à son école, là où le professeur était une vrai pâte, le genre de personne qu'on regrette de quitter...

Il ne savait as combien de temps cela faisait qu'il avait entamé son petit morceau tranquillement, variant aussi bien les notes qu'il variait les rythme, vraiment, c'était un véritable plaisir à jouer cet instrument... Seulement, quelque chose le dérangea... un bruit, très faible, et en partie couvert par les sons de l'instrument, il était loin d'être sourd le jeune aveugle au contraire, l'ouïe était certainement le plus développé de ses sens... Il arrêta immédiatement son petit jeu, ne bougeant pas, sachant en lui-même que cela était impossible, regardant sans le savoir, une discrétion qui s'apparentait à celle du plafond, le chien, à ses pieds, ne bougeait pas, mais surveillait en silence, pareil à une statue de faïence ou de porcelaine figée...

D'une voix calme, limpide, et pourtant incertaine, mais presque neutre, le jeune homme demanda, fixant toujours le néant, son néant:

" Il y a quelqu'un? "

Si oui, il n'en montrait rien, et avait peur, au fond, de se faire remonter les bretelles correctement! il aurait presque eu envie de s'excuser avant une quelconque réponse, mais une chose chez lui bien connue que l'on nommait, à sa guise, soit discrétion soit soumission, lui ordonnait de se taire... Laissant tomber ses mains sur ses genoux, le jeune désarmé restait immobile, ouvrant grand les oreilles, concentré, pour entendre le moindre son, murmure, ou quelque chose du genre, il était sur le qui vive, comme toujours...

Évidemment, oui, il y avait bien quelqu’un d’autre dans la salle. Un quelqu’un qui était arrivé tandis que les notes s’enchaînaient les une après les autres sur les touches blanches du piano. C’est dans un silence presque total qu’un jeune homme s’était introduit dans la pièce sans chercher à interrompre le petit plaisir que s’offrait l’adolescent.

Mais revenons plus tôt dans la journée. Pourquoi la porte de la classe de musique était-elle restée ouverte, à votre avis? Il n’y avait pas une foule d’explications possibles, c’était soit un oubli, soit simplement qu’on avait délaissé la salle un instant en pensant y revenir plus tard. Quand on savait que le responsable de l’option musique n’était pas vraiment du genre négligeant en général, on penchera plutôt pour la possibilité n°2. Non mais, vous n’imaginez même pas l’état de choc dans lequel pourrait se retrouver notre pauvre Shinji s’il venait un matin et se rendait compte que la porte était déjà déverrouillée sans qu’il ait besoin de tourner la clé! Sans aucun doute aurait-il paniqué comme jamais, puis refait l’inventaire de tout ce qui se trouvait entre les 4 murs de la pièce avec la certitude que quelqu’un l’aurait volé xD. Complètement parano sur certains points, le monsieur. Bref, toute cette explication donnée pour en venir finalement au fait suivant; Il était parti aider une fille qui avait demandé de l’aide avec le matériel audio d’auditorium. Rien ne pressait pour le brun, puis-ce qu’il ne donnait plus de cours pour la journée, aussi prit-il le temps de fumer une cigarette avant de revenir à sa classe, sans chercher à prendre le chemin le plus court. Oui, il avait envie de se balader un peu dans les couloirs vides, passant devant différentes salles où les élèves tournaient parfois la tête pour le regarder passer. Haha, il s’en fichait, de toute façon tout le monde devait être en cours, là. C’était bien d’être prof d’option, parfois, au niveau des horaires. En temps normal, ce type n’aurait jamais prit la peine de « glander », mais ça c’était avant que son petit cerveau ait été à moitié court-circuité par le nouveau statut de sa relation avec Hideaki, depuis que ce dernier était venu un jour chez lui. Ca faisait bien une semaine maintenant qu’il était plus détendu que d’habitude, notre musicien. Disons-le clairement, à la base, Shin est hétéro. Il l’est d’ailleurs toujours selon lui, mais il fait une seule exception, parce que oui, c’est un garçon très compliqué, voyez-vous u_u’… « Je ne suis pas intéressé par les hommes, mais seulement par un parce que… parce que de toute façon il a des réactions de fille! » Moyen comme un autre de nier totalement le fait d’être bisexuel, si vous voulez savoir. Enfin, n’essayez pas de lui faire comprendre ça, sinon il pourrait se vexer.

Ceci étant dit, retrouvons le nippon devant sa classe. Avant même d’y pénétrer, le jeune adulte fut stoppé par une mélodie provenant de derrière la porte. Il y avait quelqu’un. Génial… ça lui apprendrait à ne pas verrouiller derrière lui.
Quoi qu’il en soit, la bonne humeur du brun disparut d’un seul coup pour laisser place à de l’énervement. Il détestait que les gens se donnent des droits qu’ils n’avaient pas, sans demander d’autorisation au préalable. Lorsqu’il s’agissait de son matériel, c’était encore pire, aussi ne manquait-il pas de se montrer particulièrement strict avec les personnes qui abimaient les instruments. S’il vous cherchez un moyen de le rendre complètement fou, cassez-voir une guitare sous ses yeux et il ne vous pardonnera jamais, même une fois que vous l’aurez remboursée, à moins de ne vraiment pas avoir fait exprès, et on l’espère pour vous… x_x

Après un soupir sec, le jeune homme fronça les sourcils et entra dans la pièce déjà ouverte, bras croisés, s’apprêtant à prendre immédiatement la parole pour sermonner le petit malin qui était en train de jouer sans avoir aucune raison valable. Lorsqu’il eut ouvert la bouche cependant, Shin resta muet, car il vit un…un… UN CHIEN AU PIED DE SON PIANO?! Mais c’était le monde à l’envers, ma parole? Ou alors il y avait une caméra cachée dans le coin pour filmer la tête qu’il faisait à se moment là, les yeux grands ouverts et trop hallucinés pour se montrer agressifs. Durant une ou deux secondes, l’enseignant ne sembla pas du tout comprendre ce qui se passait, mais il ne lui fallut pas longtemps pour cerner la situation, car il n’était pas stupide au point de ne pas remarquer le harnais spécial de l’animal. Faisant le lien avec le garçon assit devant les touches blanches, le musicien se calma aussi vite qu’il s’était énervé. C’est bizarre… Un non-voyant, ça se remarquait rapidement dans une école, or il ne semblait pas au nippon avoir déjà vu cet adolescent… ou adolescente, vu de vos, c’était difficile à dire, dans les couloirs. Peut-être quelqu’un qui venait pour une occasion spéciale, ou alors un nouvel élève arrivé en cours d’année? Soit… On passera l’éponge pour cette fois. Il ne pouvait pas vraiment savoir qu’il n’était pas censé se trouver là, même si la classe était restée ouverte. En plus, ce qu’il jouait était très agréable à écouter. Tout de même, c’était impressionnant. Comment faisait cette personne pour trouver ses repères sur le clavier?

Intrigué, Shinji resta totalement muet une ou deux minutes jusqu’à s’éclaircir la gorge assez fort pour se faire entendre. Il savait qu’un aveugle percevrait sa présence, même s’il ne parlait pas fort du tout. C’était le principe des 5 sens. On en perd un, mais on augmente l’efficacité des autres. Je ne saurais vous dire si pour sa part, le brun avait l’impression d’avoir un meilleur toucher ou un goût plus développé que la moyenne, mais en se disant qu’il était assez difficile pour la nourriture et qu’il n’éprouvait pas de difficultés à s’adapter à de nouveaux instruments, c’était peut-être vrai. Lui n’en savait rien, il était né avec une cécité totale à l’œil gauche, donc avait trainé son handicap toute sa vie avec plus ou moins de difficultés, jusqu’à avoir l’autorisation de porter des lentilles pour les yeux afin de cacher ce regard polaire qu’il lançait toujours à son entourage. Avant, le garçon portait constamment une mèche devant son œil infirme, mais il avait petit à petit arrêté de se cacher le visage lorsque qu’il put enfin avoir ses deux iris sombres, normaux.

Bien, apparemment on l’avait remarqué, comme il s’y attendait. Maintenant qu’il était mit à découvert, le jeune homme s’approcha du milieu de la pièce tranquillement, s’arrêtant à quelques mètres du pianiste en posant le regard sur lui. Avant même de prendre la parole, la couleur électrique des yeux de l’adolescent le perturba. Il ne pouvait pas s’en empêcher… de le fixer avec une insistance presque obsessionnelle alors qu’il ne le connaissait pas. Je crois que même le pauvre aveugle devait ressentir l’impression d’être observé, à cet instant précis.

- Normalement, c’est interdit de venir ici sans permission. Il faut l’autorisation du prof…

Mais qu’il est gentil de dire ça tout calmement alors qu’en temps normal il aurait presque sorti le fraudeur en le chopant par le col et en le trainant dehors, si besoin était. Et encore, vous n’avez pas tout vu. On allait partir dans un gros mensonge d’ici quelques fractions de secondes, car sur un coup de tête, l’adulte s’était décidé à ne pas dévoiler son identité. Sa voix n’était pas particulièrement grave, il n’avait que 23 ans, et comme on ne le voyait pas, eh bien autant en profiter.

- Enfin, apparemment il est pas là pour le moment., t’as de la chance, c’est un rageux.

Le brun se plaça à côté du piano et se pencha au dessus, croisant les bras et les posant calmement sur la surface lisse. Lui-même ne savait pas pourquoi il se comportait aussi agréablement, pour le moment. La raison lui sauterait aux yeux plus tard, certainement. [ c’est le cas de le dire XD!]

- …J’espère que je ne t’ai pas fais peur, mhh? Je m’appelle Shin.

Like a Requiem

Ikou était peut-être aveugle, mais on avait rarement vu un jeune homme aussi délicat. Il faisait on ne peut plus attention aux choses qui l'entouraient, et n'avait jamais le moindre geste brusque, enfin pour ce qui était des gestes, il fallait bien avouer que lorsqu'il était debout, le jeune homme était un peut limité, entre son chien et sa canne, il ne pouvait pas faire grand chose. en tout cas, aucun risque que venant de sa part, un quelconque objet soit cassé, du moins pas savamment, car bien sûr il lui arrivait de faire tomber des choses, plus particulièrement lorsqu'il était à table, les petites choses comme des verres ou autres, il n'y pouvait pas grand chose s'ils traînaient trop près de lui... enfin, tout ça pour dire que ce ne serait certainement pas lui qui allait coller un grand coup de pied pour casser quelque chose,e t encore moins un instrument de musique! Réfléchissez un peu, il n'allait pas détruire la seule source de divertissement qu'il pouvait encore avoir comme tout le monde, peut-être même qu'il appréciait bien plus les sons que beaucoup. Mais il fallait se dire que pour lui, son plus grand passe temps qui fut la lecture lui était encore presque une épreuve lorsqu'il ouvrait des pages, car oui peut-être connaissait-il son braille sur le bout des doigts (oh le jeu de mot!), mais l'idée qu'il devrait faire ça jusqu'à la fin de ses jours lui donnait encore la nausée... Et puis, ce n'était pas tout les livres qui étaient traduits en braille! Alors imaginez la catastrophe pour juste quelques heures de lecture... La télévision, si elle ne possédait pas une retranscription pour non voyants, on n'en parle même pas, ainsi, jamais il ne toucherait à un jeu vidéo, ou ne se planterait devant pour une soirée télé. Question ordinateur, même topo, voire pire, et même si lui en possédait un qui se trouvait dans son sac, ce dernier avait été trafiqué d'une manière savante pour qu'il se repère sur le clavier, et que la machine puisse lui ressortir des choses orales, pas mal pour les leçons et les cours, mais sans plus... Non vraiment, pour ce genre de choses il ne lui restait que la musique alors, pourquoi s'amuser à abîmer un instrument? De toute manière, le jeune homme était trop soigneux pour oser cela, surtout que ces choses, ici, ne lui appartenaient pas...

Pour son repérage, un clavier de piano, n'est jamais bien différent d'un autre, et cet instrument il le connaissait depuis ses huit ans, même s'il n'était pas toujours scotché après... Il lui suffisait de produire un premier son, pour savoir où il était sur le clavier de l'instrument, et oui, une oreille entraînée qu'il avait le petit, il faut bien s'occuper lorsqu'on ne peut rien faire d'autre... Bien sûr il lui arrivait de temps à autre d'avoir quelques maladresses en se trompant d'une touche, mais on ne lui en voudra pas, après tout, il n'était même pas en section musique, mais en athlétisme, et puis, pour avoir appris seul, c'était déjà pas mal... Enfin, il se débrouillait même très bien, aimant bien inventer au fur et à mesure, une mélodie qui le plus souvent n'était que matérialisation de son état d'esprit, il sortait sur les claviers de piano, ce qu'il intériorisait face aux gens, aux inconnus qui font des remarques désagréables, et tout le parpaing de choses dont il ne parlait pas, les sujet qu'il ne voulait pas aborder, tout ça... Et de manière générale, ce qu'il jouait n'était donc guère joyeux au contraire, mais cela faisait du bien de ressortir un peu tout le bazar qui se tramait dans sa petite tête.

Oui, il y avait bien quelqu'un dans la pièce, il n'avait pas rêvé, et n'était pas fou, et puis celui ou celle, sans l'entendre parler ce n'était pas évident pour le jeune androgyne de se repérer, avait apparemment voulu se faire remarquer, il avait gagné... Une question trottina un instant dans la tête du jeune homme qui ne bougeait plus d'un millimètre, assis sur son siège en silence: depuis combien de temps cet intrus (enfin...) était là? Pas que Ikou aimait se cacher aux autres, mais il avait, surtout dans le cas présent, peur de se faire réprimander.... Enfin bref...

Tandis que le chien suivait l'inconnu des yeux sans bouger, surveillant calmement sion petit maître, le jeune homme lui, n'avait toujours pas perdu cette tendance à essayer de regarder autour de lui, chose qui était demeurait succès depuis presque cinq ans maintenant... Et pour lui, les chances de pouvoir un jour s'orienter de nouveau étaient aussi minces qu'une feuille de cigarette, oui peut-être que suite à un opération, il pourrait revoir quelques ombres et lumières, mais ce n'était même pas certains, puisque ces nerfs optiques étaient totalement calcinés, les récupérer tiendrait du miracle... Pour le moment, il sentait en effet, cette sorte d'atmosphère pesante, signe qu'on le regardait fixement... Et cela avait le don de le gêner au plus haut point, surtout lorsqu'il ne savait pas à qui il avait affaire... C'était une vraie petite bête sauvage,le Ikou, face à l'inconnu en général... Il prenait peur pour pas grand chose, et paniquait très facilement, il devenait fébrile et ne savait plus ou se mettre, surtout dans des moments comme celui ci où il était certain de ne pas avoir le droit de toucher à certaines choses.... Mais cette fois, ce droit, il se l'était accorder, et pourtant ce n'était absolument pas dans ses habitudes, au contraire, lui attendait toujours une permission, un accord préalable, mais là, il aurait même été incapable de dire pourquoi il avait agi ainsi...

Enfin la voix de l'inconnu le fit sortir de ses pensées, le jeune homme manqua un sursaut en l'entendant si proche, c'est qu'il ne l'avait pas entendu se poster là, et il avait été surpris... Il ne fallait pas lui faire des frayeurs voyons, c'était un bon petit gars le petit aveugle, le genre de personnes trop gentilles, et desquelles on abuse sans la moindre difficulté... Ces craintes confirmées, il savait maintenant qu'il n'avait nullement le droit d'être ici, et heureusement que le jeune home en face de lui continua sa phrase, car sinon, Ikou aurait facilement pris ses clics et ses clacs, pour sortir, après s'être excusé bassement pour son manque de respect, surtout qu'il aurait été incapable de savoir s'il se trouvait en face d'un élève, assez grand certes, d'après sa voix, mais la voix ne fait pas tout, ou bien en face dudit professeur...

Cependant la réponse lui vint vite, même s'il était totalement inconscient du fait qu'on était en train de le berner au plus haut point! Lui il était obligé de se référer à ce qu'on lui disait, point final, et même s'il n'arrivait plus à faire confiance, il y avait des choses sur lesquelles il ne pouvait pas faire autrement, et voici une bien jolie preuve qu'il ne devrait pas... On allait lui faire avaler un bien beau mensonge sans même qu'il soit en capacité de le remarquer... C'était souvent comme ça, mais bon, lui ne se doutait de rien, il était toujours quelque peu naïf, derrière ses airs innocents et son regard vide et désordonné... Cependant, le jeune homme souffla tout de même, d'une voix douce et basse... C'est qu'il ne parlait jamais fort, cela en insupportait beaucoup, mais pour lui, si on ne lui disait rien, il pensait qu'on l'entendait très bien.. Après tout, dans sa tête c'était un peu comme si les sons étaient amplifiés, alors, la logique veut que lui se plie sans le savoir , à ce qu'il entend!

" Désolé, je ne savais pas... "

Discret au possible, aussi soumis qu'un enfant de cinq ans que l'on serait en train de gronder, il n'y avait dans sa voix, aucune lueur de mensonge, et pas la moindre tentative de rébellion... Non vraiment, sa voix était en adéquation avec son physique, douce et claire, à l'apparence limite fragile... Serrant ses fines mains l'une contre l'autre, sur ses genoux, il avait presque l'attitude d'une demoiselle gênée, il n'y pouvait pas grand chose, il était comme ça, mais cela lui valait bien des moqueries, silencieuses comme balancées à haute voix... Et puis, c'était vrai ça, qu'on aurait du mal à l'imaginer en athlétisme, et pourtant Dieu savait qu'il était doué... avec la vue en plus, on aurait facilement pu le comparer à une puce électrique une fois lâché sur un terrain, même s'il restait très zen, ça c'était à cause du fait qu'il devait toujours faire attention à tout, pour éviter un maximum les chutes, qu'il prenait souvent...

Pas de sourire, rien, mais un air calme et discret. Après tout cela faisait près de quatre ans qu'il n'avait plus osé lâcher le moindre sourire à quiconque, à part peut-être à son ami à quatre pattes, le seul en qui il avait confiance, alors il ne fallait guère s'étonner! Et pourtant, il était loin d'avoir le visage d'une vieille mégère aux traits tiré vers le bas, non, lui il avait juste l'air très calme, et ses sourires, lorsqu'il y en avait besoin et même si physiquement, il ne les donnait pas, on pouvait les ressentir dans sa voix... enfin pour le moment, il n'en était pas question, même face à ce dit Shin, qui était en train de le berner profondément, sans même que Ikou ne tende à s'en soucier!

" Je m'appelle Madayade Ikou... Enchanté... "

Habituellement il aurait présenté son animal aussi, mais pour le moment, il restait dans sa méfiance effrayée... il eut une petite inclinaison de la tête en signe de politesse. Et continua, pour répondre au jeune homme qui lui faisait face, et qu'il tentait de regarder, même si ses iris flous étaient posés à côté de leur cible, c'était une chose qu'il ne pouvait régler lui-même, lui il entendait certes, mais était incapable de donner un emplacement certain aux choses...

" Non, vous m'avez juste surpris... Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un... Entre pendant que j'étais là... "

Non, vous ne rêvez pas,il vouvoyait le pseudo-élève... Il était poli, certainement trop, et avait tendance à garder une distance aux allures d'énorme fossé envers les autres, les personnes qu'il connaissait peu voire pas du tout. Et cette distance s'exprimait par un vouvoiement systématique des gens... De plus, cette personne en face de lui, même s'il aurait été incapable de lui donner un âge, lui semblait quand même plus vieille que lui, allez savoir pourquoi, la voix certainement...
Se penchant pour ramasser sa canne et attraper délicatement le harnais du chien qui sembla se réveiller soudainement, le jeune homme souffla doucement et d'un air peu rassuré:

" Il faudrait peut-être sortir... si nous n'avons pas le droit d'être là... "

Mon petit Ikou, si seulement tu savait que tu était en train de parler docilement à ce dit "rageux" dont on avait annoté l'absence, et toi tu était tombé dans le piège comme ça sans avoir besoin de la moindre ruse... Enfin, lui était déjà presque levé près à sortir, en disant ses quelques mots, oh oui vraiment,il avait peur de l'autorité ce petit...